Youssef: «Le tennis fait aussi bien que le basket» (2/2)
©Pour Fady Youssef (premier en partant de la droite sur la photo) les exploits du tennis libanais n’ont rien à envier à ceux du basket. Photo Fédération libanaise de tennis
Suite de l’entretien avec l’entraîneur et capitaine de l’équipe nationale de tennis, Fady Youssef. L’ex-champion du Liban y souligne notamment que les exploits internationaux du tennis libanais n’ont rien à envier à ceux du basket.

Ici Beyrouth: Qu’est-ce qui manque au tennis libanais pour avoir le même succès que le basket?

Fady Youssef: Nous sommes déjà au niveau du basket, si ce n’est pas mieux. Les groupes de Coupe Davis auxquels nous participons sont internationaux. L’organisation du tennis mondial a changé. Avant, il y avait le groupe mondial, suivi de zones continentales. Aujourd’hui, il y a le groupe mondial, suivi de groupes qui sont également mondiaux. La compétition est donc devenue beaucoup plus dure qu’avant. Ce que nous réalisons est donc un exploit. Il y a quatre ans, nous avons atteint la finale de la zone 1, face au Brésil, que nous avons perdue. Le Brésil a donc rejoint le groupe mondial. Il y a deux ans, en finale de la zone 1 contre l’Ouzbékistan, nous avons perdu 3-2 et ils se sont qualifiés pour le groupe mondial où ils ont joué face aux USA.

IB: Que pensez-vous du travail de l’actuelle fédération?

FY: La fédération libanaise de tennis présidée par Oliver Fayçal travaille très bien. Elle soutient toutes les équipes nationales, des plus jeunes à l’équipe première. Fayçal en est le président depuis six ans et son travail a permis de développer le tennis libanais. Le niveau des coachs libanais est très bon. Il nous manque cependant un centre d'entraînement dédié à la fédération libanaise de tennis, où toutes les sélections nationales s’entraîneraient. Cela faciliterait la mise en place de programmes de développement des sportifs.

IB: La fédération libanaise de tennis organise-t-elle assez de compétitions?

FY: Il y a beaucoup plus de compétitions organisées en été qu’en hiver. Cela n'est pas imputable à la fédération, mais aux clubs qui ne souhaitent pas organiser de tournois en hiver à cause des conditions climatiques, sachant que la majorité des terrains de tennis sont en plein air. Les clubs préfèrent consacrer leurs terrains couverts à d’autres usages que des tournois. Le Liban est toutefois le pays arabe qui organise le plus de tournois chaque année, et des tennismans de plusieurs pays arabes viennent chaque année les disputer. Pour les compétitions internationales, nous avons déjà organisé sept compétitions ITF juniors.

IB: Que pensez-vous du niveau de Benjamin Hassan et Hadi Habib?

FY: Leur niveau est très bon, comme le prouvent leurs résultats sportifs. Benjamin Hassan a eu une blessure au genou il y a près d’un an, qu’il a soignée. Aujourd’hui, il va mieux, mais cette blessure a entraîné un recul de son classement. Aujourd’hui, il réitère ses bonnes performances d’avant la blessure pour être classé autour de la 290e place mondiale. La semaine dernière, il a battu un joueur classé 123e mondial dans un tournoi international. Quant à Hady, il s’entraînait en Tunisie etl vient de réemménager au Texas. Ces deux joueurs ont un grand potentiel. Le tennis est un sport individuel qui nécessite un soutien permanent et un investissement financier. Le classement de Benjamin Hassan lui permet de disputer des «challengers», et d'améliorer ainsi son classement. Benjamin a besoin de faire une progression de près de 90 places au classement ATP pour pouvoir disputer les qualifications des tournois du Grand chelem comme l’US Open et Roland-Garros. Franchir ce cap sera très important pour sa carrière. Pour Hady, la donne est plus difficile, car son classement ne lui permet pas de disputer des «challengers». Et, comme le Liban n’organise pas de «challengers», nous sommes dans l’incapacité d’effectuer des accords avec des «challengers» d’autres pays pour lui permettre de participer à ce type de tournois.

IB: Quelles sont les chances de Hassan et Habib d’intégrer le top 100 mondial?


FY: Bien sûr qu’ils ont des chances de faire partie des 100 premiers mondiaux. Mais les choses doivent se faire pas à pas. Ils doivent déjà, dans un premier temps, intégrer le top 200. Avec un soutien financier, l’objectif est atteignable, mais le contexte actuel de crise économique rend cette progression plus difficile.

IB: Quels sont les jeunes talents libanais les plus prometteurs?

FY: Nous avons des talents prometteurs comme Daniel Jad qui a été finaliste aux «Petits as». Nous avons également Zahi Farhat qui a été finaliste de «Tennis Europe». Ces deux sportifs ont 14-15 ans. D'ici à deux ou trios ans, ils devraient jouer un rôle en équipe nationale du Liban.

IB: Qui est selon vous le meilleur tennisman libanais de l’histoire?

FY: Pour déterminer qui est le meilleur joueur libanais de l'histoire, il faut se référer au classement ATP. Et, selon celui-ci, il s’agit de Benjamin Hassan (NDLR : le meilleur classement ATP de Benjamin Hassan a été la 283e place mondiale en septembre 2022).

IB: Quels sont les points forts de Benjamin Hassan et Hady Habib?

FY: Hady a un très bon service et un très bon coup droit, c’est un joueur complet. Pour Benjamin Hassan, ses points forts sont sa grande intelligence de jeu et son aptitude à varier son jeu. Il a également un excellent retour de service.

IB: Quels sont leurs points faibles?

FY: Ils n’en ont pas, et même s’ils en ont, je ne les dévoilerai pas dans les médias.

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