Malgré ses protestations, TikTok est sur le point de devenir persona non grata aux États-Unis. L'application chinoise est visée par un projet de loi, en passe d'être adopté au Congrès américain, espérant bien la bannir de tout le pays. Le législateur pointe des risques de fuites d'informations, pour de pas dire d'espionnage, au profit de Pékin.
La pression montait aux États-Unis contre TikTok mardi avec la progression au Congrès d'un projet de loi qui pourrait déboucher sur l'interdiction totale de la très populaire application aux États-Unis, au lendemain de son interdiction sur les smartphones des fonctionnaires par la Maison Blanche.
"TikTok est un cheval de Troie moderne du Parti communiste chinois utilisé pour surveiller les Américains et exploiter leurs informations personnelles", a déclaré mardi Michael McCaul, président de la commission des Affaires étrangères de la chambre basse du Congrès américain.
Massivement utilisée par les Américains, l'application TikTok pourraient disparaitre de leurs smartphones (AFP)
Cette commission débattait mardi d'un projet de loi porté par les républicains, qui donnerait l'autorité au président Joe Biden pour bannir complètement TikTok, filiale du groupe chinois ByteDance, aux États-Unis.
Il faudrait d'abord qu'elle soit adoptée par les deux chambres. Mais les mesures affichant la fermeté des États-Unis face à la Chine font partie des rares sujets qui rassemblent à droite comme à gauche au Congrès, surtout après la destruction d'un ballon chinois supposé espion.
De nombreux élus américains considèrent la plateforme de vidéos courtes et virales comme une menace pour la sécurité nationale.
Ils craignent, tout comme un nombre croissant de gouvernements occidentaux, que Pékin ne puisse accéder aux données d'utilisateurs du monde entier via cette application, ce que TikTok nie depuis des années.
Lundi soir, la Maison Blanche a ordonné aux institutions fédérales de s'assurer que TikTok disparaisse de leurs smartphones sous 30 jours, en application d'une loi ratifiée début janvier par Joe Biden.
TikTok a estimé que cette interdiction relevait du "théâtre politique", et regretté que "cette approche soit copiée par d'autres gouvernements dans le monde", d'après un porte-parole de la plateforme.
La Commission européenne et le gouvernement canadien ont récemment pris des décisions similaires pour les téléphones portables de leurs fonctionnaires et le parlement danois a annoncé mardi avoir demandé aux députés et au personnel de supprimer l'application de leurs appareils.
TikTok a déclaré regretter la décision américaine, qualifiée de "théâtre politique" (AFP)
Le gouvernement américain va "continuer à examiner d'autres mesures" possibles, a indiqué mardi Olivia Dalton, une porte-parole de l'exécutif, "y compris comment travailler avec le Congrès sur ce sujet à l'avenir".
Interdire l'application reviendrait à "censurer" des millions d'Américains, a protesté TikTok, qui revendique plus d'une centaine de millions d'utilisateurs aux États-Unis.
La puissante association de défense des droits civiques ACLU est aussi opposée à un projet de loi qui "priverait les Américains de leur droit constitutionnel à la liberté d'expression", a argumenté une de ses juristes, Jenna Leventoff, citée dans un communiqué.
"Si ce n'était pas aussi inquiétant, ce serait hilarant que les élus américains essaient de faire preuve de +fermeté contre la Chine+ en agissant exactement comme le gouvernement chinois", a de son côté assené Evan Greer, la directrice de l'ONG Fight for the Future.
Elle appelle le Congrès à adopter des lois pour empêcher toutes les plateformes, pas seulement TikTok, de récolter "autant de données personnelles" sur les citoyens.
TikTok et la Maison Blanche ont rappelé qu'un examen était en cours par une agence gouvernementale, le CFIUS, chargée d'évaluer les risques de tout investissement étranger pour la sécurité nationale américaine.
"La façon la plus rapide et la plus efficace de répondre à ces inquiétudes (...) est que le CFIUS adopte l'accord proposé sur lequel nous travaillons avec eux depuis près de deux ans", a affirmé le porte-parole de TikTok.
La Chine a également dénoncé le potentiel bannissement de l'application aux États-Unis (AFP)
L'entreprise stocke les données des utilisateurs américains sur des serveurs situés dans le pays. Elle a admis que des employés basés en Chine y avaient accès, mais dans un cadre strict et limité, et pas le gouvernement chinois.
Mais pour certains élus, le problème va plus loin. Michael McCaul a évoqué le risque que les puissants algorithmes de recommandation des contenus de la plateforme servent à "influencer les jeunes générations".
"TikTok permet au PCC de manipuler et de surveiller ses utilisateurs. C'est comme un ballon espion sur votre téléphone", a-t-il lancé.
Une interdiction totale - comme en Inde depuis 2020 - susciterait la colère de nombreux créateurs de contenus et utilisateurs, "mais nous sommes suffisamment loin de la prochaine élection pour que les gens aient oublié, et qu'une autre appli ait pris le relais", pense Andrew Selepak, professeur spécialiste des médias et des technologies à l'université de Floride.
"TikTok a déjà été banni par les agences fédérales, des universités, des partis politiques, l'armée... Ce serait assez hypocrite de dire que la confidentialité de l'Américain moyen n'est pas aussi importante".
Rémi Amalvy, avec AFP
La pression montait aux États-Unis contre TikTok mardi avec la progression au Congrès d'un projet de loi qui pourrait déboucher sur l'interdiction totale de la très populaire application aux États-Unis, au lendemain de son interdiction sur les smartphones des fonctionnaires par la Maison Blanche.
"TikTok est un cheval de Troie moderne du Parti communiste chinois utilisé pour surveiller les Américains et exploiter leurs informations personnelles", a déclaré mardi Michael McCaul, président de la commission des Affaires étrangères de la chambre basse du Congrès américain.
Massivement utilisée par les Américains, l'application TikTok pourraient disparaitre de leurs smartphones (AFP)
Cette commission débattait mardi d'un projet de loi porté par les républicains, qui donnerait l'autorité au président Joe Biden pour bannir complètement TikTok, filiale du groupe chinois ByteDance, aux États-Unis.
Il faudrait d'abord qu'elle soit adoptée par les deux chambres. Mais les mesures affichant la fermeté des États-Unis face à la Chine font partie des rares sujets qui rassemblent à droite comme à gauche au Congrès, surtout après la destruction d'un ballon chinois supposé espion.
De nombreux élus américains considèrent la plateforme de vidéos courtes et virales comme une menace pour la sécurité nationale.
Ils craignent, tout comme un nombre croissant de gouvernements occidentaux, que Pékin ne puisse accéder aux données d'utilisateurs du monde entier via cette application, ce que TikTok nie depuis des années.
Lundi soir, la Maison Blanche a ordonné aux institutions fédérales de s'assurer que TikTok disparaisse de leurs smartphones sous 30 jours, en application d'une loi ratifiée début janvier par Joe Biden.
TikTok a estimé que cette interdiction relevait du "théâtre politique", et regretté que "cette approche soit copiée par d'autres gouvernements dans le monde", d'après un porte-parole de la plateforme.
La Commission européenne et le gouvernement canadien ont récemment pris des décisions similaires pour les téléphones portables de leurs fonctionnaires et le parlement danois a annoncé mardi avoir demandé aux députés et au personnel de supprimer l'application de leurs appareils.
TikTok a déclaré regretter la décision américaine, qualifiée de "théâtre politique" (AFP)
Le gouvernement américain va "continuer à examiner d'autres mesures" possibles, a indiqué mardi Olivia Dalton, une porte-parole de l'exécutif, "y compris comment travailler avec le Congrès sur ce sujet à l'avenir".
Interdire l'application reviendrait à "censurer" des millions d'Américains, a protesté TikTok, qui revendique plus d'une centaine de millions d'utilisateurs aux États-Unis.
La puissante association de défense des droits civiques ACLU est aussi opposée à un projet de loi qui "priverait les Américains de leur droit constitutionnel à la liberté d'expression", a argumenté une de ses juristes, Jenna Leventoff, citée dans un communiqué.
"Si ce n'était pas aussi inquiétant, ce serait hilarant que les élus américains essaient de faire preuve de +fermeté contre la Chine+ en agissant exactement comme le gouvernement chinois", a de son côté assené Evan Greer, la directrice de l'ONG Fight for the Future.
Elle appelle le Congrès à adopter des lois pour empêcher toutes les plateformes, pas seulement TikTok, de récolter "autant de données personnelles" sur les citoyens.
TikTok et la Maison Blanche ont rappelé qu'un examen était en cours par une agence gouvernementale, le CFIUS, chargée d'évaluer les risques de tout investissement étranger pour la sécurité nationale américaine.
"La façon la plus rapide et la plus efficace de répondre à ces inquiétudes (...) est que le CFIUS adopte l'accord proposé sur lequel nous travaillons avec eux depuis près de deux ans", a affirmé le porte-parole de TikTok.
La Chine a également dénoncé le potentiel bannissement de l'application aux États-Unis (AFP)
L'entreprise stocke les données des utilisateurs américains sur des serveurs situés dans le pays. Elle a admis que des employés basés en Chine y avaient accès, mais dans un cadre strict et limité, et pas le gouvernement chinois.
Mais pour certains élus, le problème va plus loin. Michael McCaul a évoqué le risque que les puissants algorithmes de recommandation des contenus de la plateforme servent à "influencer les jeunes générations".
"TikTok permet au PCC de manipuler et de surveiller ses utilisateurs. C'est comme un ballon espion sur votre téléphone", a-t-il lancé.
Une interdiction totale - comme en Inde depuis 2020 - susciterait la colère de nombreux créateurs de contenus et utilisateurs, "mais nous sommes suffisamment loin de la prochaine élection pour que les gens aient oublié, et qu'une autre appli ait pris le relais", pense Andrew Selepak, professeur spécialiste des médias et des technologies à l'université de Floride.
"TikTok a déjà été banni par les agences fédérales, des universités, des partis politiques, l'armée... Ce serait assez hypocrite de dire que la confidentialité de l'Américain moyen n'est pas aussi importante".
Rémi Amalvy, avec AFP
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