Le secteur immobilier pénalisé
L’immobilier s’essouffle. L’acquisition d’un bien-fonds au Liban devient une opération compliquée à plus d’un égard.

Avoir un montant consistant de dollars frais en poche est une condition sine qua non pour l’achat d’un bien immobilier au Liban. Une fois le bien acquis, rien n’est moins sûr que le fait de pouvoir l’enregistrer auprès du cadastre et obtenir le titre de propriété. Et c’est là que commence le chemin de croix de l’ayant droit.

Marc B. confie à Ici Beyrouth que les formalités de transmission successorale d'une propriété et de deux parcelles de terrain dans le caza d’Aley, appartenant à son père décédé, traîne depuis mars 2021, dans les méandres des différents départements de l’administration foncière et cadastrale. Quant à Béchara B, agent immobilier de métier, il se plaint de l’impossibilité de se procurer des attestations de situation juridique des biens-fonds, proposés à la vente. «Même le service en ligne est inopérationnel», ajoute-t-il.  Un tel document est indispensable pour sécuriser le lead, soit l’acheteur potentiel, sur la netteté juridique de l’objet de l’achat. Une problématique qui bloque totalement son travail.

L’administration foncière et cadastrale  

Dans les faits, bien avant que la Ligue des fonctionnaires décrète la grève ouverte, la direction des biens immobiliers bâtis, au ministère des Finances, n’a délivré aucune attestation de valeur locative, depuis le 15 novembre 2022. À cette date, son système informatique est tombé en panne et depuis, elle a arrêté le traitement des formalités alors que les demandes de services présentées par des citoyens s’amoncellent sur les comptoirs. Sachant qu'aucun bien immobilier ne peut être immatriculé sans l'obtention d'une déclaration de valeur locative, sur la base de laquelle l'État perçoit les taxes et redevances immobilières. La part des revenus du Trésor provenant des taxes foncières a représenté 8 % en 2022 contre 31 % pour la TVA, 15 % pour l’impôt sur le revenu des taux d’intérêts bancaires, 14 % pour l’impôt sur les bénéfices et 12 % pour les taxes sur les télécoms.


Les opérations dans les administrations foncières et cadastrales dans les différents mohafazats sont également suspendues à cause de la grève des fonctionnaires, d'un manque de matériel de travail (encre, papeterie, électricité) en plus de l’arrestation par la justice d’une ribambelle de fonctionnaires sous le chef d’inculpation de corruption et d’encaissement de pots-de-vin.

-26,2 %

Par ailleurs, le marché de l’immobilier a connu une baisse substantielle de la demande en 2022, en raison également de la rareté des acheteurs en dollars frais dans un secteur dollarisé à 100 %.

La valeur totale des ventes de biens immobiliers en 2022 a enregistré 21,7 trillions de livres, soit une baisse de 7,6 % par rapport à la valeur totale des ventes de propriétés, de 23,4 trillions de livres, enregistrée en 2021. Quant au nombre de transactions effectuées en 2022, il était de  147 038, ce qui représente un recul de 26,2 % par rapport à 2021. La valeur moyenne par propriété en 2022, s’est élevé à 179 542 dollars, ce qui représente une inflation de 27,1 % par rapport à l’année précédente, selon les chiffres relayés par Bank Audi.

Beyrouth a obtenu la plus grande part de la valeur des ventes de biens immobiliers avec 39,4 %, suivies par le Liban-sud 19,9 %, Baabda 10,9 %, Kesrouan 8,2 %, la Békaa 5,9 %, le Liban-nord 2 avec 3,5 %, le Liban-nord 1 avec 2, 8 % et le Metn 2,6 %.
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