Dollar: un yoyo artificiel
Mardi, le taux de change du dollar américain contre la livre libanaise est repassé en dessous de la barre des 100 000 livres après qu’il ait atteint des sommets le 21 mars pour ensuite redescendre subitement en quelques minutes de quelque 35 000 livres. Des fluctuations malheureusement artificielles qui n’ont rien d’économique et ne suivent aucune loi de marché.       

Le taux de change du dollar contre la livre libanaise poursuit son jeu de yoyo. Le 21 mars dernier, ce taux avait franchi le seuil fatidique des 140 000 livres pour un dollar sur le marché parallèle. Quinze jours plus tard, il est repassé sous la barre des 100 000 livres pour un billet vert. Mardi après-midi, il s’échangeait à environ 98 000 livres, selon la plateforme Lirarate. Des hausses et des baisses qui demeurent, toutefois, artificielles et spéculatives.

Des fluctuations hors de contrôle

L’économiste Fouad Zmokhol confirme à Ici Beyrouth que, malheureusement, tout cela est complètement artificiel. Les hausses comme les baisses du taux de change ne sont pas réelles et sont hors de contrôle.

“Ce jeu du dollar est en rapport direct avec les salaires des fonctionnaires puisqu’une partie est payée en dollars au taux bonifié de Sayrafa (60 000 LL). On peut constater qu’à chaque début de mois, de grandes sommes en livres libanaises sont retirées du marché et des dollars y sont injectés. Ce sont les mêmes dollars qui tournent. Nous n’avons pas de nouveaux dollars qui entrent au pays. C’est un jeu politique pour réduire la gronde sociale quand celle-ci commence à augmenter et menace d’être incontrôlable”.


Un taux lié à la demande en dehors des frontières

Pour Nassib Ghobril, économiste en chef de la Byblos Bank, le taux de change du dollar ne reflète pas une vraie valeur et ce, malgré les interventions de la Banque du Liban (BDL).

“Même en dessous de 100 000 livres, le taux sur le marché parallèle reste artificiel et spéculatif. Il est plutôt lié à la demande en dehors des frontières et à la spéculation. Il ne s’agit pas d’une vraie valeur”, explique-t-il.

Et d'ajouter: “Ce qui est certain, c’est qu’il existe des parties qui ne veulent pas que la livre libanaise se revalorise parce qu’elles jouent à spéculer”. Il considère par ailleurs que cette baisse du taux de change du dollar est une conséquence directe de la décision de la Banque du Liban (BDL) d’honorer les demandes des particuliers plutôt que des compagnies sur la plateforme Sayrafa pour l’achat de dollars. De même, “le retrait des salaires des fonctionnaires, au taux bonnifié de Sayrafa, de 60 000 livres libanaises pour un dollar, échangés par la suite contre des livres libanaises sur le marché parallèle, est également, un facteur de baisse. Cela représente une injection de dollars sur le marché libre”, affirme M. Ghobril.

Rappelons que le 21 mars, la livre libanaise s’était fortement dépréciée (140 000 livres pour un dollar) pour se revaloriser (105 000 LL) suite à une intervention du gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé annonçant la vente de devises étrangères par la Banque du Liban au taux de la plateforme électronique Sayrafa.
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