«Le temps est venu de purifier notre mémoire des séquelles négatives du passé, si douloureuses soient-elles, et de regarder ensemble vers l’avenir, dans l’esprit du Christ et à la lumière de son Évangile et de l’enseignement des Apôtres». Cette phrase, tirée de la seconde lettre que des Patriarches catholiques d’Orient ont adressé au Peuple de Dieu (1992), aux fidèles de leurs Églises, a été reprise et actualisée au cours de la session annuelle de l’APECL, en novembre dernier.
Dans la lettre de 1992, il était question de la diversité comme «une caractéristique essentielle (…) de l’Orient chrétien». «Cette diversité, précisait le texte, a toujours été une source de richesse pour toute l’Église, quand nous l’avons vécue dans l’unité de la foi et dans la charité». «Malheureusement, ajoute le document, cette diversité s’est transformée en division et séparation à cause des péchés des hommes et de leur éloignement de l’esprit du Christ.» «En Orient, nous serons chrétiens ensemble ou nous ne serons pas, conclut la lettre. (…) Le temps est venu de purifier notre mémoire des séquelles négatives du passé, si douloureuses soient-elles, et de regarder ensemble vers l’avenir, dans l’esprit du Christ et à la lumière de son Évangile et de l’enseignement des Apôtres. »
Aujourd’hui, trente ans plus tard, par où va commencer cette purification si longtemps différée? Par le mot «ensemble», affirme sans hésitation l’ancien évêque maronite de Sarba, Guy Noujeim, que l’Assemblée des patriarches et des évêques catholiques du Liban (APECL) a chargé de présider la commission chargée de mettre en œuvre cette démarche de purification. La commission comprend en outre les évêques Antoine Bou Najem (maronite, Antelias) et Jules Boutros (Syriaque catholique).
« Vie et mort des chrétiens d’Orient » de Jean-Pierre Valognes, un ouvrage de référence, analyse avec pertinence certaines des pesanteurs historiques, religieuses et sociales, qui ont empêché – et empêchent toujours – cet « ensemble » de s’établir.
Il met en cause, plus particulièrement, le système des protectorats mis en place au XIXe siècle à l’origine du « confessionalisme », un phénomène qui a dégradé la richesse de la diversité en «particularisme», et en préservation jalouse des avantages administratifs ou politiques attachés à chaque appartenance communautaire. Le défi est de taille et les Églises orientales continuent de fonctionner comme des appareils administratifs indépendants les uns des autres.
Ceci dit, aussi précieux que soit cet instrument de travail qu’est l’ouvrage de Valognes, il reflète une vue statique de la vie de l’Église. Pour lui, tout repose sur le nombre.
« Y aura-t-il encore des chrétiens en Orient, au troisième millénaire ? Sans doute, mais ils auront cessé de compter, y lit-on en 4e de couverture. Sans le point d’appui qu’était le Liban, où ils marchaient la tête haute, ils ne pourront plus que se modeler sur les valeurs dominantes et cesser, pour survivre, de s’assumer comme chrétiens. L’un des combats les plus longs de l’histoire est bien près d’être perdu».
Notons comment ce livre parle de nous au passé. Le laborieux processus présidentiel en cours semble lui donner raison. La grande peur de perdre le Liban est dans tous les esprits, et sur le plan politique, à nous voir empêtrés dans nos petitesses et nos forfaitures, elle paraît justifiée. Après tout, Constantinople est tombée pendant que ses chrétiens discutaient du sexe des anges. Au Liban, ce sera plus simple : le Liban tombera pendant qu’on cherchera à deviner ce qu’un ambassadeur a voulu dire et qu’à la télé, on sera en train de nous apprendre à faire de la salade de fruits.
Mais si les chrétiens meurent, les Églises ne meurent pas. Elles s’endorment. Elles entrent en catalepsie, mais elles ne meurent pas. La vie qu’elles apportent ne disparait pas. Elle se déplace. Invisible elle surgit ailleurs, à l’image du vent. Elle resurgit quand on ne s’y attend pas et où on ne l’attend pas. Il suffit que quelques-uns la désirent.
Dans la lettre de 1992, il était question de la diversité comme «une caractéristique essentielle (…) de l’Orient chrétien». «Cette diversité, précisait le texte, a toujours été une source de richesse pour toute l’Église, quand nous l’avons vécue dans l’unité de la foi et dans la charité». «Malheureusement, ajoute le document, cette diversité s’est transformée en division et séparation à cause des péchés des hommes et de leur éloignement de l’esprit du Christ.» «En Orient, nous serons chrétiens ensemble ou nous ne serons pas, conclut la lettre. (…) Le temps est venu de purifier notre mémoire des séquelles négatives du passé, si douloureuses soient-elles, et de regarder ensemble vers l’avenir, dans l’esprit du Christ et à la lumière de son Évangile et de l’enseignement des Apôtres. »
Aujourd’hui, trente ans plus tard, par où va commencer cette purification si longtemps différée? Par le mot «ensemble», affirme sans hésitation l’ancien évêque maronite de Sarba, Guy Noujeim, que l’Assemblée des patriarches et des évêques catholiques du Liban (APECL) a chargé de présider la commission chargée de mettre en œuvre cette démarche de purification. La commission comprend en outre les évêques Antoine Bou Najem (maronite, Antelias) et Jules Boutros (Syriaque catholique).
« Vie et mort des chrétiens d’Orient » de Jean-Pierre Valognes, un ouvrage de référence, analyse avec pertinence certaines des pesanteurs historiques, religieuses et sociales, qui ont empêché – et empêchent toujours – cet « ensemble » de s’établir.
Il met en cause, plus particulièrement, le système des protectorats mis en place au XIXe siècle à l’origine du « confessionalisme », un phénomène qui a dégradé la richesse de la diversité en «particularisme», et en préservation jalouse des avantages administratifs ou politiques attachés à chaque appartenance communautaire. Le défi est de taille et les Églises orientales continuent de fonctionner comme des appareils administratifs indépendants les uns des autres.
Ceci dit, aussi précieux que soit cet instrument de travail qu’est l’ouvrage de Valognes, il reflète une vue statique de la vie de l’Église. Pour lui, tout repose sur le nombre.
« Y aura-t-il encore des chrétiens en Orient, au troisième millénaire ? Sans doute, mais ils auront cessé de compter, y lit-on en 4e de couverture. Sans le point d’appui qu’était le Liban, où ils marchaient la tête haute, ils ne pourront plus que se modeler sur les valeurs dominantes et cesser, pour survivre, de s’assumer comme chrétiens. L’un des combats les plus longs de l’histoire est bien près d’être perdu».
Notons comment ce livre parle de nous au passé. Le laborieux processus présidentiel en cours semble lui donner raison. La grande peur de perdre le Liban est dans tous les esprits, et sur le plan politique, à nous voir empêtrés dans nos petitesses et nos forfaitures, elle paraît justifiée. Après tout, Constantinople est tombée pendant que ses chrétiens discutaient du sexe des anges. Au Liban, ce sera plus simple : le Liban tombera pendant qu’on cherchera à deviner ce qu’un ambassadeur a voulu dire et qu’à la télé, on sera en train de nous apprendre à faire de la salade de fruits.
Mais si les chrétiens meurent, les Églises ne meurent pas. Elles s’endorment. Elles entrent en catalepsie, mais elles ne meurent pas. La vie qu’elles apportent ne disparait pas. Elle se déplace. Invisible elle surgit ailleurs, à l’image du vent. Elle resurgit quand on ne s’y attend pas et où on ne l’attend pas. Il suffit que quelques-uns la désirent.
Lire aussi
Commentaires