Le doute plane encore sur l’impact de l’accord irano-saoudien  
De nombreux scénarios sont envisageables au Moyen-Orient et dans le Golfe à la suite de l'accord signé entre l'Arabie saoudite et l'Iran, compte tenu de ses conséquences et ses résultats escomptés. La renaissance de la région est-elle possible dans ce contexte, ou bien l'exportation de la révolution islamique va-t-elle perdurer là où cela est jugé nécessaire ou possible ?

Il est évident que des mesures pratiques doivent être mises en place. Cependant, les mesures déjà prises au Yémen laissent entrevoir un optimisme prudent.

Dans le prolongement de cet accord, force est de noter le discours modéré et tempéré des Saoudiens; tandis que Téhéran se fond en bonnes intentions, en adoptant un ton positif, ouvert aux possibilités de paix durable dans la région et proposant des solutions aux crises endémiques dans les pays se trouvant sous son emprise évidente.

L'Arabie saoudite pourrait tirer avantage à ratifier cet accord, notamment en termes de stabilité, qui est cruciale pour la poursuite des progrès initiés par le prince héritier et Premier ministre Mohammed Ben Salmane. En réalité, les principales préoccupations de ce dernier sont la sécurité du Royaume, qui dépend toujours, soit dit en passant, de la disposition de l'Iran à mettre fin aux activités des organisations qui lui sont affiliées et qui visent le territoire saoudien.

De son côté, l’Iran cherche également une stabilité dont elle a grand besoin, notamment sur le plan politique régional. Ainsi, la République islamique pourrait se consacrer davantage au dossier nucléaire et aux négociations avec l’Europe et les États-Unis sur ce plan. Sans oublier que l’embargo qui lui était imposé sera levé, et cela ne peut qu'être bénéfique pour son économie.

La question se pose cependant de savoir si Téhéran compte vraiment abandonner ses stratégies passées et par conséquent cesser l'exportation de sa révolution islamique et se tourner plutôt vers son progrès interne et la construction de relations sereines avec l’étranger. On se demande par ailleurs si Téhéran ne cherche pas à sortir de l'impasse actuelle sur le plan intérieur et extérieur pour reprendre des forces et relancer sa révolution.

La réponse n’est pas blanche ou noire. Elle se situe dans une zone qui ne peut être catégorisée de manière aussi simpliste. En effet, la situation régionale est toujours complexe, malgré l'accord. Preuve en est les tirs de missiles depuis le Sud Liban, la situation à Gaza et à Jérusalem, ainsi que la présence provocatrice du Hamas et du Jihad islamique à Beyrouth, avec le soutien du Hezbollah.

D’un autre côté, on ne peut ignorer les mises en garde du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, contre le régime syrien de Bachar el-Assad et contre le Hamas à la suite des tirs de roquettes à partir de la Syrie et du Liban en direction du Nord d’Israël.

De plus, de hauts responsables militaires à Tel Aviv ont dévoilé que la prochaine bataille d’Israël contre l’Iran aura lieu en Syrie suite aux tentatives d’implantation d’une défense balistique de pointe de fabrication iranienne.


Sans compter l’intention de Washington d’envoyer un sous-marin nucléaire dans les eaux du Golfe…

Il serait donc imprudent de tourner la page du passé, même pour jeter les bases du progrès afin de stimuler l’économie dans la région, ce qui serait une conséquence logique de la signature de l’accord. Dans ce cadre, il n’est pas certain que l’Arabie saoudite puisse surmonter les obstacles qui entravent ses projets.

De son côté, l’Iran aura bien du mal à abandonner ses causes principales comme la question palestinienne et la confrontation avec Israël, qui justifieraient son aide militaire au Hamas et au Jihad. Plus important encore, l'Iran, à l’instar de Netanyahu, a toujours besoin de ces petites guerres qui servent ses bras armés appelés «résistance». Ainsi, l'Iran s'abrite derrière la cause palestinienne pour continuer d'exporter sa révolution en faisant fi des besoins et des aspirations des populations des pays où Téhéran impose son influence.

Par conséquent, il est quasiment impossible de percevoir les objectifs de l’accord sous le seul angle de l’alternative «le progrès ou l’exportation de la révolution» car un climat d’entente cadre mal avec les intérêts des grandes puissances qui nécessitent d’attiser les conflits et de les instrumentaliser à dessein.

 

 

 

 
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