La résilience: cette qualité supposée des Libanais est en train de devenir une calamité tant elle est essorée jusqu’à la dernière goutte, mise à l’épreuve au quotidien par ces usurpateurs du pouvoir, les destructeurs connus du système. Poussée ainsi à l’extrême, la résilience est en passe de tourner en mithridatisation. Un terme bizarre déterré du dictionnaire par le penseur français Jacques Attali, dans un article récent sur les malheurs du monde, paru dans le quotidien Les Échos. De quoi s’agit-il?
D’après le Larousse, ce terme veut dire «l’immunité à l’égard des poisons, acquise par accoutumance progressive». Mais l’Histoire en dit plus, lui donnant une dimension plus macabre. C’est la légende de ce roi antique grec, Mithridate, supposé avoir tenté de s'immuniser contre tout poison en ingurgitant des petites doses à intervalles réguliers. La légende veut que, lorsque, vaincu, il s'empoisonna, il n'en mourut pas (et dut demander à ses gardes de le poignarder!). Est-ce qu’on est en passe d’atteindre ce stade suicidaire alors que des vautours prévoient chaque jour l’apocalypse final imminent?
Le secteur public, déjà atteint d’une tare génétique à la base, s’y est allègrement installé, en suicidant tous les services dont il a la charge: éducation, santé, justice, cadastre… plus rien n’échappe à ce suicide collectif qu’il a orchestré, et qu'il continue de peaufiner tous les jours un peu plus.
Reste le secteur privé, qui, bizarrement, continue de tirer les sonnettes d’alarme, que personne n’écoute, pour ne pas en arriver là. Cela dure depuis des mois et des années, alors que le pouvoir semble attendre à chaque fois de savoir ce que ce secteur appréhende comme poison, pour se hâter à l’injecter.
Dans l’histoire récente, il en a été ainsi des initiatives les plus meurtrières pour l’économie: l’échelle des salaires; le refus des réformes; le défaut de paiement des dettes; l’électricité; les subventions calamiteuses; la contrebande; les coups de semonce au secteur financier. Pour finir avec le vacuum constitutionnel abyssal. Autant d’alertes à la bombe lancées par le secteur privé, et autant d’initiatives étatiques qui rajoutent à chaque fois une dose de poison.
Mais est-ce que le secteur privé a été en fin de compte immunisé contre ces poisons inoculés avec une cadence de métronome, ou finira-t-il comme le roi Mithridate? Prenons les banques. Leur association a bien dit que ces établissements sont prêts à contribuer aux efforts de redressement, mais refusent de signer leur propre mort. Le pouvoir comprend alors qu’il faut les poignarder pour en finir. Une façon de contourner cette maudite mithridatisation dans sa définition lexicale, stade suprême de la résilience.
Mais ce n’est pas parce que le secteur bancaire est continuellement sous les feux de la rampe que les autres secteurs sont épargnés, ou moins visés par la même lame du poignard. Maintenant qu’ils en sont conscients, on le suppose, ils refusent, eux aussi, de se suicider et poursuivent leur besogne de survie contre tempête et tsunami. Une tâche de plus en plus ardue certes, mais menée avec une obstination poussée à l’extrême. M. Mithridate n’aura pas le dernier mot.
D’après le Larousse, ce terme veut dire «l’immunité à l’égard des poisons, acquise par accoutumance progressive». Mais l’Histoire en dit plus, lui donnant une dimension plus macabre. C’est la légende de ce roi antique grec, Mithridate, supposé avoir tenté de s'immuniser contre tout poison en ingurgitant des petites doses à intervalles réguliers. La légende veut que, lorsque, vaincu, il s'empoisonna, il n'en mourut pas (et dut demander à ses gardes de le poignarder!). Est-ce qu’on est en passe d’atteindre ce stade suicidaire alors que des vautours prévoient chaque jour l’apocalypse final imminent?
Le secteur public, déjà atteint d’une tare génétique à la base, s’y est allègrement installé, en suicidant tous les services dont il a la charge: éducation, santé, justice, cadastre… plus rien n’échappe à ce suicide collectif qu’il a orchestré, et qu'il continue de peaufiner tous les jours un peu plus.
Reste le secteur privé, qui, bizarrement, continue de tirer les sonnettes d’alarme, que personne n’écoute, pour ne pas en arriver là. Cela dure depuis des mois et des années, alors que le pouvoir semble attendre à chaque fois de savoir ce que ce secteur appréhende comme poison, pour se hâter à l’injecter.
Dans l’histoire récente, il en a été ainsi des initiatives les plus meurtrières pour l’économie: l’échelle des salaires; le refus des réformes; le défaut de paiement des dettes; l’électricité; les subventions calamiteuses; la contrebande; les coups de semonce au secteur financier. Pour finir avec le vacuum constitutionnel abyssal. Autant d’alertes à la bombe lancées par le secteur privé, et autant d’initiatives étatiques qui rajoutent à chaque fois une dose de poison.
Mais est-ce que le secteur privé a été en fin de compte immunisé contre ces poisons inoculés avec une cadence de métronome, ou finira-t-il comme le roi Mithridate? Prenons les banques. Leur association a bien dit que ces établissements sont prêts à contribuer aux efforts de redressement, mais refusent de signer leur propre mort. Le pouvoir comprend alors qu’il faut les poignarder pour en finir. Une façon de contourner cette maudite mithridatisation dans sa définition lexicale, stade suprême de la résilience.
Mais ce n’est pas parce que le secteur bancaire est continuellement sous les feux de la rampe que les autres secteurs sont épargnés, ou moins visés par la même lame du poignard. Maintenant qu’ils en sont conscients, on le suppose, ils refusent, eux aussi, de se suicider et poursuivent leur besogne de survie contre tempête et tsunami. Une tâche de plus en plus ardue certes, mais menée avec une obstination poussée à l’extrême. M. Mithridate n’aura pas le dernier mot.
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