Le président de la République, Michel Aoun, s’adressera aux Libanais lors d’une intervention télévisée lundi à 20 heures, pour se prononcer sur l’actualité de la semaine dernière qui avait provoqué des remous au plan politique, après l’échec du deal que le tandem chiite, Amal et le Hezbollah, concoctait en catimini avec le chef du Courant patriotique libre (CPL), son gendre Gebran Bassil, dans la perspective d’un déblocage et d’une reprise des réunions du Conseil des ministres.
« Il annoncera peut-être une nouvelle position par rapport au blocage gouvernemental provoqué par le Hezbollahʺ, qui, avec Amal boycotte les réunions du Conseil des ministres tant que celui-ci n’a pas écarté le juge d’instruction, Tarek Bitar, du dossier de l’enquête sur la double explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth. C’est ce que confie une source informée à Ici Beyrouth, en se basant sur le ras-le-bol exprimé à maintes reprises par le chef de l’Etat face au blocage exercé par son allié chiite.
M. Aoun avait annoncé samedi à partir de Bkerké qu’il allait s’exprimer lundi sur les questions qui taraudent les Libanais, ouvrant ainsi la voie à multiples spéculations sur la teneur de son discours qui pourrait déterminer l’orientation politique à venir du camp présidentiel.
Mais là n’est pas le seul élément intéressant de l’initiative présidentielle. Michel Aoun s’exprimera demain « à la surprise générale du CPL qui ignorait tout de sa décision, d’autant plus que son leader Gebran Bassil avait prévu une conférence de presse le 2 janvier prochain ʺ pour prendre position sur ces mêmes questions d’actualité, confie une source proche du CPL à Ici Beyrouth. « Le président aurait pris cette décision de son propre chef, s’abstenant de consulter son entourage et de divulguer le contenu de son discours, actuellement en cours de préparationʺ, ajoute-t-on de même source.
D’aucuns estiment que Michel Aoun avait été surpris par les informations au sujet du deal politique que son gendre s’apprêtait à conclure avec le Hezbollah et Amal, d’autres pensent au contraire que c’est pour essayer de s’en laver les mains, que le chef de l’Etat, qui aurait été informé des conditions de ce deal, a voulu passer à l’attaque. Selon des informations non confirmées, le président aurait confié au patriarche ʺqu’il n’avait pas été mis au courant des tractations entreprises par M. Bassil et le binôme chiite pour un troc qui aurait relancé l’activité politique ˮ.
Quoi qu’il en soit, des échos provenant de Baabda, il ressort que l’intervention présidentielle portera principalement sur le blocage politique, gouvernemental et institutionnel. Les maigres informations obtenues à ce sujet ne permettent pas d’en juger le ton et notamment de déterminer si le chef de l’Etat va donner une suite favorable aux propos du patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, qui avait à trois reprises depuis vendredi, pressé le président de cesser d’assurer une couverture à « ceux qui bloquent et prennent en otage l’Etat », en se déchaînant contre Amal et le Hezbollah sans les nommer.
Des remontrances de la part de Bkerké
Mgr Raï s’était entretenu en tête-à-tête samedi matin avec le président Aoun au siège patriarcal, peu avant la messe de Noël. Dans son homélie, il aurait repris les mêmes propos qu’il avait adressés au président, notamment lorsqu’il l’a appelé à mettre fin à la “dictature politique” qui empêche tout déblocage de la crise gouvernementale et institutionnelle actuelle (à cause du tandem chiite qui veut obtenir le dessaisissement du juge Tarek Bitar du dossier de l’enquête sur l’explosion au port) et à arrêter d’assurer une couverture légale aux agissements d’Amal et du Hezbollah, qui “hypothèquent l’État et oppriment les Libanais ".
Selon une source proche de Bkerké ʺ le patriarche aurait demandé au président de la République d’adopter une politique de neutralité, de non-alignement et de distanciation par rapport au Hezbollah. M. Aoun aurait répondu qu’il ne pouvait pas prendre le parti d’un projet ne faisant pas l’unanimité dans le pays. Mgr. Raï aurait à son tour répliqué que l’unanimité ne pouvait jamais être atteinte contrairement à la majorité qui est belle et bien présente, car elle est composée d’une grande partie des chrétiens, des sunnites, des druzes et d’une partie des chiites. Tous sont pour la neutralité, a insisté Mgr Raï devant le présidentʺ.
Le patriarche a réitéré son mécontentement vis-à-vis des prestations de la classe dirigeante dans son homélie, lorsqu’il a notamment affirmé que ceux qui paralysent l’État ʺ ne méritent que la condamnation et les reproches ", et relevé l’importance des prochaines législatives, dans la perspective du changement qu’elles peuvent induire.
Si le chef de l’État a décidé de faire écho au discours patriarcal, il devra hausser de ton à l’égard du Hezbollah avec qui il serait en froid, suite à la non-décision du Conseil constitutionnel face au recours en invalidation des amendements de la loi électorale présenté par le CPL. Il peut tout aussi bien critiquer le blocage mais en adoptant une approche plus conciliante, pour des raisons tactiques. Michel Aoun voudrait ainsi obtenir des concessions de la part de son allié chiite à travers le Conseil des ministres, sans pour autant condamner définitivement ses relations avec lui, puisqu’il a toujours besoin du Hezbollah pour des gains politiques et législatifs.
Une intervention charnière
Député du Kesrouan, le général à la retraite, Chamel Roukouz, également gendre du président, considère ainsi que “le discours de M. Aoun lundi marquera un tournant décisif dans son mandat » qui tire à sa fin. « C’est une opportunité pour le président de mettre les points sur les i et de désigner nommément les responsables du blocage politique. Il devra dire les choses telles qu’elles le sont vraiment, parce que le peuple souffre de tous les maux et ne peut plus supporter le climat politique ni la situation économique dans lesquels il vit ˮ.
Pour Joseph Abou Fadel, avocat et analyste politique, ʺle président sait que son mandat a été un échec. Le blocage politique auquel il est confronté fait partie d’une de ses dernières batailles. Il sera donc dans l’obligation de prendre une position déterminante : attaquer de front le Hezbollah et assumer entièrement les retombées législatives et politiques qui suivront ou essayer de trouver un terrain d’entente avec lui pour des calculs politiques. Si le premier scénario voit le jour, le CPL se retrouvera isolé. Le Hezbollah priorise sa relation avec le parti Amal tout comme tout ce qui est de nature à calmer le jeu avec les sunnites pour apaiser les tensions régionalesʺ.
Une autre théorie fait surface dans les hautes sphères politiques et s’articule autour d’une volonté de changement tactique à Baabda, destinée à envoyer des signaux positifs à la communauté internationale. ʺLe timing de l’intervention télévisée du président n’est pas anodin. Le discours de M. Aoun s’articulera autour d’attaques contre le Hezbollah, des principes de la séparation des pouvoirs et de l’indépendance de la Justice, de reproches sévères à l’égard du gouvernement qu’il exhortera de reprendre ses réunions », croit-on savoir de sources qui ont suivi de près les discours présidentiel et patriarcal des dernières semaines. « Ces grandes lignes seraient adoptées afin de plaire aux Américains dans l’espoir que ces derniers lèveront les sanctions imposées à son gendre, Gebran Bassil, garantissant ainsi à ce dernier sa succession à la tête de l’Etat ˮ.
« Il annoncera peut-être une nouvelle position par rapport au blocage gouvernemental provoqué par le Hezbollahʺ, qui, avec Amal boycotte les réunions du Conseil des ministres tant que celui-ci n’a pas écarté le juge d’instruction, Tarek Bitar, du dossier de l’enquête sur la double explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth. C’est ce que confie une source informée à Ici Beyrouth, en se basant sur le ras-le-bol exprimé à maintes reprises par le chef de l’Etat face au blocage exercé par son allié chiite.
M. Aoun avait annoncé samedi à partir de Bkerké qu’il allait s’exprimer lundi sur les questions qui taraudent les Libanais, ouvrant ainsi la voie à multiples spéculations sur la teneur de son discours qui pourrait déterminer l’orientation politique à venir du camp présidentiel.
Mais là n’est pas le seul élément intéressant de l’initiative présidentielle. Michel Aoun s’exprimera demain « à la surprise générale du CPL qui ignorait tout de sa décision, d’autant plus que son leader Gebran Bassil avait prévu une conférence de presse le 2 janvier prochain ʺ pour prendre position sur ces mêmes questions d’actualité, confie une source proche du CPL à Ici Beyrouth. « Le président aurait pris cette décision de son propre chef, s’abstenant de consulter son entourage et de divulguer le contenu de son discours, actuellement en cours de préparationʺ, ajoute-t-on de même source.
D’aucuns estiment que Michel Aoun avait été surpris par les informations au sujet du deal politique que son gendre s’apprêtait à conclure avec le Hezbollah et Amal, d’autres pensent au contraire que c’est pour essayer de s’en laver les mains, que le chef de l’Etat, qui aurait été informé des conditions de ce deal, a voulu passer à l’attaque. Selon des informations non confirmées, le président aurait confié au patriarche ʺqu’il n’avait pas été mis au courant des tractations entreprises par M. Bassil et le binôme chiite pour un troc qui aurait relancé l’activité politique ˮ.
Quoi qu’il en soit, des échos provenant de Baabda, il ressort que l’intervention présidentielle portera principalement sur le blocage politique, gouvernemental et institutionnel. Les maigres informations obtenues à ce sujet ne permettent pas d’en juger le ton et notamment de déterminer si le chef de l’Etat va donner une suite favorable aux propos du patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, qui avait à trois reprises depuis vendredi, pressé le président de cesser d’assurer une couverture à « ceux qui bloquent et prennent en otage l’Etat », en se déchaînant contre Amal et le Hezbollah sans les nommer.
Des remontrances de la part de Bkerké
Mgr Raï s’était entretenu en tête-à-tête samedi matin avec le président Aoun au siège patriarcal, peu avant la messe de Noël. Dans son homélie, il aurait repris les mêmes propos qu’il avait adressés au président, notamment lorsqu’il l’a appelé à mettre fin à la “dictature politique” qui empêche tout déblocage de la crise gouvernementale et institutionnelle actuelle (à cause du tandem chiite qui veut obtenir le dessaisissement du juge Tarek Bitar du dossier de l’enquête sur l’explosion au port) et à arrêter d’assurer une couverture légale aux agissements d’Amal et du Hezbollah, qui “hypothèquent l’État et oppriment les Libanais ".
Selon une source proche de Bkerké ʺ le patriarche aurait demandé au président de la République d’adopter une politique de neutralité, de non-alignement et de distanciation par rapport au Hezbollah. M. Aoun aurait répondu qu’il ne pouvait pas prendre le parti d’un projet ne faisant pas l’unanimité dans le pays. Mgr. Raï aurait à son tour répliqué que l’unanimité ne pouvait jamais être atteinte contrairement à la majorité qui est belle et bien présente, car elle est composée d’une grande partie des chrétiens, des sunnites, des druzes et d’une partie des chiites. Tous sont pour la neutralité, a insisté Mgr Raï devant le présidentʺ.
Le patriarche a réitéré son mécontentement vis-à-vis des prestations de la classe dirigeante dans son homélie, lorsqu’il a notamment affirmé que ceux qui paralysent l’État ʺ ne méritent que la condamnation et les reproches ", et relevé l’importance des prochaines législatives, dans la perspective du changement qu’elles peuvent induire.
Si le chef de l’État a décidé de faire écho au discours patriarcal, il devra hausser de ton à l’égard du Hezbollah avec qui il serait en froid, suite à la non-décision du Conseil constitutionnel face au recours en invalidation des amendements de la loi électorale présenté par le CPL. Il peut tout aussi bien critiquer le blocage mais en adoptant une approche plus conciliante, pour des raisons tactiques. Michel Aoun voudrait ainsi obtenir des concessions de la part de son allié chiite à travers le Conseil des ministres, sans pour autant condamner définitivement ses relations avec lui, puisqu’il a toujours besoin du Hezbollah pour des gains politiques et législatifs.
Une intervention charnière
Député du Kesrouan, le général à la retraite, Chamel Roukouz, également gendre du président, considère ainsi que “le discours de M. Aoun lundi marquera un tournant décisif dans son mandat » qui tire à sa fin. « C’est une opportunité pour le président de mettre les points sur les i et de désigner nommément les responsables du blocage politique. Il devra dire les choses telles qu’elles le sont vraiment, parce que le peuple souffre de tous les maux et ne peut plus supporter le climat politique ni la situation économique dans lesquels il vit ˮ.
Pour Joseph Abou Fadel, avocat et analyste politique, ʺle président sait que son mandat a été un échec. Le blocage politique auquel il est confronté fait partie d’une de ses dernières batailles. Il sera donc dans l’obligation de prendre une position déterminante : attaquer de front le Hezbollah et assumer entièrement les retombées législatives et politiques qui suivront ou essayer de trouver un terrain d’entente avec lui pour des calculs politiques. Si le premier scénario voit le jour, le CPL se retrouvera isolé. Le Hezbollah priorise sa relation avec le parti Amal tout comme tout ce qui est de nature à calmer le jeu avec les sunnites pour apaiser les tensions régionalesʺ.
Une autre théorie fait surface dans les hautes sphères politiques et s’articule autour d’une volonté de changement tactique à Baabda, destinée à envoyer des signaux positifs à la communauté internationale. ʺLe timing de l’intervention télévisée du président n’est pas anodin. Le discours de M. Aoun s’articulera autour d’attaques contre le Hezbollah, des principes de la séparation des pouvoirs et de l’indépendance de la Justice, de reproches sévères à l’égard du gouvernement qu’il exhortera de reprendre ses réunions », croit-on savoir de sources qui ont suivi de près les discours présidentiel et patriarcal des dernières semaines. « Ces grandes lignes seraient adoptées afin de plaire aux Américains dans l’espoir que ces derniers lèveront les sanctions imposées à son gendre, Gebran Bassil, garantissant ainsi à ce dernier sa succession à la tête de l’Etat ˮ.
Lire aussi
Commentaires