Le Hezbollah ne s’est pas contenté de se rendre en septembre dernier dans plusieurs villages du Akkar pour présenter ses condoléances aux familles des victimes de l’explosion du dépôt de carburants, survenue dans le village de Tleil dans la nuit du 14 au 15 août.
Une délégation du parti chiite avait distribué à l’époque des aides financières aux parents des victimes et des blessés, sur base des directives de son secrétaire général, Hassan Nasrallah. La démarche avait suscité nombre d’interrogations quant à ses motivations et son timing. Aujourd’hui, à la veille des élections législatives, le Hezbollah poursuit sa stratégie de séduction en direction de la rue sunnite, dans l’espoir sans doute d’y recouvrer son prestige d’antan, celui de l’époque où la "résistance" bénéficiait d’un vaste mouvement d’adhésion à sa cause, et plus précisément lors de la libération du Liban-Sud en mai 2000.
Le Hezbollah profite principalement du vide créé par l’absence du chef du courant du Futur, l’ancien Premier ministre Saad Hariri. Des rumeurs, balayées d’un revers par ses partisans, vont bon train sur une volonté de M. Hariri de ne pas se porter candidat aux prochaines législatives. Quoi qu’il en soit, la rue sunnite se sent abandonnée à elle-même dans les conditions de vie économiques et sociales les plus difficiles de l’histoire du pays, qui frappent d’ailleurs de plein fouet toutes les communautés libanaises.
Le Hezbollah profite de l’aubaine et tente d’exploiter le désœuvrement d’une grande partie des membres de la communauté sunnite qui, pour la plupart, est soit dans l’armée, soit dans le secteur public, et dont le pouvoir d’achat s’est complètement effondré. Cependant, le parti chiite est conscient qu’il ne peut ratisser bien large avec les aides financières qu’il dispense. Aussi a-t-il recours, pour cela, à des personnalités sunnites gravitant dans son sillage et qu’il compte soutenir aux prochaines élections législatives. Le Hezb table sur une grande percée au sein de la communauté sunnite si son pari s’avère gagnant.
Un proche du parti chiite affirme ainsi à Ici Beyrouth que, selon les derniers sondages, “environ 40% des citoyens sunnites interrogés sur la popularité du Hezbollah ont exprimé leur soutien à ce dernier". Or ce genre de propos n’est pas sans renforcer les craintes concernant les tentatives du Hezbollah d'effectuer une percée dans ces milieux.
Pour l’écrivain politique Youssef Diab, "il est tout à fait normal que le Hezbollah profite d’une éventuelle décision du courant du Futur de ne pas présenter de candidats aux élections et de l’absence d’un leader sunnite efficace qui soit en mesure de contrer la politique d’entrisme menée par le parti chiite au sein de la communauté sunnite". "Les événements ont permis de créer une brèche par le biais de laquelle le Hezbollah cherche à se faufiler dans la rue sunnite en vue d’y jouer ses cartes", ajoute M. Diab, en soulignant que le parti chiite “finance probablement en catimini des personnalités sunnites qui le soutiennent, ce qui lui permettra de faire ainsi d’une pierre deux coups, contrôler la rue sunnite et grossier le nombre de députés qui lui sont fidèles".
Cependant, Youssef Diab estime qu’il y a loin entre les desseins du Hezbollah et la réalité. "La rue sunnite refuse en bloc de voir le projet du Hezbollah se substituer au haririsme politique et au projet de l’édification d’un État, auquel la majorité des sunnites adhèrent au Liban", dit-il. "L’absence de M. Hariri pourrait produire un effet boomerang contre le Hezbollah, étant donné qu’une grande partie des sunnites tiennent ce dernier pour responsable des divisions internes à la communauté du fait de ses politiques…”, ajoute M. Diab. “Par conséquent, la possibilité de voir les sunnites rallier la dynamique du Hezbollah est écartée. C’est probablement l’inverse qui se produira", souligne-t-il.
Pour l’analyste politique, "si la révolution réussit à dégager un programme clair, la majorité des sunnites votera pour celui-ci au détriment de personnalités proches du Hezbollah, sans pour autant exclure le rôle que pourrait jouer, dans une certaine mesure, les grandes familles politiques sunnites historiques".
De son côté, l’éditorialiste Ali el-Amine, l’un des fers de lance de l’opposition chiite au Hezbollah, n’exclut pas que les propos relatifs à un éventuel report des législatives soient liés au halo de mystère qui entoure la communauté sunnite en raison des hésitations de Saad Hariri, et même de son parti, à prendre part aux prochaines élections. Et d’ajouter, selon des sources proches du courant du Futur, que l’ancien Premier ministre Fouad Siniora, qui a rencontré tout récemment M. Hariri aux Émirats arabes unis, n’aurait pas réussi à le convaincre de ne pas déserter l’arène au moment des élections.
Ali el-Amine estime à Ici Beyrouth que "le Hezbollah s’évertue à éviter les surprises sur la scène sunnite où il fera certainement des percées au niveau électoral, même s’il perdra une force centrale au plan sunnite, celle du ‘zaïm de la communauté’, concept qui constitue l’un des prétextes utilisés par l’unilatéralisme chiite pour s'imposer au sein de l’Etat et des institutions”. “La notion de ‘zaïm de la communauté’ reste l’une des sources qui nourrissent la force de l’unilatéralisme chiite au sein de l’État et de ses institutions", ajoute-t-il.
"L’obsession du Hezbollah est semble-t-il la préservation de l’establishment et du système qu’il incarne, dont il connaît les forces et les faiblesses. De ce fait, tout changement dans la représentation sunnite, quel qu’il soit, ébranlera le système et imposera un tempo différent de celui par le biais duquel le Hezbollah gérait l’équation politique jusqu’à présent, relève Ali el-Amine. Ce qui, au mieux, le placera dans une position moins influente et réduira sa capacité à mobiliser les chiites et à jouer sur la fibre communautaire - et c’est d’ailleurs sa plus grande hantise", conclut-il.
Une délégation du parti chiite avait distribué à l’époque des aides financières aux parents des victimes et des blessés, sur base des directives de son secrétaire général, Hassan Nasrallah. La démarche avait suscité nombre d’interrogations quant à ses motivations et son timing. Aujourd’hui, à la veille des élections législatives, le Hezbollah poursuit sa stratégie de séduction en direction de la rue sunnite, dans l’espoir sans doute d’y recouvrer son prestige d’antan, celui de l’époque où la "résistance" bénéficiait d’un vaste mouvement d’adhésion à sa cause, et plus précisément lors de la libération du Liban-Sud en mai 2000.
Le Hezbollah profite principalement du vide créé par l’absence du chef du courant du Futur, l’ancien Premier ministre Saad Hariri. Des rumeurs, balayées d’un revers par ses partisans, vont bon train sur une volonté de M. Hariri de ne pas se porter candidat aux prochaines législatives. Quoi qu’il en soit, la rue sunnite se sent abandonnée à elle-même dans les conditions de vie économiques et sociales les plus difficiles de l’histoire du pays, qui frappent d’ailleurs de plein fouet toutes les communautés libanaises.
Le Hezbollah profite de l’aubaine et tente d’exploiter le désœuvrement d’une grande partie des membres de la communauté sunnite qui, pour la plupart, est soit dans l’armée, soit dans le secteur public, et dont le pouvoir d’achat s’est complètement effondré. Cependant, le parti chiite est conscient qu’il ne peut ratisser bien large avec les aides financières qu’il dispense. Aussi a-t-il recours, pour cela, à des personnalités sunnites gravitant dans son sillage et qu’il compte soutenir aux prochaines élections législatives. Le Hezb table sur une grande percée au sein de la communauté sunnite si son pari s’avère gagnant.
Un proche du parti chiite affirme ainsi à Ici Beyrouth que, selon les derniers sondages, “environ 40% des citoyens sunnites interrogés sur la popularité du Hezbollah ont exprimé leur soutien à ce dernier". Or ce genre de propos n’est pas sans renforcer les craintes concernant les tentatives du Hezbollah d'effectuer une percée dans ces milieux.
Pour l’écrivain politique Youssef Diab, "il est tout à fait normal que le Hezbollah profite d’une éventuelle décision du courant du Futur de ne pas présenter de candidats aux élections et de l’absence d’un leader sunnite efficace qui soit en mesure de contrer la politique d’entrisme menée par le parti chiite au sein de la communauté sunnite". "Les événements ont permis de créer une brèche par le biais de laquelle le Hezbollah cherche à se faufiler dans la rue sunnite en vue d’y jouer ses cartes", ajoute M. Diab, en soulignant que le parti chiite “finance probablement en catimini des personnalités sunnites qui le soutiennent, ce qui lui permettra de faire ainsi d’une pierre deux coups, contrôler la rue sunnite et grossier le nombre de députés qui lui sont fidèles".
Cependant, Youssef Diab estime qu’il y a loin entre les desseins du Hezbollah et la réalité. "La rue sunnite refuse en bloc de voir le projet du Hezbollah se substituer au haririsme politique et au projet de l’édification d’un État, auquel la majorité des sunnites adhèrent au Liban", dit-il. "L’absence de M. Hariri pourrait produire un effet boomerang contre le Hezbollah, étant donné qu’une grande partie des sunnites tiennent ce dernier pour responsable des divisions internes à la communauté du fait de ses politiques…”, ajoute M. Diab. “Par conséquent, la possibilité de voir les sunnites rallier la dynamique du Hezbollah est écartée. C’est probablement l’inverse qui se produira", souligne-t-il.
Pour l’analyste politique, "si la révolution réussit à dégager un programme clair, la majorité des sunnites votera pour celui-ci au détriment de personnalités proches du Hezbollah, sans pour autant exclure le rôle que pourrait jouer, dans une certaine mesure, les grandes familles politiques sunnites historiques".
De son côté, l’éditorialiste Ali el-Amine, l’un des fers de lance de l’opposition chiite au Hezbollah, n’exclut pas que les propos relatifs à un éventuel report des législatives soient liés au halo de mystère qui entoure la communauté sunnite en raison des hésitations de Saad Hariri, et même de son parti, à prendre part aux prochaines élections. Et d’ajouter, selon des sources proches du courant du Futur, que l’ancien Premier ministre Fouad Siniora, qui a rencontré tout récemment M. Hariri aux Émirats arabes unis, n’aurait pas réussi à le convaincre de ne pas déserter l’arène au moment des élections.
Ali el-Amine estime à Ici Beyrouth que "le Hezbollah s’évertue à éviter les surprises sur la scène sunnite où il fera certainement des percées au niveau électoral, même s’il perdra une force centrale au plan sunnite, celle du ‘zaïm de la communauté’, concept qui constitue l’un des prétextes utilisés par l’unilatéralisme chiite pour s'imposer au sein de l’Etat et des institutions”. “La notion de ‘zaïm de la communauté’ reste l’une des sources qui nourrissent la force de l’unilatéralisme chiite au sein de l’État et de ses institutions", ajoute-t-il.
"L’obsession du Hezbollah est semble-t-il la préservation de l’establishment et du système qu’il incarne, dont il connaît les forces et les faiblesses. De ce fait, tout changement dans la représentation sunnite, quel qu’il soit, ébranlera le système et imposera un tempo différent de celui par le biais duquel le Hezbollah gérait l’équation politique jusqu’à présent, relève Ali el-Amine. Ce qui, au mieux, le placera dans une position moins influente et réduira sa capacité à mobiliser les chiites et à jouer sur la fibre communautaire - et c’est d’ailleurs sa plus grande hantise", conclut-il.
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