La pensée du pape pour le Liban en “souffrance”
©Filippo Monteforte/AFP
Pour Noël, le souverain pontife appelle au "dialogue" et déplore les "tragédies oubliées”

Le pape François a adressé samedi une pensée spéciale au Liban dans sa bénédiction Urbi et Orbi - à la ville et au monde -, depuis la loggia centrale de la basilique Saint-Pierre.
“Nous pensons au Liban qui souffre une crise sans précédent avec des conditions économiques et sociales désespérantes”, a dit le pape dans son message traditionnel de Noël, mentionnant le pays du Cèdre dans le cadre des conflits "oubliés", comme en Syrie, en Irak, au Yémen ou en Palestine, et des peuples “dont les cris de douleurs et de désespoir risquent de ne plus être entendue”.
Dans un contexte plus qu’incertain, caractérisé par une multiplicité de crises complexes et interminables, qu’il a évoquées, le Souverain Pontife a appelé à toujours choisir la voie du dialogue pour les résoudre face à la "tentation du repli sur soi”.
Apparu dans le monde “comme un chuchotement”, “comme le murmure d’une brise légère”, le Verbe de Dieu fait chair dans le sein de la Vierge Marie est venu “pour dialoguer avec nous”, et ce faisant, pour nous montrer “la voie de la rencontre et du dialogue”, a indiqué le pape dans sa bénédiction. Ce chemin est plus que jamais nécessaire en ces temps de pandémie, où “la tendance se renforce à se replier sur soi”; même au niveau international, note le Saint-Père, l’on semble privilégier le choix “des raccourcis»” plutôt que celui du dialogue, alors qu’il conduit “réellement à la résolution des conflits et à des bénéfices partagés et durables”.



Syrie, Irak, Yémen, Palestine, Liban

“Alors que l’annonce de la naissance du Sauveur résonne autour de nous et dans le monde entier, nous voyons encore beaucoup de conflits, de crises et de contradictions (…) Et nous ne les remarquons presque plus. Nous nous y sommes tellement habitués que d’immenses tragédies passent désormais sous silence. Nous risquons ainsi de ne pas entendre le cri de douleur et de désespoir de tant de nos frères et soeur”, déplore François, avant d’énumérer plusieurs situations emblématiques, au premier rang desquelles la Syrie. “Nous pensons au peuple syrien qui depuis une décennie connaît une guerre ayant fait de nombreuses victimes et un nombre incalculable de réfugiés”, dit-il.

Il évoque ensuite l’Irak “qui peine toujours à se relever après un long conflit”, mais aussi le Yémen: “Nous entendons le cri des enfants s’élever du Yémen où une terrible tragédie, oubliée de toute le monde, se déroule en silence depuis des années, faisant des morts chaque jour”, poursuit-il.

Le Pape évoque aussi “les tensions permanentes entre Israéliens et Palestiniens, qui s’éternisent sans solution avec des conséquences sociales et politiques toujours plus importantes”. Il adresse une pensée spéciale pour Bethléem, la ville de naissance du Christ, aux prises avec une sévère crise économique du fait de l’absence des pèlerins, en raison de la pandémie, avant de citer la terrible crise qui ruine le Liban. “Nous pensons au Liban qui souffre une crise sans précédent avec des conditions économiques et sociales désespérantes”, dit-il.
Mais au milieu des ténèbres, Noël est le signe de l’espérance: celle d’un petit enfant qui “a besoin de tout mais qui vient tout nous donner”. C’est de Lui que vient la force de “s’ouvrir au dialogue”, et c’est à Lui que le Pape adresse sa supplication pour un monde tourmenté et en souffrance.

Afghanistan, Birmanie et Ukraine

“Enfant Jésus, donne la paix et l'harmonie au Moyen-Orient et au monde entier. Soutiens ceux qui s'engagent à fournir une aide humanitaire aux personnes contraintes de fuir leur patrie. Réconforte le peuple afghan qui, depuis plus de quarante ans, est durement éprouvé par des conflits qui ont poussé de nombreuses personnes à quitter le pays”.

La prière du Pape s’étend aussi à la Birmanie “où l’intolérance et la violence touchent aussi souvent la communauté chrétienne et les lieux de culte, et obscurcissent le visage pacifique de cette population”; puis à l’Ukraine, pour laquelle le Pape prie l’Enfant-Dieu de ne pas laisser “les métastases d’un conflit gangrené se propager”, alors que les tensions n’ont eu de cesse de se raviver ces derniers jours sur cette question.


Les crises en Afrique

L’Afrique et ses graves crises sont également au cœur des pensées du Pape: “Prince de la Paix, aide l'Éthiopie à retrouver le chemin de la réconciliation et de la paix par une discussion sincère qui mette les besoins de la population au premier plan. Écoute le cri des populations de la région du Sahel, qui connaissent la violence du terrorisme international. Tourne ton regard vers les peuples des pays d'Afrique du Nord qui sont frappés par les divisions, le chômage et l'inégalité économique ; et soulage la souffrance des nombreux frères et sœurs qui souffrent des conflits internes au Soudan et au Soudan du Sud”.

Le Pape argentin n’oublie pas le continent américain, priant afin “que prévalent dans le cœur (de ses) peuples les valeurs de solidarité, de réconciliation et de coexistence pacifique”.

Pour les victimes de violences et d’abus

L’évêque de Rome pense de manière particulière aux femmes victimes de violences, surtout en cette période de pandémie, pour les enfants et adolescents victimes d’abus, pour les personnes âgées seules, ainsi que pour les familles et les malades.

Et alors que la crise du Covid-19 perdure, le Pape demande au Seigneur d’inspirer “toutes les personnes de bonne volonté à trouver les solutions les plus appropriées pour (en) surmonter (les) conséquences. (…) afin que les traitements nécessaires, notamment les vaccins, puissent parvenir aux populations les plus démunies”.

François prie enfin pour la libération des prisonniers de guerre, civils et militaires, ainsi que pour les personnes détenues pour des raisons politiques. Il appelle encore une fois à ne pas être indifférents au drame des migrants, réfugiés et personnes déplacées: "Leurs regards nous demandent de ne pas nous détourner, de ne pas nier l'humanité qui nous unit, de faire nôtres leurs histoires et de ne pas oublier leurs tragédies”, affirme-t-il, reprenant les mots qu’il avait eus lors de sa visite sur l’ile de Lesbos, au début du mois.

Un dernier mot enfin sur la maison commune, “qui souffre elle aussi de la négligence avec laquelle nous la traitons si souvent” ; et de demander au Verbe éternel de pousser ”les autorités politiques à trouver des accords efficaces pour que les générations à venir puissent vivre dans un environnement respectueux de la vie”.

L’espérance est plus forte que les difficultés

“Chers frères et sœurs, les difficultés de notre époque sont nombreuses, mais l'espérance est plus forte car ‘un enfant nous est né’ (Is 9, 5). Il est la Parole de Dieu, et il s’est fait nourrisson capable seulement de crier, ayant besoin de tout. Il a voulu apprendre à parler, comme tout enfant, pour que nous apprenions à écouter Dieu, notre Père, à nous écouter les uns les autres et à dialoguer en tant que frères et sœurs. O Christ, né pour nous, apprends-nous à marcher avec toi sur les chemins de la paix”, a-t-il conclu avant de donner sa bénédiction Urbi et Orbi. Il s'agissait de la première apparition du Pape à la loggia depuis Noël 2019.

Ici Beyrouth avec Vatican News et AFP
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