C’est un pavé sur lequel on a envie de se jeter, un ouvrage de poids au sens propre et figuré: plus de 2 kg, 900 pages et 6 cm d’épaisseur (l’ensemble étant fort maniable: 17,5 × 24,5 cm). C’est aussi un beau livre au beau sujet – ou belles sujettes – les actrices françaises. Elles sont 30, toutes sublimes et envoûtantes: Anouk Aimée, Françoise Arnoul, Dany Carrel, Nathalie Delon, Marie Dubois, Françoise Fabian, Brigitte Fossey, Annie Girardot, Marlène Jobert, Bernadette Lafont, Marie-José Nat, Bulle Ogier, Pascale Petit, Marie-France Pisier, Dominique Sanda, Dany Saval, Delphine Seyrig, Marina Vlady… Jean-Michel Parker, écrivain cinéphile, consacre à chacune d’elles 20 à 30 pages biographiques et analytiques avec une filmographie finale et, pour certaines, avec un entretien en bonus. Pour cette pléiade de stars, l’auteur s’est adjoint deux complices prestigieux: Dominique Besnehard, le préfacier, producteur et acteur de cinéma et de télévision, directeur de casting et agent artistique, cofondateur du Festival du film francophone d’Angoulême, et Sam Lévin, photographe de plateau et de vedettes de cinéma, qui illustre d’une centaine de photos le tout.
Des étoiles à profusion…
L’intitulé, Nos actrices françaises, dévoile une constellation d’étoiles du cinéma menant au septième ciel cinématographique, mais le sous-intitulé: volume I, suggère de nouvelles stars féminines à venir (à moins qu’elles ne soient masculines) dans cette véritable encyclopédie du cinéma. Le possessif «nos» suggère une passion cinéphile. Comment lire cet imposant livre? Une étoile par nuit comme dans les Mille et une nuits? …dans l’ordre paginal? …par décennie cinématographique? …au gré de ses envies? Toutes ces femmes éblouissantes sont des icônes qui marquent chacune, par le corps, l’esprit, le regard, le sourire, la voix, l’Histoire du cinéma. Ces divas dans nos cœurs et mémoires font fatalement perdre la tête. Certaines sont d’origine étrangère: Jane Birkin (anglaise), Anna Karina (danoise), Romy Schneider (allemande). D’autres sont liées à un réalisateur: Stéphane Audran, actrice fétiche et épouse de Claude Chabrol; Mireille Darc, muse blonde et sensuelle de Georges Lautner; Catherine Deneuve, égérie de Jacques Demy, François Truffaut et André Téchiné; Jeanne Moreau, divine Célestine de Luis Buñuel. D’autres encore sont indissociables d’une saga: Michèle Mercier, Angélique érotique et rebelle; Mylène Demongeot, journaliste enjouée de Fantômas. On pourrait multiplier les rapides points communs…
Brigitte Bardot, Françoise Dorléac, Simone Signoret…
Pour ma part, trois actrices sont incontournables. Brigitte Bardot, avec le mythique Et Dieu créa la femme (1956) de Roger Vadim, crée la Française à la sexualité libre, fait le tour du monde et, comble de l’ironie, bat au box-office américain Les Dix Commandements de Cecil B. DeMille. Propulsée sex-symbol mondial, BB explose dans La Vérité (1960) de Henri-Georges Clouzot, Le Mépris (1963) de Jean-Luc Godard, Viva Maria! (1965) de Louis Malle. Elle s’essaie à la chanson avec Serge Gainsbourg mais, dans les années soixante-dix, son étoile palissant, délaisse le cinéma pour se vouer aux animaux et se retirer dans sa villa tropézienne La Madrague.
Françoise Dorléac, éternel feu follet, impose sa fantaisie, sa grâce et son insouciance dans L’Homme de Rio (1963) de Philippe de Broca, son sérieux dans La Peau douce (1963) de Truffaut, sa folie furieuse dans Cul-de-sac (1965) de Roman Polanski. Elle séduit de plus belle avec sa sœur Catherine Deneuve dans Les Demoiselles de Rochefort (1966) de Demy et incarne une belle espionne dans Un cerveau d’un milliard de dollars (1967) de Ken Russell. Elle disparaît trop vite dans un accident de voiture.
Simone Signoret, silhouette anonyme avec Alain Resnais et Jean-Pierre Mocky dans Les Visiteurs du soir (1942) de Marcel Carné, devient star des années cinquante avec Casque d’or de Jacques Becker, Thérèse Raquin de Carné, Les Diaboliques de Clouzot, La Mort en ce jardin de Buñuel, Les Sorcières de Salem de Raymond Rouleau. Elle obtient en 1960 un Oscar avec Les Chemins de la haute ville de Jack Clayton, coiffant au poteau Doris Day, Audrey Hepburn, Katharine Hepburn et Elisabeth Taylor. Les années soixante-dix sont politiques avec L’Aveu de Costa Gavras, L’armée des ombres de Jean-Pierre Melville, Le Chat et La veuve Couderc de Pierre Granier-Deferre. La Vie devant soi de Moshé Mizrahi lui vaut un césar et un oscar. Dans les années quatre-vingt, elle boit et fume, perd la vue, et L’Êtoile du Nord de Granier-Deferre symbolise la fin d’une star. Des notes finales ferment le tout.
Il est difficile de résumer cet ouvrage monumental, instructif et riche en citations et en anecdotes, qui vivifie avec bons heurts un pan de notre cinéma national. À lire et à dévorer sans restriction.
Albert Montagne
Nos actrices françaises volume I de Jean-Michel Parker, préface de Dominique Besnehard. Photographies de Sam Lévin, Herscher, 2022, 912 p.
Cet article a été originalement publié sur le blog Mare Nostrum.
Des étoiles à profusion…
L’intitulé, Nos actrices françaises, dévoile une constellation d’étoiles du cinéma menant au septième ciel cinématographique, mais le sous-intitulé: volume I, suggère de nouvelles stars féminines à venir (à moins qu’elles ne soient masculines) dans cette véritable encyclopédie du cinéma. Le possessif «nos» suggère une passion cinéphile. Comment lire cet imposant livre? Une étoile par nuit comme dans les Mille et une nuits? …dans l’ordre paginal? …par décennie cinématographique? …au gré de ses envies? Toutes ces femmes éblouissantes sont des icônes qui marquent chacune, par le corps, l’esprit, le regard, le sourire, la voix, l’Histoire du cinéma. Ces divas dans nos cœurs et mémoires font fatalement perdre la tête. Certaines sont d’origine étrangère: Jane Birkin (anglaise), Anna Karina (danoise), Romy Schneider (allemande). D’autres sont liées à un réalisateur: Stéphane Audran, actrice fétiche et épouse de Claude Chabrol; Mireille Darc, muse blonde et sensuelle de Georges Lautner; Catherine Deneuve, égérie de Jacques Demy, François Truffaut et André Téchiné; Jeanne Moreau, divine Célestine de Luis Buñuel. D’autres encore sont indissociables d’une saga: Michèle Mercier, Angélique érotique et rebelle; Mylène Demongeot, journaliste enjouée de Fantômas. On pourrait multiplier les rapides points communs…
Brigitte Bardot, Françoise Dorléac, Simone Signoret…
Pour ma part, trois actrices sont incontournables. Brigitte Bardot, avec le mythique Et Dieu créa la femme (1956) de Roger Vadim, crée la Française à la sexualité libre, fait le tour du monde et, comble de l’ironie, bat au box-office américain Les Dix Commandements de Cecil B. DeMille. Propulsée sex-symbol mondial, BB explose dans La Vérité (1960) de Henri-Georges Clouzot, Le Mépris (1963) de Jean-Luc Godard, Viva Maria! (1965) de Louis Malle. Elle s’essaie à la chanson avec Serge Gainsbourg mais, dans les années soixante-dix, son étoile palissant, délaisse le cinéma pour se vouer aux animaux et se retirer dans sa villa tropézienne La Madrague.
Françoise Dorléac, éternel feu follet, impose sa fantaisie, sa grâce et son insouciance dans L’Homme de Rio (1963) de Philippe de Broca, son sérieux dans La Peau douce (1963) de Truffaut, sa folie furieuse dans Cul-de-sac (1965) de Roman Polanski. Elle séduit de plus belle avec sa sœur Catherine Deneuve dans Les Demoiselles de Rochefort (1966) de Demy et incarne une belle espionne dans Un cerveau d’un milliard de dollars (1967) de Ken Russell. Elle disparaît trop vite dans un accident de voiture.
Simone Signoret, silhouette anonyme avec Alain Resnais et Jean-Pierre Mocky dans Les Visiteurs du soir (1942) de Marcel Carné, devient star des années cinquante avec Casque d’or de Jacques Becker, Thérèse Raquin de Carné, Les Diaboliques de Clouzot, La Mort en ce jardin de Buñuel, Les Sorcières de Salem de Raymond Rouleau. Elle obtient en 1960 un Oscar avec Les Chemins de la haute ville de Jack Clayton, coiffant au poteau Doris Day, Audrey Hepburn, Katharine Hepburn et Elisabeth Taylor. Les années soixante-dix sont politiques avec L’Aveu de Costa Gavras, L’armée des ombres de Jean-Pierre Melville, Le Chat et La veuve Couderc de Pierre Granier-Deferre. La Vie devant soi de Moshé Mizrahi lui vaut un césar et un oscar. Dans les années quatre-vingt, elle boit et fume, perd la vue, et L’Êtoile du Nord de Granier-Deferre symbolise la fin d’une star. Des notes finales ferment le tout.
Il est difficile de résumer cet ouvrage monumental, instructif et riche en citations et en anecdotes, qui vivifie avec bons heurts un pan de notre cinéma national. À lire et à dévorer sans restriction.
Albert Montagne
Nos actrices françaises volume I de Jean-Michel Parker, préface de Dominique Besnehard. Photographies de Sam Lévin, Herscher, 2022, 912 p.
Cet article a été originalement publié sur le blog Mare Nostrum.
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