Depuis l'annonce du projet de réforme judiciaire début janvier, Israël est plongé dans une crise sociale qui se matérialise par des vagues de contestations massives, des violences entre policiers et manifestants et des déclarations successives controversées des personnalités politiques. Il s'agit de l'un des mouvements de mobilisation populaire les plus importants de l'Histoire du pays.
Un annonce qui fait l'effet d'une bombe

Le 4 janvier, le nouveau ministre de la Justice Yariv Levin annonce un projet de réforme de la justice, visant à accroître le pouvoir des élus sur celui des magistrats. Il comprend une clause "dérogatoire" qui permettrait au Parlement d'annuler à la majorité simple une décision de la Cour suprême.

La présentation de ce projet intervient alors que le Premier ministre Benjamin Netanyahu, à la tête d'un des gouvernements les plus à droite de l'histoire du pays, est jugé pour corruption dans plusieurs affaires.
Le peuple investit massivement la rue

Le 7, plusieurs milliers d'Israéliens manifestent à Tel-Aviv contre cette réforme.Le 14, plusieurs dizaines de milliers de personnes se rassemblent à Tel-Aviv pour protester contre la politique de la coalition au pouvoir.

L'ancien Premier ministre Yaïr Lapid se joint le 22 aux quelque 100.000 manifestants (selon les estimations des médias) réunis dans le centre-ville. Devenues hebdomadaires, les manifestations s'étendent à plusieurs autres grandes villes, comme Jérusalem ou Haïfa (nord).
La machine parlementaire ne s'arrête pas

Le 21 février, le Parlement approuve en première lecture deux premières dispositions phares de la réforme. Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Volker Türk, exhorte Israël à "suspendre les modifications législatives proposées".

Police et manifestants s'affrontent le 1er mars à Tel-Aviv.

Le président israélien Isaac Herzog appelle le 9 mars à stopper le processus législatif sur le projet de réforme, le qualifiant de "menace sur les fondements de la démocratie".

Le 11 mars, les manifestations rassemblent selon les médias plus de 100.000 personnes à Tel-Aviv et battent des records à Haïfa et Beersheva (sud), avec respectivement 50.000 et 10.000 personnes.


Le 14 mars, le Parlement adopte en première lecture la clause dérogatoire, disposition la plus contestée du projet.
Au coeur des préoccupations internationales

Isaac Herzog, qui met en garde contre un risque de "guerre civile", présente le 15 mars une ébauche de compromis, mais le gouvernement y oppose une fin de non recevoir. Le 16, le chancelier allemand Olaf Scholz dit suivre "avec une grande inquiétude" les débats.

Le 17, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken estime que parvenir à "un consensus est la meilleure voie à suivre". Deux jours plus tard, le président Joe Biden appelle son homologue israélien à un "compromis".

Le 23, Benjamin Netanyahu s'engage à "mettre fin à la division au sein du peuple", tout en se disant déterminé à faire avancer la réforme. La justice juge "illégale" son intervention, compte tenu de ses procès en cours.
Ministre limogé

Le 25 mars, le ministre israélien de la Défense, Yoav Galant, appelle à une pause d'un mois dans le processus législatif. Il est limogé le lendemain.

Des milliers de manifestants descendent dans les rues à Tel-Aviv, la nuit est marquée par des heurts avec la police.

Les Etats-Unis, "profondément préoccupés" par la situation, appellent à nouveau au "compromis".

Isaac Herzog appelle le 27 le gouvernement à "stopper immédiatement" le travail législatif sur le projet.

La plus grosse centrale syndicale israélienne annonce "une grève générale" immédiate, les vols au départ de l'aéroport international Ben-Gourion sont suspendus.
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