Basket: Omari Spellman pousse la porte de la sélection libanaise
Jouera, ne jouera pas, naturalisé, pas naturalisé, tout le basket libanais était plongé depuis quelques semaines dans une attente anxieuse. Le Conseil des ministres a finalement tranché mardi, en octroyant la nationalité libanaise à Omari Spellman. Cette naturalisation vient à point pour la sélection nationale dont les rangs se trouvent sérieusement renforcés par le basketteur américain à quatre mois de la Coupe du monde.

La décision s’est fait attendre, mais elle est enfin là! Le basketteur américain, Omari Spellman a obtenu, mardi la nationalité libanaise après de longues semaines de suspense. La faute, bien entendu, à une loi tordue et biscornue dans le plus pur style libanais.

En effet, l’obtention de la nationalité libanaise relève de la compétence «exclusive» du président de la République. Mais voilà, le pays du cèdre traverse, encore une fois, une période de «vacance présidentielle» qui semble glisser vers ce qui ressemble de plus en plus à un rituel à chaque nouvelle élection au sommet de l’État. Nouveau rituel, donc, qui vient s’ajouter à d’autres, non moins ridicules.

Ainsi, pendant cette période, toute nouvelle attribution de la nationalité libanaise est impossible. Pourtant, le Conseil des ministres, s’appuyant sur l’article 62 de la Constitution, a trouvé la parade:

«En cas de vacance de la présidence de la République pour quelque raison que ce soit, les pouvoirs du président de la République sont exercés à titre intérimaire par le Conseil des ministres.» Toujours est-il que, grâce à ce fameux article, Omari Spellman est Libanais depuis mardi. A ce titre, il vient renflouer les rangs de l’équipe nationale.

Le choix de Jad el-Hajj

Né le 21 juillet 1997 à Cleveland, aux États-Unis, Omari Spellman est un joueur de basket-ball américain évoluant au poste d'ailier fort, voire de pivot. Ce joueur a été repéré par l’entraîneur de la sélection libanaise, Jad el-Hajj, séduit par sa vitesse et ses qualités techniques.

Bien que le Liban dispose d’autres joueurs naturalisés comme Jonathan Arledge, Ater Majok ou autre Norvel Pelle, Jad el-Hajj a jeté son dévolu sur Omari Spellman. Ce dernier a convaincu Jad el-Hajj par sa capacité à étirer le jeu offensif avec une adresse extérieure intéressante. «Ses capacités techniques sont de nature à combler certaines lacunes de mon équipe, ce qui aura pour effet d’optimiser la performance générale», a précisé Jad el-Hajj à Ici Beyrouth. «C’est un joueur qui entre parfaitement dans mon schéma tactique», a ajouté le sélectionneur libanais.

Deux ans en NBA 


Le parcours universitaire de Omari Spellman débute avec les Wildcats de Villanova, en 2017, où il fait ses premiers avant de remporter le championnat national la saison d’après. En juin 2018, il rejoint les Hawks d’Atlanta. Sa carrière prend alors un tournant décisif dans la mesure où il évolue désormais dans la cour des grands. Le 8 juillet 2019, il prend la direction des Warriors de Golden State en échange de Damian Jones et un second tour de draft. Le 6 février 2020, il est transféré aux Timberwolves du Minnesota avant d’être transféré, en novembre 2020, chez les Knicks de New York. Omari Spellman a donc à son actif 95 matchs en deux saisons de NBA.

Le 11 février 2020, il est envoyé chez les Wolves de l'Iowa en G-League avant de rejoindre, en août 2021, l’équipe de Anyang KGC en Corée du Sud, dont il est actuellement l’une des stars.

Règlement de la Fiba

Dans ses règlements, la ­Fédération internationale (Fiba) autorise un naturalisé sur un contingent de 12 joueurs. «Le comité central en a discuté à de nombreuses reprises et nous pensons que cet équilibre est le bon», rappelait récemment son secrétaire général, Andreas Zagklis. Sur le fond, les passeports de complaisance, souvent délivrés dans la dernière ligne droite avant une échéance, ne sont pas un phénomène nouveau. Destinés presque exclusivement à des joueurs venus des États-Unis, incomparable vivier, ils fleurissent depuis longtemps en Europe et au Moyen-Orient, par des nations soucieuses de grimper dans la hiérarchie et de se tailler une place au soleil.

Pour l’anecdote, l’ex-intérieur d’Atlanta a un bon coup de fourchette, ce qui lui a déjà coûté quelques soucis lors de sa saison rookie. En effet, en 2019, il culminait à 130 kilos pour 2,03m! Espérons que la gastronomie libanaise aura des conséquences modérées sur son poids.

«Je suis très satisfait que le Conseil des ministres ait pris cette décision historique, a confié à Ici Beyrouth le président de la Fédération libanaise de basket-ball, Akram Halabi. «La Fédération a fait des efforts considérables pour aboutir à cette naturalisation», a poursuivi Halabi. «Bien entendu, le prix à payer était exorbitant, mais nous avons des partenaires qui font de leur mieux pour nous soutenir financièrement, et nous allons prochainement procéder, en toute transparence, à une levée de fonds», a-t-il ajouté. «Aujourd’hui, une nouvelle ère s’ouvre pour le basket libanais. Nous rêvons tous d’effectuer un tournoi brillant lors du Mondial et de représenter dignement le Liban», a conclu le président de la Fédération libanaise.

Le Mondial 2023, qui se tiendra du 25 août au 10 septembre prochains, se présente donc sous les meilleurs auspices pour le Liban. Sous la houlette d’un président visionnaire, dirigée par un tacticien exceptionnel, la sélection libanaise, composée de joueurs talentueux, est en droit de rêver.

C’est le sel de la vie et le charme du sport. On aime tous les bonnes surprises, rendez-vous est pris pour le 25 août.
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