Christine Angot a été élue mardi membre de l'Académie Goncourt, qui remet chaque année le plus prestigieux prix de la littérature française, tel que l’a annoncé l’Académie sur son compte Twitter. À 64 ans, elle succède ainsi à Patrick Rambaud, 76 ans, et siègera en tant que 4e femme jurée à la prochaine réunion de l'Académie Goncourt le 4 avril 2023.
L’auteure rebelle, aux interventions médiatiques éruptives affronte ses interlocuteurs comme elle écrit : droit dans l’œil. En effet, Christine Angot «ne mâche pas ses mots». Ses écrits sont bruts, loin des demi-mots. Elle donne son avis, noir sur blanc, en face à face, sans jamais broncher… quitte à quitter le plateau lorsqu’elle se sent offusquée par ce qu’elle juge «léger.»
Lauréate du Prix Médicis en 2021 pour son roman Le Voyage dans l'Est, qui traite de la douleur liée à l'inceste, sujet de plusieurs de ses romans, Christine Angot fait désormais partie des dix jurés de l’Académie Goncourt, dont quatre femmes. Outre Christine Angot, figurent les écrivaines Camille Laurens, Paule Constant et Françoise Chandernagor. De son côté, Patrick Rambaud, Prix Goncourt pour La Bataille, paru chez Grasset en 1997, qui cède son siège "en raison de son état de santé", devient membre honoraire de l'Académie Goncourt, présidée par Didier Decoin depuis janvier 2020.
Née en 1959, Christine Angot a été élevée par sa mère, après l'échec du couple de ses parents, comme elle le raconte dans Un amour impossible, 2015, porté à l'écran par Catherine Corsini, avec Virginie Efira. À 13 ans, tout comme elle le relate maintes fois dans ses romans, réapparaît son père, un homme jusqu'alors absent de sa vie, qui décide tardivement de lui léguer son nom. Étudiante en droit, elle est détruite par un dernier inceste, et n'exercera jamais dans ce domaine. La littérature est une vocation qu'elle découvre à un moment de désespoir. "C'est ma passion", affirme-t-elle.
En effet, son père, intellectuel polyglotte, se révèle être un violeur. Il abusera d'elle, et la tiendra sous son emprise jusqu'à ses 26 ans, quand elle coupera les ponts avec lui. Comme elle le raconte dans Le Voyage dans l'Est, vu comme son livre le plus lumineux, le contraste frappe entre l'impunité dont a joui cet homme, qui a brillé comme fonctionnaire international, père de famille, notable de Strasbourg, et les blessures de sa fille, écorchée vive. Elle atteste : «Pour écrire un livre, il faut vivre dedans. Écrire pour que le réel trouve une forme. Quand la forme est là, c'est une grande satisfaction. Mais vivre dedans n'est pas de tout repos. Il y a une satisfaction à y parvenir, jour après jour. Pour moi vivre dans un livre est la plus grande des joies. Et quand je n'arrive pas à entrer dans un livre, la vie m'intéresse beaucoup moins.»
Son désir d'écrire naît donc comme une forme thérapeutique. Serait-il une forme de vengeance? De sublimation? Pourquoi mettre des étiquettes sur celle qui ne s’est jamais autocensurée dans ses romans? Christine Angot est connue pour son écriture crue, érotique, qui va au-delà du «politiquement correct», bousculant tout code social, narguant les non-dits. Ainsi, elle écrit: “Prendre le pouvoir, avoir le dessus. Et maintenant, je l'ai. Moi j'ai le dessus sur l'inceste. Le pouvoir, le pénis sadique, ça y est, grâce au stylo dans la main sûrement, essentiellement.”
Ses premières œuvres n'obtiennent qu'un succès d'estime. Mais avec L'Inceste en 1999, son talent éclate. Ce sera encore plus vrai avec un roman lourd des descriptions des relations sexuelles avec son père, Une semaine de vacances, en 2012. Le marché des amants en 2008 lui a valu une critique sévère, mais elle s’en est peu souciée, le seul et ultime but pour elle étant de remplir ses pages blanches, armée de son stylo. Austère pour donner le change, détestant se faire photographier et absente des mondanités, elle exprime l'essentiel de sa vérité dans son œuvre, qu'elle commente peu mais fait découvrir lors de lectures publiques.
Marie-Christine Tayah, avec AFP
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L’auteure rebelle, aux interventions médiatiques éruptives affronte ses interlocuteurs comme elle écrit : droit dans l’œil. En effet, Christine Angot «ne mâche pas ses mots». Ses écrits sont bruts, loin des demi-mots. Elle donne son avis, noir sur blanc, en face à face, sans jamais broncher… quitte à quitter le plateau lorsqu’elle se sent offusquée par ce qu’elle juge «léger.»
Lauréate du Prix Médicis en 2021 pour son roman Le Voyage dans l'Est, qui traite de la douleur liée à l'inceste, sujet de plusieurs de ses romans, Christine Angot fait désormais partie des dix jurés de l’Académie Goncourt, dont quatre femmes. Outre Christine Angot, figurent les écrivaines Camille Laurens, Paule Constant et Françoise Chandernagor. De son côté, Patrick Rambaud, Prix Goncourt pour La Bataille, paru chez Grasset en 1997, qui cède son siège "en raison de son état de santé", devient membre honoraire de l'Académie Goncourt, présidée par Didier Decoin depuis janvier 2020.
Née en 1959, Christine Angot a été élevée par sa mère, après l'échec du couple de ses parents, comme elle le raconte dans Un amour impossible, 2015, porté à l'écran par Catherine Corsini, avec Virginie Efira. À 13 ans, tout comme elle le relate maintes fois dans ses romans, réapparaît son père, un homme jusqu'alors absent de sa vie, qui décide tardivement de lui léguer son nom. Étudiante en droit, elle est détruite par un dernier inceste, et n'exercera jamais dans ce domaine. La littérature est une vocation qu'elle découvre à un moment de désespoir. "C'est ma passion", affirme-t-elle.
En effet, son père, intellectuel polyglotte, se révèle être un violeur. Il abusera d'elle, et la tiendra sous son emprise jusqu'à ses 26 ans, quand elle coupera les ponts avec lui. Comme elle le raconte dans Le Voyage dans l'Est, vu comme son livre le plus lumineux, le contraste frappe entre l'impunité dont a joui cet homme, qui a brillé comme fonctionnaire international, père de famille, notable de Strasbourg, et les blessures de sa fille, écorchée vive. Elle atteste : «Pour écrire un livre, il faut vivre dedans. Écrire pour que le réel trouve une forme. Quand la forme est là, c'est une grande satisfaction. Mais vivre dedans n'est pas de tout repos. Il y a une satisfaction à y parvenir, jour après jour. Pour moi vivre dans un livre est la plus grande des joies. Et quand je n'arrive pas à entrer dans un livre, la vie m'intéresse beaucoup moins.»
Son désir d'écrire naît donc comme une forme thérapeutique. Serait-il une forme de vengeance? De sublimation? Pourquoi mettre des étiquettes sur celle qui ne s’est jamais autocensurée dans ses romans? Christine Angot est connue pour son écriture crue, érotique, qui va au-delà du «politiquement correct», bousculant tout code social, narguant les non-dits. Ainsi, elle écrit: “Prendre le pouvoir, avoir le dessus. Et maintenant, je l'ai. Moi j'ai le dessus sur l'inceste. Le pouvoir, le pénis sadique, ça y est, grâce au stylo dans la main sûrement, essentiellement.”
Ses premières œuvres n'obtiennent qu'un succès d'estime. Mais avec L'Inceste en 1999, son talent éclate. Ce sera encore plus vrai avec un roman lourd des descriptions des relations sexuelles avec son père, Une semaine de vacances, en 2012. Le marché des amants en 2008 lui a valu une critique sévère, mais elle s’en est peu souciée, le seul et ultime but pour elle étant de remplir ses pages blanches, armée de son stylo. Austère pour donner le change, détestant se faire photographier et absente des mondanités, elle exprime l'essentiel de sa vérité dans son œuvre, qu'elle commente peu mais fait découvrir lors de lectures publiques.
Marie-Christine Tayah, avec AFP
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