Ovationné à Bruxelles, Zelensky réclame des avions de combat
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli en héros lors de son arrivée à Bruxelles jeudi, où il a réclamé des engagements concrets en réponse à ses demandes d'avions de combat.

Après ses visites à Londres et à Paris, où il a eu des entretiens avec les dirigeants français, britannique et allemand, le président ukrainien Volodymyr Zelensky est arrivé jeudi à Bruxelles. Il a été ovationné par les députés européens, avant de plaider pour un soutien militaire renforcé face aux avancées de l'armée russe. 

Mais les Européens ont pour l'instant refusé de s'engager sur les aéronefs demandés par l'Ukraine et aucune annonce concrète n'était sortie du sommet de Bruxelles à la mi-journée.

Le chef de l'Etat ukrainien a évoqué "des signaux positifs", laissant entendre qu'il espérait aboutir avec certains pays à l'occasion de réunions bilatérales dans l'après-midi. "Nous voulons obtenir ces avions dont nous avons besoin et il y a des accords qui (...) ne sont pas publics", a-t-il assuré au cours d'une conférence de presse, sans plus de précisions. "Je ne peux tout simplement pas rentrer à la maison sans résultats", a-t-il martelé.

Le président du Conseil européen, Charles Michel, a déclaré que les Vingt-Sept étaient "convaincus de l'urgence" d'agir face aux avancées de l'armée russe, un an après le début de l'invasion de l'Ukraine, mais il n'a pas parlé d'avions.

"Les prochaines semaines et les prochains mois seront probablement décisifs. C'est le moment de ne pas trembler", a-t-il dit, appelant à livrer "des munitions, de l'artillerie, des missiles, des véhicules, des systèmes de défense".

"Nous ne défendons pas que notre territoire, nous défendons notre maison européenne", a plaidé Volodymyr Zelensky qui a "personnellement" remercié les chefs d'Etat et de gouvernement des pays de l'UE de leur "soutien sans faille".

Le dirigeant ukrainien s'est posé en défenseur de l'Europe contre Moscou. "Nous nous défendons contre la force la plus antieuropéenne du monde moderne", s'est-il exclamé. "Nous nous défendons, nous vous défendons", a-t-il ajouté, sous les applaudissements nourris.

Le président ukrainien avait été accueilli à Paris mercredi soir par Emmanuel Macron qui avait aussi convié le chancelier allemand, Olaf Scholz pour un dîner tardif à l'Élysée. (AFP)

Manifestement ému, la main sur le cœur, il a écouté l'hymne ukrainien aux côtés de la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola. "Lorsque le monde pense à l'Ukraine, il pense à des héros déjouant tous les pronostics, à David battant Goliath", a-t-elle déclaré, saluant "une journée historique pour l'Europe".

"Bienvenue chez vous, bienvenue dans l'UE", a lancé à M. Zelensky le président du Conseil européen, Charles Michel, dans un message sur Twitter.

Après des étapes à Londres et Paris la veille, le chef de l'État ukrainien a déclaré qu'il allait profiter de sa visite pour remercier les dirigeants de l'Union européenne de leur soutien militaire, financier et humanitaire. Cette aide totalise "au moins" 67 milliards d'euros depuis le début du conflit, selon leur propre estimation.

M. Zelensky, qui a voyagé de Paris dans l'avion Falcon du président français Emmanuel Macron, devait participer à un sommet de l'UE et avoir des entretiens bilatéraux avec les dirigeants du bloc.

Il poursuit une mini-tournée européenne entamée mercredi, son deuxième déplacement seulement à l'étranger depuis le déclenchement par la Russie de la guerre le 24 février 2022. Il s'est rendu en visite aux États-Unis en décembre.

Le moment est crucial pour l'Ukraine qui s'inquiète des récents succès de l'armée russe dans le Donbass et craint une offensive d'ampleur dans les prochaines semaines.
Réticences européennes


Le chef du gouvernement britannique a promis de former des pilotes de chasse ukrainiens "aux normes de l'Otan" (AFP)

Sur la ligne de front dans l'est de l'Ukraine, le commandement militaire régional de Lougansk a averti que la Russie attaquait près de la ville de Kreminna et était en train de détruire trois localités voisines. "Nous avons besoin de plus de véhicules blindés et de munitions", a-t-il souligné.

L'UE va "poursuivre le soutien à l'Ukraine aussi longtemps que nécessaire", a dit le chancelier allemand Olaf Scholz.

"Il est très important que nous accélérions l'aide militaire. Nous devons faire plus", a plaidé la Première ministre estonienne, Kaja Kallas.

Reçu a Londres mercredi par le Premier ministre Rishi Sunak et par le roi Charles III, le président ukrainien avait été accueilli à Paris mercredi soir par Emmanuel Macron qui avait aussi convié Olaf Scholz pour un dîner tardif à l'Élysée.

Il réclame de l'armement lourd de longue portée et des avions.

MM. Macron et Scholz ont pour l'instant temporisé. "Je suis convaincu qu'il faut privilégier les livraisons utiles pour mener ces opérations et résister plutôt que les engagements qui arriveront très tard ou très loin. Et donc il faut regarder ce qui est livrable à court terme", a expliqué le président français à Bruxelles, assurant que la question des avions n'avait pas été discutée à Paris avec M. Zelensky.

À Londres, le président ukrainien avait demandé "des avions de combat pour l'Ukraine, des ailes pour la liberté".
Les tabous tombent

Jusqu'ici, les Occidentaux se sont montrés réticents à franchir cette étape, de crainte d'une escalade avec Moscou. Mais les tabous tombent les uns après les autres depuis un an et les soutiens de Kiev ont déjà accepté en janvier de fournir des chars lourds.

Un porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a averti jeudi contre "un engagement croissant de l’Allemagne, du Royaume-Uni, de la France dans le conflit". "La frontière entre engagement indirect et direct disparaît peu à peu. On ne peut que le regretter", a-t-il dit.

 

Londres a affirmé que ses chars Challenger seraient opérationnels "le mois prochain" (AFP)

Semblant entrouvrir la porte à des livraisons d'aéronefs, le chef du gouvernement britannique a promis de former des pilotes de chasse "aux normes de l'Otan". Il a demandé à l'armée britannique d'étudier de possibles livraisons d'avions, une solution qui n'est envisageable qu'"à long terme".

Londres a affirmé que ses chars Challenger seraient opérationnels "le mois prochain" et a promis d'envoyer immédiatement des capacités d'artillerie de plus longue portée, sans détailler. L'Allemagne compte, quant à elle, fournir avec ses alliés fin avril un premier bataillon de ses chars Leopard 2, très attendus.

Avec AFP
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