La comparaison était bien tentante, et l'occasion s'y prêtait à merveille. Vladimir Poutine a profité jeudi des commémorations de la bataille de Stalingrad pour brandir de nouveau sa justification de son invasion de l'Ukraine. Le président russe a ainsi comparé les livraisons d'armes à Kiev, dont les chars allemands Leopard, à l'agression nazie. Son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est allé plus loin en accusant les Occidentaux de vouloir "régler la question russe", à l'instar des nazis qui ont appliqué la "solution finale de la question juive".

Vladimir Poutine a juré jeudi avoir de quoi "répondre" aux Occidentaux livrant des armes à l'Ukraine, une menace qui intervient en pleines conjectures sur une nouvelle escalade militaire russe.

S'exprimant pendant les cérémonies pour le 80e anniversaire de la victoire soviétique à Stalingrad, le président russe a établi un nouveau parallèle entre l'offensive de la Russie contre son voisin et la Seconde Guerre mondiale.

Pour M. Poutine, le conflit en Ukraine s'inscrit dans l'héritage du triomphe de l'URSS face à Hitler. Il a accusé les responsables ukrainiens d'être des "néonazis" orchestrant le "génocide" des populations russophones.


"Pas que des blindés!"

Jeudi, il a estimé que l'histoire se répétait avec la fourniture de chars allemands à l'Ukraine pour combattre la Russie. "C'est incroyable, mais des chars allemands Leopard nous menacent de nouveau", a martelé M. Poutine, qui s'exprimait de Volgograd (ex-Stalingrad), avant d'ajouter : "nous avons de quoi répondre et ça ne se limitera pas à des blindés".

Dans la foulée, son porte-parole, Dmitri Peskov a précisé que la Russie userait de tout son potentiel pour répliquer aux livraisons d'armes occidentales. L'automne dernier, M. Poutine avait tenu des propos similaires, interprétés comme une allusion à l'arme nucléaire.

"Quand apparaîtront de nouvelles armes fournies par l'"Occident collectif", la Russie utilisera pleinement son potentiel existant pour répondre", a dit M. Peskov.

De son côté, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a brocardé la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, l'accusant de vouloir anéantir son pays et la comparant aux nazis. Selon lui, la responsable européenne veut une défaite de la Russie "telle qu'elle ne se relève pas pendant des décennies".

"N'est-ce pas du racisme, du nazisme et une tentative de régler la question russe ?", a-t-il interrogé, comparant la situation à "la solution finale de la question juive", autrement dit l'Holocauste organisé par les nazis.


A Kiev, Ursula von der Leyen a promis une fois encore un soutien sans faille de l'Europe à l'Ukraine et dit travailler à des sanctions supplémentaires contre la Russie pour le 24 février.

Vendredi, responsables européens et ukrainiens doivent, à l'occasion d'un sommet à Kiev, aussi discuter du processus d'adhésion de l'Ukraine à l'UE, une procédure ardue que Kiev veut accélérer.


Offensive au printemps?

Après de longues tergiversations de crainte de provoquer une aggravation du conflit, les Occidentaux ont finalement accepté d'envoyer des chars modernes à l'Ukraine, des Leopard de conception allemande, des Abrams américains et des Challenger britanniques.

Mais Kiev n'a pas obtenu pour l'instant les missiles de haute précision d'une portée de plus de 100 km dont l'armée dit avoir besoin pour frapper les lignes logistiques russes.

De nombreux observateurs jugent que Kiev comme Moscou planifient de nouvelles offensives pour la fin de l'hiver et le printemps.

Après une série d'humiliants revers à l'automne, le Kremlin a mobilisé des centaines de milliers de réservistes et a multiplié ses attaques terrestres, en particulier dans l'est.

Jeudi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a emboîté le pas à son ministre de la Défense Oleksiï Reznikov, déclarant que la Russie préparait une nouvelle attaque d'envergure, à l'approche du 24 février, la date du premier anniversaire du déclenchement de l'assaut russe.

Son ministre de la Défense avait relevé mercredi que Moscou se préparait "très sérieusement" pour "tenter quelque chose aux alentours du 24 février".

Georges F. Haddad, avec AFP
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