Hrajel redonne ses lettres de noblesse à la «labbadé»
©©Joseph Eid/AFP
À Hrajel, dans le Kesrouan, Youssef Akiki est désormais l’un des derniers détenteurs d’un savoir-faire millénaire: la confection de la «labbadé». De l’arabe labd (le feutre laine), la «labbadé», dont la forme rappelle celle d’un bonnet phrygien, est un couvre-chef qui était porté par les montagnards pour affronter les rigueurs de l’hiver. En laine de mouton, ce couvre-chef imperméable se décline en blanc cassé, gris, marron et noir.

Youssef Akiki fait sécher les «labbadés175 au soleil. ©Joseph Eid/AFP

La «labbadé» est héritée des «Phéniciens, qui la portaient (avec une forme) toutefois plus allongée» et moins arrondie, affirme Youssef Akiki, 60 ans. «Les anciens du village confectionnaient leurs propres labbadés», ajoute cet homme revêtu d’un saroual.

Youssef Akiki travaillant la laine. ©Joseph Eid/AFP

Pour la fabriquer, Youssef Akiki suit un procédé bien précis. Il met à sécher au soleil la laine d’ovins puis la modèle manuellement, avec de l’eau et du savon d’Alep, jusqu’à ce qu’elle devienne du feutre laine. Ce mélange aqueux «facilite le rétrécissement de la laine pour qu’elle devienne malléable comme de la pâte», explique ce sexagénaire, aux mains devenues rugueuses par ce mélange. Il peut confectionner «trois labbadés en une journée, tout au plus».

La «labbadé», dont la forme rappelle celle d’un bonnet phrygien, est un couvre-chef qui était porté par les montagnards pour affronter les rigueurs de l’hiver. ©Joseph Eid/AFP


Le couvre-chef étant tombé en désuétude, ses clients sont désormais des touristes ou des Libanais nostalgiques de leur enfance, qui l’achètent pour l’exposer chez eux. "L’État devrait nous garantir des marchés et des lieux pour exposer», juge l’artisan.

Youssef Akiki modelant à la main la laine d’ovins avec de l’eau et du savon d’Alep. ©Joseph Eid/AFP

Youssef Akiki est également agriculteur, à défaut de pouvoir compter sur son artisanat pour vivre, surtout depuis que le pays connaît une grave crise économique. Pour ne pas voir la «labbadé» disparaître, il a décidé de créer des modèles plus modernes et tente également de transmettre son savoir-faire à ses neveux.



AFP
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