Le 31 janvier 2023 marquera le troisième anniversaire de la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne. Ayant été séduits par les promesses idéalistes du Premier ministre de l’époque Boris Johnson, les Britanniques sont aujourd’hui témoins d’une tout autre réalité : l’ombre d’un Brexit n’ayant pas pu tenir ses promesses plane toujours plus, surtout dans un contexte de crise économique sans précédent.
Selon le journal Le Monde, 60% des Britanniques affirment désormais que la sortie de l’UE était une erreur. En effet, depuis l’été 2021, un sentiment anti-Brexit se généralise progressivement dans l’opinion publique et ne fait que ternir la réputation des conservateurs qui voient leur électorat chuter en flèche.
Au terme de trois années chaotiques ayant suivi la sortie officielle du Royaume-Uni de l’UE, un sentiment d’échec généralisé se fait ressentir dans l’opinion publique.
Les critiques à l’égard des Brexiters se font nombreuses et agressives dans la presse britannique.
C’est le cas par exemple de l’article publié le dimanche 22 janvier 2023 par le commentateur politique en chef du journal The Observer, Andrew Rawnsley, qui s’est demandé « trois ans après avoir quitté l’UE, où est le nouvel âge d’or qu’on nous a promis ? ». Celui-ci estime que « cet anniversaire sera l'occasion pour les Remainers de se lamenter sur une tragédie annoncée et pour les Brexiters d’avouer qu'ils avaient tort ».
Un camion affichant une publicité anti-Brexit devant le Parlement britannique à Londres (AFP)
En tout état de cause, cet anniversaire survient dans un contexte de crise économique et financière sans précédent au Royaume-Uni.
Le pays est la proie d’une bulle inflationniste qui ne cesse d’augmenter, ayant atteint la barre des 11% par rapport à 2022, son plus haut niveau depuis 1981.
Cependant, difficile de faire véritablement le tri entre Brexit, choc énergétique, chaos politique etc
Mais les faits sont là : l’économie décroche plus qu’ailleurs.
Selon le Center for European Reform, « ce n’est pas le Brexit qui provoque la récession actuelle, essentiellement due à la guerre en Ukraine et à l’inflation, mais il réduit considérablement la vitesse de croisière de l’économie ».
D’ailleurs, selon leurs calculs, entre 2016 et 2022, la Grande-Bretagne connaît 5,5% de croissance de moins qu’une quarantaine de pays comparables.
Aujourd’hui, il n’est en aucun cas question d’un retour en arrière : personne ne présente cela comme alternative sérieuse et crédible.
D’une part, politiquement, le Premier ministre Rishi Sunak et le chef de l’opposition Keir Starmer ont prononcé, à l’occasion de la rentrée 2023, des discours qui confirment l’impossibilité d’un retour à l’UE.
Le chef du Parti travailliste se contente ainsi de prôner une vague amélioration des termes de l’accord commercial post-Brexit conclu en 2020 entre Boris Johnson et Bruxelles.
D’autre part, ni le patronat ni les syndicats ne réclament une ré-adhésion à l’UE : pour eux, deux ans après la sortie du marché commun européen, le mal est déjà fait.
Leur seule revendication est de « savoir entrer enfin dans l’âge de raison du Brexit », affirme Éric Albert, correspondant du journal Le Monde à Londres.
Nigel Farrage, chef de l’extrême droite britannique et héraut du Brexit lors de la campagne pro-Brexit en 2016 (AFP)
Témoins des dégâts causés par la sortie du marché commun, certains « membres importants du gouvernement (britannique) » ont confié sous couvert de l’anonymat au journal The Sunday Times qu’ils pencheraient vers « un accord à la Suisse » avec Bruxelles.
Cet arrangement faciliterait l’accès au marché européen en échange d’un alignement réglementaire sur l’UE. Théorie a priori improbable : Bruxelles, qui tente depuis des années de réformer l’accord signé avec Berne, n’en voudrait pas.
L’autorité de Londres se trouve ainsi au pied du mur, devant subir les conséquences de sa sortie précipitée de l’UE.
Réputé pour son pragmatisme, Rishi Sunak sait qu’il est en position de faiblesse dans un parti déchiré par les divisions. Le Premier ministre est toujours pris en otage, sur son flanc droit, par les idéologues du Brexit, qui ont fait tomber la modérée Theresa May en 2019 et qui ont réussi à porter l’ultralibérale Liz Truss au pouvoir en septembre 2022.
« Le Parti conservateur est coincé », selon Gavin Barwell, ancien chef de cabinet de Theresa May. Celui-ci considère que « renégocier l’accord de Boris Johnson grâce auquel il a remporté une victoire historique aux élections générales de 2019 reviendrait à trahir sa base électorale de Brexiters ».
Et de poursuivre : « Si les tories souhaitent se repositionner au centre et défendre une vision adoucie du Brexit, ils ne pourront le faire que dans l’opposition. La seule avancée possible d’ici les élections générales de 2024 est d’aboutir enfin à un accord sur le protocole nord-irlandais ».
La situation en Irlande du Nord s’inscrit dans une liste interminable de séquelles qu’a pu garder le retrait de l’UE.
Boris Johnson, cerveau du Brexit, a grandement échoué dans la gestion de ce dossier hautement sensible. Sa politique a divisé politiquement et territorialement la population britannique, malgré qu’il ait tenté, tant bien que mal, de remédier à cette crise.
Le retour en arrière de l'accord sur le Brexit n'est pas considéré comme une solution crédible (AFP)
M. Johnson, ayant à maintes reprises promis durant sa campagne électorale que les cargaisons échangées entre l’Irlande du Nord et le reste du Royaume-Uni ne feraient pas l’objet de contrôles douaniers, accepte la proposition de l’UE qui stipule tout à fait cela.
Depuis, l’Irlande du Nord fait face à des pénuries de produits de première nécessité alors que les livraisons provenant d’Angleterre sont considérablement retardées.
Les contestations se font alors de plus en plus nombreuses, la population criant au scandale et critiquant l’inaction des gouvernements conservateurs successifs.
Rishi Sunak doit alors prouver qu’il est capable de remédier à cette situation intenable afin de tenter au mieux de rétablir sa crédibilité.
Enfin, la montée des velléités indépendantistes en Écosse se fait de plus en plus importante et inquiétante pour Londres.
La Première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, a la vision d’une Écosse indépendante qui rejoindrait l’Union Européenne qu’elle a quittée avec regret en 2020. En effet, durant le référendum de 2016, les Écossais ont voté à 62% contre le Brexit. Aujourd’hui, le SNP (Parti national écossais) réclame la tenue d’un référendum leur permettant de se séparer du Royaume-Uni. Cependant, ce dessein est loin d’être à portée de main.
Selon le journal Le Monde, 60% des Britanniques affirment désormais que la sortie de l’UE était une erreur. En effet, depuis l’été 2021, un sentiment anti-Brexit se généralise progressivement dans l’opinion publique et ne fait que ternir la réputation des conservateurs qui voient leur électorat chuter en flèche.
Au terme de trois années chaotiques ayant suivi la sortie officielle du Royaume-Uni de l’UE, un sentiment d’échec généralisé se fait ressentir dans l’opinion publique.
Les critiques à l’égard des Brexiters se font nombreuses et agressives dans la presse britannique.
C’est le cas par exemple de l’article publié le dimanche 22 janvier 2023 par le commentateur politique en chef du journal The Observer, Andrew Rawnsley, qui s’est demandé « trois ans après avoir quitté l’UE, où est le nouvel âge d’or qu’on nous a promis ? ». Celui-ci estime que « cet anniversaire sera l'occasion pour les Remainers de se lamenter sur une tragédie annoncée et pour les Brexiters d’avouer qu'ils avaient tort ».
Un camion affichant une publicité anti-Brexit devant le Parlement britannique à Londres (AFP)
En tout état de cause, cet anniversaire survient dans un contexte de crise économique et financière sans précédent au Royaume-Uni.
Le pays est la proie d’une bulle inflationniste qui ne cesse d’augmenter, ayant atteint la barre des 11% par rapport à 2022, son plus haut niveau depuis 1981.
Cependant, difficile de faire véritablement le tri entre Brexit, choc énergétique, chaos politique etc
Mais les faits sont là : l’économie décroche plus qu’ailleurs.
Selon le Center for European Reform, « ce n’est pas le Brexit qui provoque la récession actuelle, essentiellement due à la guerre en Ukraine et à l’inflation, mais il réduit considérablement la vitesse de croisière de l’économie ».
D’ailleurs, selon leurs calculs, entre 2016 et 2022, la Grande-Bretagne connaît 5,5% de croissance de moins qu’une quarantaine de pays comparables.
Aujourd’hui, il n’est en aucun cas question d’un retour en arrière : personne ne présente cela comme alternative sérieuse et crédible.
D’une part, politiquement, le Premier ministre Rishi Sunak et le chef de l’opposition Keir Starmer ont prononcé, à l’occasion de la rentrée 2023, des discours qui confirment l’impossibilité d’un retour à l’UE.
Le chef du Parti travailliste se contente ainsi de prôner une vague amélioration des termes de l’accord commercial post-Brexit conclu en 2020 entre Boris Johnson et Bruxelles.
D’autre part, ni le patronat ni les syndicats ne réclament une ré-adhésion à l’UE : pour eux, deux ans après la sortie du marché commun européen, le mal est déjà fait.
Leur seule revendication est de « savoir entrer enfin dans l’âge de raison du Brexit », affirme Éric Albert, correspondant du journal Le Monde à Londres.
Nigel Farrage, chef de l’extrême droite britannique et héraut du Brexit lors de la campagne pro-Brexit en 2016 (AFP)
Témoins des dégâts causés par la sortie du marché commun, certains « membres importants du gouvernement (britannique) » ont confié sous couvert de l’anonymat au journal The Sunday Times qu’ils pencheraient vers « un accord à la Suisse » avec Bruxelles.
Cet arrangement faciliterait l’accès au marché européen en échange d’un alignement réglementaire sur l’UE. Théorie a priori improbable : Bruxelles, qui tente depuis des années de réformer l’accord signé avec Berne, n’en voudrait pas.
L’autorité de Londres se trouve ainsi au pied du mur, devant subir les conséquences de sa sortie précipitée de l’UE.
Réputé pour son pragmatisme, Rishi Sunak sait qu’il est en position de faiblesse dans un parti déchiré par les divisions. Le Premier ministre est toujours pris en otage, sur son flanc droit, par les idéologues du Brexit, qui ont fait tomber la modérée Theresa May en 2019 et qui ont réussi à porter l’ultralibérale Liz Truss au pouvoir en septembre 2022.
« Le Parti conservateur est coincé », selon Gavin Barwell, ancien chef de cabinet de Theresa May. Celui-ci considère que « renégocier l’accord de Boris Johnson grâce auquel il a remporté une victoire historique aux élections générales de 2019 reviendrait à trahir sa base électorale de Brexiters ».
Et de poursuivre : « Si les tories souhaitent se repositionner au centre et défendre une vision adoucie du Brexit, ils ne pourront le faire que dans l’opposition. La seule avancée possible d’ici les élections générales de 2024 est d’aboutir enfin à un accord sur le protocole nord-irlandais ».
La situation en Irlande du Nord s’inscrit dans une liste interminable de séquelles qu’a pu garder le retrait de l’UE.
Boris Johnson, cerveau du Brexit, a grandement échoué dans la gestion de ce dossier hautement sensible. Sa politique a divisé politiquement et territorialement la population britannique, malgré qu’il ait tenté, tant bien que mal, de remédier à cette crise.
Le retour en arrière de l'accord sur le Brexit n'est pas considéré comme une solution crédible (AFP)
M. Johnson, ayant à maintes reprises promis durant sa campagne électorale que les cargaisons échangées entre l’Irlande du Nord et le reste du Royaume-Uni ne feraient pas l’objet de contrôles douaniers, accepte la proposition de l’UE qui stipule tout à fait cela.
Depuis, l’Irlande du Nord fait face à des pénuries de produits de première nécessité alors que les livraisons provenant d’Angleterre sont considérablement retardées.
Les contestations se font alors de plus en plus nombreuses, la population criant au scandale et critiquant l’inaction des gouvernements conservateurs successifs.
Rishi Sunak doit alors prouver qu’il est capable de remédier à cette situation intenable afin de tenter au mieux de rétablir sa crédibilité.
Enfin, la montée des velléités indépendantistes en Écosse se fait de plus en plus importante et inquiétante pour Londres.
La Première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, a la vision d’une Écosse indépendante qui rejoindrait l’Union Européenne qu’elle a quittée avec regret en 2020. En effet, durant le référendum de 2016, les Écossais ont voté à 62% contre le Brexit. Aujourd’hui, le SNP (Parti national écossais) réclame la tenue d’un référendum leur permettant de se séparer du Royaume-Uni. Cependant, ce dessein est loin d’être à portée de main.
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