Aux Pays-Bas, une des œuvres les plus célèbres de l’histoire de la peinture, La Jeune Fille à la perle, de Vermeer, a été reproduite en version réalisée à l'aide de l'intelligence artificielle et installée dans un musée néerlandais.
Questionnements sans réponse
L’intelligence artificielle porte déjà le mot «intelligence». Où va le monde à ce train-là? Et où se trouve la limite de toutes les limites? Y aurait-il un jugement de valeur? Et quel serait le critère de jugement commun? Social? Religieux? Culturel? Humain? Artistique? Déjà, entre classique et contemporain, l’art se plie à des normes très différentes ou s’en défait. Qu’est-ce qui relèverait de l’éthique? Et existerait-il pour autant une seule éthique universelle?
La Jeune Fille à la perle… à quelques détails près
À première vue, on retrouve la luminosité si caractéristique du tableau original et le regard emblématique de la jeune fille, mais à y regarder de plus près, des détails étranges sautent aux yeux.
Cette jeune fille n'a pas qu'une boucle d'oreille, mais deux, une à chaque oreille, étincelantes. Des taches de rousseur d'une nuance de rouge un peu inhumaine jonchent son visage.
L'œuvre version intelligence artificielle (IA) fait partie d'une exposition au musée Mauritshuis de La Haye, rassemblant des reproductions de La Jeune Fille à la perle de Vermeer (1665), actuellement prêtée au Rijksmuseum d'Amsterdam pour une rétrospective événement sur le peintre néerlandais.
La décision de l'exposer a suscité la controverse aux Pays-Bas et sur les réseaux sociaux: l'IA a-t-elle sa place dans un musée comme le Mauritshuis qui rassemble notamment des œuvres classiques de Vermeer et de Rembrandt? «C'est controversé, donc les gens sont pour ou contre», observe Boris de Munnick, attaché de presse du Mauritshuis. «Les personnes qui ont sélectionné l'œuvre l'ont appréciée. Elles savaient bien que c'était de l'IA. Cependant, nous avons aimé cette création. Par conséquent, nous l'avons choisie et accrochée», explique-t-il.
Avis de créateurs mitigés
Julian van Dieken, créateur numérique basé à Berlin, a réalisé le visuel pour le concours Ma fille à la perle du Mauritshuis, invitant les gens à envoyer leur version du célèbre tableau. Il a utilisé l'outil d'IA Midjourney, capable de générer des images complexes à l'aide de millions d'images provenant d'Internet et de Photoshop. Son image a été sélectionnée parmi les cinq créations – sur les 3.482 soumises – exposées dans la pièce où trône habituellement la vraie Jeune Fille à la perle. «C'est surréaliste de la voir dans un musée», a écrit Julian van Dieken sur Instagram. Les participants au concours, âgés de trois à 94 ans, ont utilisé toutes sortes d'outils et d'objets tels que des crayons, de la peinture, du textile et même de la salade et des fleurs.
La sélection d'une image générée par l'IA a fait des remous. L'artiste néerlandaise Iris Compiet a déclaré sur la page Instagram de l'exposition du musée que c'était «une honte et une insulte incroyable», un avis partagé par des dizaines d'autres internautes. «C'est une insulte à l'héritage de Vermeer et à tout artiste en activité. Venant d'un musée, c'est une vraie gifle», a fustigé Mme Compiet, comparant l'image au monstre de Frankenstein. Elle estime que les outils d'IA violent le droit d'auteur d'autres artistes, en utilisant leurs œuvres comme base pour des images générées artificiellement, et se servent de photos d'internautes. Il s'agit d'une «technologie contraire à l'éthique», estime l'artiste Eva Toorenent, qui œuvre pour la régulation de l'IA. «Sans le travail d'artistes humains, ce programme ne pourrait tout simplement pas générer d'œuvres», a-t-elle déclaré, citée par le quotidien néerlandais De Volkskrant.
Art ou pas art, telle est la question…
«C'est une question si difficile, qu'est-ce qui est de l'art et qu'est-ce qui ne l'est pas?», s'interroge Boris de Munnick, ajoutant que le Mauritshuis n'avait pas délibérément cherché à ouvrir le débat. «Nous pensons que c'est une belle image, nous pensons que c'est un processus créatif» et «nous ne sommes pas le (genre de) musée à discuter si l'IA a sa place dans un musée d'art», ajoute-t-il. Quant aux taches de rousseur sur la version IA de La Jeune Fille à la perle, elles sont, vues de près, un peu effrayantes », admet-il. Les visiteurs sont divisés, selon lui : «Les plus jeunes ont tendance à dire, c'est de l'intelligence artificielle, rien de nouveau», tandis que les plus âgés disent préférer «les peintures plus traditionnelles».
Marie-Christine Tayah avec AFP.
Instagram: @mariechristine.tayah
Questionnements sans réponse
L’intelligence artificielle porte déjà le mot «intelligence». Où va le monde à ce train-là? Et où se trouve la limite de toutes les limites? Y aurait-il un jugement de valeur? Et quel serait le critère de jugement commun? Social? Religieux? Culturel? Humain? Artistique? Déjà, entre classique et contemporain, l’art se plie à des normes très différentes ou s’en défait. Qu’est-ce qui relèverait de l’éthique? Et existerait-il pour autant une seule éthique universelle?
La Jeune Fille à la perle… à quelques détails près
À première vue, on retrouve la luminosité si caractéristique du tableau original et le regard emblématique de la jeune fille, mais à y regarder de plus près, des détails étranges sautent aux yeux.
Cette jeune fille n'a pas qu'une boucle d'oreille, mais deux, une à chaque oreille, étincelantes. Des taches de rousseur d'une nuance de rouge un peu inhumaine jonchent son visage.
L'œuvre version intelligence artificielle (IA) fait partie d'une exposition au musée Mauritshuis de La Haye, rassemblant des reproductions de La Jeune Fille à la perle de Vermeer (1665), actuellement prêtée au Rijksmuseum d'Amsterdam pour une rétrospective événement sur le peintre néerlandais.
La décision de l'exposer a suscité la controverse aux Pays-Bas et sur les réseaux sociaux: l'IA a-t-elle sa place dans un musée comme le Mauritshuis qui rassemble notamment des œuvres classiques de Vermeer et de Rembrandt? «C'est controversé, donc les gens sont pour ou contre», observe Boris de Munnick, attaché de presse du Mauritshuis. «Les personnes qui ont sélectionné l'œuvre l'ont appréciée. Elles savaient bien que c'était de l'IA. Cependant, nous avons aimé cette création. Par conséquent, nous l'avons choisie et accrochée», explique-t-il.
Avis de créateurs mitigés
Julian van Dieken, créateur numérique basé à Berlin, a réalisé le visuel pour le concours Ma fille à la perle du Mauritshuis, invitant les gens à envoyer leur version du célèbre tableau. Il a utilisé l'outil d'IA Midjourney, capable de générer des images complexes à l'aide de millions d'images provenant d'Internet et de Photoshop. Son image a été sélectionnée parmi les cinq créations – sur les 3.482 soumises – exposées dans la pièce où trône habituellement la vraie Jeune Fille à la perle. «C'est surréaliste de la voir dans un musée», a écrit Julian van Dieken sur Instagram. Les participants au concours, âgés de trois à 94 ans, ont utilisé toutes sortes d'outils et d'objets tels que des crayons, de la peinture, du textile et même de la salade et des fleurs.
La sélection d'une image générée par l'IA a fait des remous. L'artiste néerlandaise Iris Compiet a déclaré sur la page Instagram de l'exposition du musée que c'était «une honte et une insulte incroyable», un avis partagé par des dizaines d'autres internautes. «C'est une insulte à l'héritage de Vermeer et à tout artiste en activité. Venant d'un musée, c'est une vraie gifle», a fustigé Mme Compiet, comparant l'image au monstre de Frankenstein. Elle estime que les outils d'IA violent le droit d'auteur d'autres artistes, en utilisant leurs œuvres comme base pour des images générées artificiellement, et se servent de photos d'internautes. Il s'agit d'une «technologie contraire à l'éthique», estime l'artiste Eva Toorenent, qui œuvre pour la régulation de l'IA. «Sans le travail d'artistes humains, ce programme ne pourrait tout simplement pas générer d'œuvres», a-t-elle déclaré, citée par le quotidien néerlandais De Volkskrant.
Art ou pas art, telle est la question…
«C'est une question si difficile, qu'est-ce qui est de l'art et qu'est-ce qui ne l'est pas?», s'interroge Boris de Munnick, ajoutant que le Mauritshuis n'avait pas délibérément cherché à ouvrir le débat. «Nous pensons que c'est une belle image, nous pensons que c'est un processus créatif» et «nous ne sommes pas le (genre de) musée à discuter si l'IA a sa place dans un musée d'art», ajoute-t-il. Quant aux taches de rousseur sur la version IA de La Jeune Fille à la perle, elles sont, vues de près, un peu effrayantes », admet-il. Les visiteurs sont divisés, selon lui : «Les plus jeunes ont tendance à dire, c'est de l'intelligence artificielle, rien de nouveau», tandis que les plus âgés disent préférer «les peintures plus traditionnelles».
Marie-Christine Tayah avec AFP.
Instagram: @mariechristine.tayah
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