En Irak, une année sabbatique pour Moqtada Sadr?
Moqtada Sadr prend-t-il une année sabbatique? L'incontournable leader chiite irakien a l'habitude de prendre de court ses partisans comme ses adversaires avec ses décisions surprises annoncées sur les réseaux sociaux. Cette fois, le Sayyeda a nnoncé sur Twitter la suspension pendant un an des activités du mouvement sadriste.

L'année dernière, Moqtada Sadr avait assuré sur Twitter se retirer "définitivement" de la politique. Désormais, le trublion de la vie politique irakienne a annoncé cette fois-ci suspendre pour une année au moins la majeure partie des activités de son mouvement. Cette décision intervient alors qu'il s'affiche en héraut du changement et de la lutte contre la corruption des élites politiques
"Partisans de l'affaire"

"Que je sois un réformateur pour l'Irak (...) mais que je n'arrive pas à réformer le courant Sadriste, c'est un pêché", a lancé M. Sadr sur Twitter. "Continuer à la tête du Courant sadriste alors que s'y trouvent Les partisans de l'affaire, certains corrompus, et que sont commis des pêchés nocifs, c'est une question grave", a-t-il souligné.

Car sur les réseaux sociaux, des médias irakiens et des internautes ont partagé une vidéo imputée à un groupuscule obscur, "Les partisans de l'affaire", appelant à "prêter allégeance à l'Imam attendu, Sayyed Moqtada Sadr", faisant ainsi de ce dernier le Mahdi, l'imam caché dont les chiites espèrent le retour. Un juge d'instruction à Bagdad a d'ailleurs émis des mandats d'arrêts à l'encontre de "65 suspects" membres de ce groupuscule, "qui promeut des idées provoquant des dissensions et violant la sécurité de la société", selon un communiqué des autorités judiciaires.

"Geler" son courant

C'est en raison de cette affaire que le leader religieux a annoncé "geler" son courant pour "au moins un an", mais assuré que la mesure ne concernait pas les activités religieuses: ni la prière du vendredi, ni l'"Institution du patrimoine", dédiée à la mémoire de son père, ainsi qu'un autre site religieux du mouvement.

A l'été 2022, en plein bras de fer chiite sur la désignation d'un Premier ministre, M. Sadr avait annoncé son "retrait définitif" de la politique, entraînant des affrontements meurtriers à Bagdad entre ses partisans d'un côté, l'armée et d'anciens paramilitaires chiites de l'autre. Quelques mois plus tôt, alors que son parti dominait le Parlement, il avait pris de court tout le pays en ordonnant à ses 73 députés de démissionner.

Maxime Pluvinet avec AFP
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