Qui, au Liban, n’a pas eu le regard agressé par des montagnes verdoyantes éventrées, des cimes raclées à nu, des sites naturels défigurés par des cratères immondes ? Dans ce pays, l’exploitation des carrières a cessé depuis longtemps d’être un business comme un autre, pour devenir à cause des abus qui caractérisent ce genre d’exploitation assassine de la nature, un des symboles les plus visibles de la corruption endémique au pays du Cèdre.

La répartition des carrières sur l'ensemble du territoire national (carte fournie par l'Office des eaux du Litani)

L’Office des eaux du Litani a publié récemment les résultats d’un recensement des carrières de pierres, de graviers et de sable effectué sur tout le territoire. Chiffres et commentaires à l’appui, ces résultats accompagnent une vidéo dont chaque séquence est une condamnation des autorités qui laissent perdurer un crime aggravant une déforestation galopante et inquiétante au Liban.


Les points rouges représentent les sites des carrières qui contribuent largement à la pollution du Litani (Carte réalisée par Bilal Hassan Alawiyé pour l'Office des eaux du Litani)

Car, comme le relève le rapport de l’Office des eaux du Litani, les textes de loi régularisant l’exploitation des carrières existent et prévoient des sanctions précises contre les contrevenants. Le problème est dans leur non application, ce que l’OEL souligne sans aborder toutefois les causes. Cet organisme étatique ne peut naturellement pas mettre en cause le clientélisme et le népotisme qui sont les principaux responsables du maintien de milliers de carrières illégales et de l’enrichissement illicite de leurs propriétaires. Ces derniers sont soit proches d’hommes politiques influents soit couverts par ces derniers. Saisie par des activistes qui essaient parfois au péril de leur vie de s’opposer au massacre de montagnes, la justice peine souvent à faire prévaloir le droit.
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