Talibans au pouvoir en Afghanistan, répression massive de la contestation provoquée en Iran par la mort de Mahsa Amini, remise en cause du droit à l'avortement aux Etats-Unis, conséquences de la guerre en Ukraine sur les femmes: les motifs de mobilisation sont nombreux. Les femmes "restent les premières victimes des guerres et sous-représentées dans les négociations diplomatiques", ont dénoncé mardi des responsables officielles devant le Conseil de sécurité de l'ONU.
Des militantes du parti Jamaat-e-Islami (JI) tiennent des pancartes et des drapeaux du parti alors qu'ils défilent lors d'un rassemblement pour marquer la Journée internationale de la femme à Lahore. (AFP)
Luttes afghanes, luttes iraniennes
"L'égalité entre les sexes s'éloigne de plus en plus" et qu'"au rythme actuel, (l'organisation) ONU Femmes la fixe à dans 300 ans", a déploré lundi le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, prenant l'exemple de l'Afghanistan où "les femmes et les filles ont été effacées de la vie publique".
"L'Afghanistan sous les talibans reste le pays le plus répressif au monde quant au droits des femmes", a dénoncé la cheffe de la Mission d'assistance des Nations unies en Afghanistan (Manua), Rosa Otounbaïeva, appelant les talibans à mettre fin "immédiatement" aux "restrictions draconniennes".
Women and girls everywhere are demanding their rights - and their words reverberate around the world.
Investing in women and girls is the surest way to uplift all people, all communities and all countries.#InternationalWomensDay pic.twitter.com/CM0v9uvfgp
— António Guterres (@antonioguterres)Women and girls everywhere are demanding their rights - and their words reverberate around the world.
Investing in women and girls is the surest way to uplift all people, all communities and all countries.#InternationalWomensDay pic.twitter.com/CM0v9uvfgp— António Guterres (@antonioguterres) March 8, 2023
Les universités ont rouvert dans ce pays lundi après la longue coupure hivernale, mais seuls les hommes ont pu passer leur seuil, les femmes n'étant plus autorisées à étudier depuis le retour au pouvoir des talibans en août 2021. Démarche symbolique et inédite à la veille du 8 mars, l'UE a adopté des sanctions contre le ministre taliban de l'Enseignement supérieur Neda Mohammad Nadeem, "responsable de la violation généralisée du droit des femmes à l'éducation".
Ailleurs dans le monde, des manifestations ont été en revanche interdites comme à Lahore, dans l'est du Pakistan, pays conservateur et patriarcal, où les autorités ont justifié leur décision par les "panneaux et bannières controversés" brandis par les manifestantes abordant des sujets souvent tabous comme le divorce, le harcèlement sexuel ou les menstruations.
Les navetteurs voyageant dans un wagon pour femmes d'un train local exécutent des postures de yoga tout en suivant un cours de yoga dirigé par un instructeur (non illustré) à l'occasion de la Journée internationale de la femme à Mumbai. (AFP)
Marée violette aux Amériques
À Cuba, faute de pouvoir manifester librement, les organisations féministes indépendantes contourneront pour leur part les célébrations officielles en se mobilisant via une "manifestation virtuelle" sur les réseaux sociaux où elles sensibiliseront notamment sur les féminicides.
Au Mexique, c'est sous les slogans "Plus une seule femme assassinée" et "Contre la violence masculine et le travail précaire" que les manifestants défileront dans les principales villes du pays, où 969 féminicides ont été recensés en 2022, selon les chiffres officiels. En Colombie, des rassemblements sont prévus pour réclamer des mesures contre l'augmentation du nombre de féminicides, passé de 182 en 2020 à 614 l'année dernière, selon les données du ministère public.
Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken et la Première dame Jill Biden vont remettre à Washington le prix de la contribution "à un meilleur avenir" à "onze femmes extraordinaires du monde entier". Les féministes se mobiliseront aussi tout particulièrement pour défendre le droit à l'avortement, remis en cause en particulier aux Etats-Unis par la décision de la Cour suprême de révoquer en juin l'arrêt "Roe v. Wade" de 1973 garantissant ce droit.
Maxime Pluvinet avec AFP
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