Le président de la République Michel Aoun s’est adressé à la Nation lundi soir lors d’une intervention télévisée dans laquelle il s’est abstenu de citer les responsables du blocage politique par leurs noms et a veillé à se dissocier de toutes les crises que traverse le pays.
Le président de la République Michel Aoun a prononcé un discours d’une dizaine de minutes lundi soir, axé sur trois grandes lignes : la stratégie défensive, la décentralisation administrative et financière élargie et le redressement économique. M. Aoun a aussi dénoncé les tensions et les ingérences dans les affaires des pays arabes et des Etats du Golfe qui desservent l’intérêt du Liban, soulignant en outre la nécessité d’élaborer une stratégie de défense qui soit du ressort exclusif de l’État libanais ; il a enfin appelé à un dialogue national dans les plus brefs délais.
Ce discours s’inscrit dans le cadre des remous survenus sur le plan politique après l’échec du deal que le tandem chiite Amal-Hezbollah concoctait en catimini avec le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, dans la perspective d’un déblocage politique et d’une reprise des réunions du Conseil des ministres.
L’intervention du président était supposée mettre les points sur les i et désigner nommément Amal et Hezbollah comme principaux responsables du blocage gouvernemental. C'est du moins les informations qui circulaient à ce propos dans différents milieux locaux. Cependant, l’allocution du président Aoun a été marquée par une certaine complaisance à l'égard du binôme chiite, qui n’a pas été cité directement, ʺpour ne pas susciter de polémique ʺ, selon le neveu du chef de l'Etat et député CPL de Baabda, Alain Aoun. Ce dernier souligne que le président aurait décidé de ne pas désigner du doigt explicitement les deux partis chiites afin de leur ʺtendre la main une dernière fois pour parvenir à débloquer la crise gouvernementale ˮ qui dure depuis octobre dernier.
Cette approche conciliante semble être aussi le fruit de la rencontre qui a eu lieu dimanche soir entre Gebran Bassil et Wafic Safa, le chef de l’appareil sécuritaire du Hezbollah. Leur entretien d’une heure et demie aurait résulté en une promesse de M. Bassil que le ton du discours présidentiel (censé être ferme vis-à-vis du tandem chiite) serait atténué de manière à arrondir les angles avec le parti de Dieu, allié nécessaire du CPL dans la perspective des élections législatives et présidentielle, comme l’a rapporté la chaîne MTV. L’accord de Mar Mikhaël résisterait encore, contre vents et marées, en dépit des apparences trompeuses.
Le discours du président a été sévèrement critiqué. Pour certains, il revêt un caractère ʺmensonger, faible et peu convaincant ˮ, comme l’a affirmé le général à la retraite, Maroun Hitti à Ici Beyrouth. Selon lui, ʺM. Aoun s’est inculpé avec ce discours, puisqu’il a refusé de nommer les coupables, et il est devenu, de ce fait, une cause indirecte du blocage politique". "Il faut juger ce discours non pas par ce qui a été dit mais plutôt par ce qui n’a pas été ditʺ, a relevé le général Hitti qui reproche aussi au président d’avoir occulté toutes les fautes de son mandat, accablant ses prédécesseurs et ses adversaires politiques, faisant fi de sa large part de responsabilité. ʺ C’est un capitaine qui a conduit son navire dans des eaux troubles et agitées, et qui décide d’insulter ses marins au lieu de changer de cap ˮ, souligne le général Hitti, faisant allusion au chef de l’État.
Dans le même ordre d’idées, un politologue dénonce, sous le couvert de l’anonymat, dans un entretien avec Ici Beyrouth, la position du président. ʺOn ne peut pas être président sous un « mandat fort » et se retrouver à tenir un discours de société civile vers la fin du mandat présidentiel ! ˮ, relève la source en question. Et de poursuivre : ʺM. Aoun a des prérogatives, contrairement à ce qu’il a pu déclarer. Il a été un président partisan, privilégiant son parti et son alliance politique au détriment de l’ensemble des partis libanais. La politique de confrontation primait sur celle du dialogue. Il a perdu toute crédibilité et c’est maintenant à lui d’en subir les conséquences ˮ.
Pour sa part, l’ancien président de la République Michel Sleiman a répondu au discours du président en déclarant qu’ʺun dialogue qui ne commence pas là où le précédent dialogue s’est terminé n’a pas de crédibilité ", en faisant référence au dialogue auquel il avait lui-même fait appel pour établir une stratégie de défense et de sécurité nationale. Cette démarche avait été boycottée par le Hezbollah avec la couverture du CPL.
Le discours du président Aoun n’a peut-être rien apporté de nouveau, mais il semblerait néanmoins être un préambule à la conférence de presse de son gendre, Gebrane Bassil, prévue le 2 janvier. Le chef du CPL rendra publique sa position au sujet des derniers développements. Il ne restera donc plus qu’à attendre la riposte du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui prononcera un discours lundi prochain, à 18 heures, à l'occasion de la troisième commémoration de l’assassinat du commandant des brigades iraniennes d'el-Quods (Jérusalem), Kassem Suleimani.
Le président de la République Michel Aoun a prononcé un discours d’une dizaine de minutes lundi soir, axé sur trois grandes lignes : la stratégie défensive, la décentralisation administrative et financière élargie et le redressement économique. M. Aoun a aussi dénoncé les tensions et les ingérences dans les affaires des pays arabes et des Etats du Golfe qui desservent l’intérêt du Liban, soulignant en outre la nécessité d’élaborer une stratégie de défense qui soit du ressort exclusif de l’État libanais ; il a enfin appelé à un dialogue national dans les plus brefs délais.
Ce discours s’inscrit dans le cadre des remous survenus sur le plan politique après l’échec du deal que le tandem chiite Amal-Hezbollah concoctait en catimini avec le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, dans la perspective d’un déblocage politique et d’une reprise des réunions du Conseil des ministres.
Une complaisance à peine dissimulée
L’intervention du président était supposée mettre les points sur les i et désigner nommément Amal et Hezbollah comme principaux responsables du blocage gouvernemental. C'est du moins les informations qui circulaient à ce propos dans différents milieux locaux. Cependant, l’allocution du président Aoun a été marquée par une certaine complaisance à l'égard du binôme chiite, qui n’a pas été cité directement, ʺpour ne pas susciter de polémique ʺ, selon le neveu du chef de l'Etat et député CPL de Baabda, Alain Aoun. Ce dernier souligne que le président aurait décidé de ne pas désigner du doigt explicitement les deux partis chiites afin de leur ʺtendre la main une dernière fois pour parvenir à débloquer la crise gouvernementale ˮ qui dure depuis octobre dernier.
Cette approche conciliante semble être aussi le fruit de la rencontre qui a eu lieu dimanche soir entre Gebran Bassil et Wafic Safa, le chef de l’appareil sécuritaire du Hezbollah. Leur entretien d’une heure et demie aurait résulté en une promesse de M. Bassil que le ton du discours présidentiel (censé être ferme vis-à-vis du tandem chiite) serait atténué de manière à arrondir les angles avec le parti de Dieu, allié nécessaire du CPL dans la perspective des élections législatives et présidentielle, comme l’a rapporté la chaîne MTV. L’accord de Mar Mikhaël résisterait encore, contre vents et marées, en dépit des apparences trompeuses.
Un discours sévèrement critiqué
Le discours du président a été sévèrement critiqué. Pour certains, il revêt un caractère ʺmensonger, faible et peu convaincant ˮ, comme l’a affirmé le général à la retraite, Maroun Hitti à Ici Beyrouth. Selon lui, ʺM. Aoun s’est inculpé avec ce discours, puisqu’il a refusé de nommer les coupables, et il est devenu, de ce fait, une cause indirecte du blocage politique". "Il faut juger ce discours non pas par ce qui a été dit mais plutôt par ce qui n’a pas été ditʺ, a relevé le général Hitti qui reproche aussi au président d’avoir occulté toutes les fautes de son mandat, accablant ses prédécesseurs et ses adversaires politiques, faisant fi de sa large part de responsabilité. ʺ C’est un capitaine qui a conduit son navire dans des eaux troubles et agitées, et qui décide d’insulter ses marins au lieu de changer de cap ˮ, souligne le général Hitti, faisant allusion au chef de l’État.
Dans le même ordre d’idées, un politologue dénonce, sous le couvert de l’anonymat, dans un entretien avec Ici Beyrouth, la position du président. ʺOn ne peut pas être président sous un « mandat fort » et se retrouver à tenir un discours de société civile vers la fin du mandat présidentiel ! ˮ, relève la source en question. Et de poursuivre : ʺM. Aoun a des prérogatives, contrairement à ce qu’il a pu déclarer. Il a été un président partisan, privilégiant son parti et son alliance politique au détriment de l’ensemble des partis libanais. La politique de confrontation primait sur celle du dialogue. Il a perdu toute crédibilité et c’est maintenant à lui d’en subir les conséquences ˮ.
Pour sa part, l’ancien président de la République Michel Sleiman a répondu au discours du président en déclarant qu’ʺun dialogue qui ne commence pas là où le précédent dialogue s’est terminé n’a pas de crédibilité ", en faisant référence au dialogue auquel il avait lui-même fait appel pour établir une stratégie de défense et de sécurité nationale. Cette démarche avait été boycottée par le Hezbollah avec la couverture du CPL.
Le discours du président Aoun n’a peut-être rien apporté de nouveau, mais il semblerait néanmoins être un préambule à la conférence de presse de son gendre, Gebrane Bassil, prévue le 2 janvier. Le chef du CPL rendra publique sa position au sujet des derniers développements. Il ne restera donc plus qu’à attendre la riposte du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui prononcera un discours lundi prochain, à 18 heures, à l'occasion de la troisième commémoration de l’assassinat du commandant des brigades iraniennes d'el-Quods (Jérusalem), Kassem Suleimani.
Lire aussi
Commentaires