La Moldavie, ex-République soviétique aux ambitions européennes, sera-t-elle la prochaine cible de Moscou ? Les craintes de Chisinau, réveillées par la guerre en Ukraine, ont pris une nouvelle ampleur ces derniers jours.
La présidente Maia Sandu, sur la base de documents interceptés par les services secrets ukrainiens, accuse la Russie de fomenter un coup d'État pour renverser le pouvoir en place.
Quels dangers pour ce pays de 2,6 millions d'habitants ? État des lieux.
"Le plan prévoit des attaques d'édifices étatiques et des prises d'otages par des saboteurs au passé militaire camouflés en civil", a détaillé lundi la cheffe d'État, en poste depuis fin 2020.
Moscou a démenti, dénonçant des affirmations "absolument infondées et sans preuves".
Le président Zelensky rencontre son homologue moldave Maia Sandu (AFP)
La Moldavie, déjà victime de "chantage énergétique" et qui voit passer des missiles dans le cadre du conflit en Ukraine voisine, est, selon les termes de Mme Sandu, la cible d'une "guerre hybride".
"Nous avons lutté contre ces menaces l'automne dernier, mais une nouvelle vague, plus forte, vient de commencer", a averti le Premier ministre Dorin Recean.
Dans ce contexte tendu, les mesures de sécurité ont été renforcées.
Un match de football s'est tenu jeudi à huis clos par crainte que des fauteurs de troubles ne se mêlent à des supporteurs venus de Serbie. L'espace aérien a également été brièvement fermé mardi à cause d'un "objet volant non identifié".
"La Russie montre les muscles et cette dernière tentative est probablement la plus grave" depuis le début de la guerre, juge Stefan Wolff, spécialiste de l'espace post-soviétique, interrogé par l'AFP.
Selon ce professeur à l'université de Birmingham, "la perspective d'une invasion est très limitée" à court terme, même s'il vaut mieux "se préparer à toutes les éventualités" face à un président russe, Vladimir Poutine, doté de "sa propre rationalité".
La Moldavie doit composer avec la présence de soldats russes sur son sol, dans la région séparatiste de Transdniestrie, mais leur nombre reste "assez peu important".
Non reconnue par la communauté internationale, cette zone a fait sécession en 1990 après une brève guerre civile dans la foulée de l'effondrement de l'Union soviétique. Le conflit est gelé depuis 1992.
Par ses tentatives présumées de déstabilisation, Moscou cherche surtout pour l'heure "à répandre le doute, à affaiblir la détermination" de la Moldavie et de ses partenaires européens dans leur lutte aux côtés de l'Ukraine, souligne M. Wolff.
Dans ce contexte tendu, la démission la semaine dernière de la Première ministre Natalia Gavrilita a pu faire craindre de l'instabilité. Mais son successeur a été rapidement nommé et le nouveau cabinet a été approuvé jeudi par le Parlement.
"Le gouvernement s'était affaibli au fil des crises et avait une image négative. Il fallait repartir de zéro", explique Valeriu Pasha, du groupe de réflexion Watchdog basé à Chisinau.
La présidente moldave Maia Sandu déclare que le gouvernement ne voit pas "de risque imminent pour le moment", malgré la recrudescence des tensions en Transdniestrie, région séparatiste pro-russe (AFP)
Lors de son élection, Maia Sandu a suscité beaucoup d'espoirs de modernisation qui n'ont pu se concrétiser tant "les problèmes sont massifs", complète M. Wolff.
Les réformes sont d'autant plus difficiles à mettre en œuvre, note l'expert, que la Moldavie est confrontée à une fuite des cerveaux, sur fond de dépopulation dramatique depuis la fin du communisme.
Candidat officiel à l'entrée à l'UE depuis juin 2022, le pays, l'un des plus pauvres du continent, doit aussi aider des dizaines de milliers de réfugiés ukrainiens, accueillis à bras ouvert.
Après avoir organisé une série de manifestations anti-gouvernementales l'an dernier, le parti de l'oligarque prorusse en fuite Ilhan Shor sonne de nouveau la mobilisation : un rassemblement est prévu dimanche dans la capitale.
Mécontent du virage occidental de la Moldavie, Moscou s'empare de "l'anxiété réelle de la population" pour tenter de déstabiliser le pouvoir, décrypte Stefan Wolff.
Dans cette entreprise, M. Shor est une pièce maîtresse, usant de son argent pour mener à bien sa tâche, selon Valeriu Pasha. Il a été sanctionné en octobre 2022 par Washington pour corruption et ingérence au profit de la Russie.
Selon les derniers sondages, sa formation est créditée de 12 à 13% des suffrages, un soutien "significatif" même si le sentiment prorusse est en baisse depuis le début du conflit.
Avec AFP
La présidente Maia Sandu, sur la base de documents interceptés par les services secrets ukrainiens, accuse la Russie de fomenter un coup d'État pour renverser le pouvoir en place.
Quels dangers pour ce pays de 2,6 millions d'habitants ? État des lieux.
Pourquoi Chisinau s'inquiète
"Le plan prévoit des attaques d'édifices étatiques et des prises d'otages par des saboteurs au passé militaire camouflés en civil", a détaillé lundi la cheffe d'État, en poste depuis fin 2020.
Moscou a démenti, dénonçant des affirmations "absolument infondées et sans preuves".
Le président Zelensky rencontre son homologue moldave Maia Sandu (AFP)
La Moldavie, déjà victime de "chantage énergétique" et qui voit passer des missiles dans le cadre du conflit en Ukraine voisine, est, selon les termes de Mme Sandu, la cible d'une "guerre hybride".
"Nous avons lutté contre ces menaces l'automne dernier, mais une nouvelle vague, plus forte, vient de commencer", a averti le Premier ministre Dorin Recean.
Dans ce contexte tendu, les mesures de sécurité ont été renforcées.
Un match de football s'est tenu jeudi à huis clos par crainte que des fauteurs de troubles ne se mêlent à des supporteurs venus de Serbie. L'espace aérien a également été brièvement fermé mardi à cause d'un "objet volant non identifié".
"La Russie montre les muscles et cette dernière tentative est probablement la plus grave" depuis le début de la guerre, juge Stefan Wolff, spécialiste de l'espace post-soviétique, interrogé par l'AFP.
Une invasion russe est-elle possible ?
Selon ce professeur à l'université de Birmingham, "la perspective d'une invasion est très limitée" à court terme, même s'il vaut mieux "se préparer à toutes les éventualités" face à un président russe, Vladimir Poutine, doté de "sa propre rationalité".
La Moldavie doit composer avec la présence de soldats russes sur son sol, dans la région séparatiste de Transdniestrie, mais leur nombre reste "assez peu important".
Non reconnue par la communauté internationale, cette zone a fait sécession en 1990 après une brève guerre civile dans la foulée de l'effondrement de l'Union soviétique. Le conflit est gelé depuis 1992.
Par ses tentatives présumées de déstabilisation, Moscou cherche surtout pour l'heure "à répandre le doute, à affaiblir la détermination" de la Moldavie et de ses partenaires européens dans leur lutte aux côtés de l'Ukraine, souligne M. Wolff.
Pourquoi changer de gouvernement ?
Dans ce contexte tendu, la démission la semaine dernière de la Première ministre Natalia Gavrilita a pu faire craindre de l'instabilité. Mais son successeur a été rapidement nommé et le nouveau cabinet a été approuvé jeudi par le Parlement.
"Le gouvernement s'était affaibli au fil des crises et avait une image négative. Il fallait repartir de zéro", explique Valeriu Pasha, du groupe de réflexion Watchdog basé à Chisinau.
La présidente moldave Maia Sandu déclare que le gouvernement ne voit pas "de risque imminent pour le moment", malgré la recrudescence des tensions en Transdniestrie, région séparatiste pro-russe (AFP)
Lors de son élection, Maia Sandu a suscité beaucoup d'espoirs de modernisation qui n'ont pu se concrétiser tant "les problèmes sont massifs", complète M. Wolff.
Les réformes sont d'autant plus difficiles à mettre en œuvre, note l'expert, que la Moldavie est confrontée à une fuite des cerveaux, sur fond de dépopulation dramatique depuis la fin du communisme.
Candidat officiel à l'entrée à l'UE depuis juin 2022, le pays, l'un des plus pauvres du continent, doit aussi aider des dizaines de milliers de réfugiés ukrainiens, accueillis à bras ouvert.
Quel rôle joue l'oligarque Ilhan Shor ?
Après avoir organisé une série de manifestations anti-gouvernementales l'an dernier, le parti de l'oligarque prorusse en fuite Ilhan Shor sonne de nouveau la mobilisation : un rassemblement est prévu dimanche dans la capitale.
Mécontent du virage occidental de la Moldavie, Moscou s'empare de "l'anxiété réelle de la population" pour tenter de déstabiliser le pouvoir, décrypte Stefan Wolff.
Dans cette entreprise, M. Shor est une pièce maîtresse, usant de son argent pour mener à bien sa tâche, selon Valeriu Pasha. Il a été sanctionné en octobre 2022 par Washington pour corruption et ingérence au profit de la Russie.
Selon les derniers sondages, sa formation est créditée de 12 à 13% des suffrages, un soutien "significatif" même si le sentiment prorusse est en baisse depuis le début du conflit.
Avec AFP
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