Adieu Philippe et toutes mes pensées à ceux que tu aimais et qui sont nombreux. Je pense à toi Josyane Savigneau qui l’a accompagné depuis si longtemps.
Il faudra bien un jour écrire l’histoire de cet étonnant écrivain, d’une érudition éclatante, immergé dans le XVIIIe siècle et dans l’œuvre de Sade. Il aura occupé, comme romancier, éditeur, chroniqueur littéraire (Les Lettres françaises, Le Monde, le JDD) – tous les métiers du livre - une place centrale dans les débats intellectuels de la deuxième moitié du XXe siècle, à travers la revue Tel Quel (publiée au Seuil) puis L’infini (Gallimard). De son amitié avec Georges Bataille et Roland Barthes à ses interventions dans les débats sur le rôle des avant-gardes, il aura été de ceux qui abordaient, dans toutes ses dimensions, la question de l’écriture. Aussi a-t-il dialogué avec les penseurs et écrivains français les plus importants de son époque : Louis Aragon, Michel Foucault, Jacques Derrida, Jacques Lacan, notamment.
Il publiait ce qu’il aimait, au-delà des clivages et il a toujours manifesté une sainte horreur envers ce qu’il appelait « la boue noire de l’occultisme ». D’où son amour, non négociable, de l’œuvre de Freud. On l’a accusé de tout : opportunisme, fumisterie, reniements. Ce n’était pas cela : les changements de cap témoignaient chez lui d’une certaine fidélité à l’idée qu’il se faisait de la nécessité permanente des transgressions. Et chez ses adversaires, il respectait avant tout l’intelligence et le talent. Il était généreux en tout.
Et puis n’oublions pas le scandale provoqué par sa chronique du Monde, le 28 janvier 1999, toujours d’actualité :
« Elle était là, elle est toujours là, on la sent, peu à peu, remonter en surface : la France moisie est de retour. Elle vient de loin, elle n’a rien compris ni rien appris, son obstination résiste à toutes les leçons de l’Histoire, elle est assise une fois pour toutes dans ses préjugés viscéraux. Elle a son corps, ses mots de passe, ses habitudes, ses réflexes (…) Il y a une bêtise française sans équivalent, laquelle, on le sait, fascinait Flaubert. L’intelligence, en France, est d’autant plus forte qu’elle est exceptionnelle. La France moisie a toujours détesté, pêle-mêle, les Allemands, les Anglais, les Juifs, les Arabes, les étrangers en général, l’art moderne, les intellectuels coupeurs de cheveux en quatre, les femmes trop indépendantes ou qui pensent, les ouvriers non encadrés, et, finalement, la liberté sous toutes ses formes. »
Il faudra bien un jour écrire l’histoire de cet étonnant écrivain, d’une érudition éclatante, immergé dans le XVIIIe siècle et dans l’œuvre de Sade. Il aura occupé, comme romancier, éditeur, chroniqueur littéraire (Les Lettres françaises, Le Monde, le JDD) – tous les métiers du livre - une place centrale dans les débats intellectuels de la deuxième moitié du XXe siècle, à travers la revue Tel Quel (publiée au Seuil) puis L’infini (Gallimard). De son amitié avec Georges Bataille et Roland Barthes à ses interventions dans les débats sur le rôle des avant-gardes, il aura été de ceux qui abordaient, dans toutes ses dimensions, la question de l’écriture. Aussi a-t-il dialogué avec les penseurs et écrivains français les plus importants de son époque : Louis Aragon, Michel Foucault, Jacques Derrida, Jacques Lacan, notamment.
Il publiait ce qu’il aimait, au-delà des clivages et il a toujours manifesté une sainte horreur envers ce qu’il appelait « la boue noire de l’occultisme ». D’où son amour, non négociable, de l’œuvre de Freud. On l’a accusé de tout : opportunisme, fumisterie, reniements. Ce n’était pas cela : les changements de cap témoignaient chez lui d’une certaine fidélité à l’idée qu’il se faisait de la nécessité permanente des transgressions. Et chez ses adversaires, il respectait avant tout l’intelligence et le talent. Il était généreux en tout.
Et puis n’oublions pas le scandale provoqué par sa chronique du Monde, le 28 janvier 1999, toujours d’actualité :
« Elle était là, elle est toujours là, on la sent, peu à peu, remonter en surface : la France moisie est de retour. Elle vient de loin, elle n’a rien compris ni rien appris, son obstination résiste à toutes les leçons de l’Histoire, elle est assise une fois pour toutes dans ses préjugés viscéraux. Elle a son corps, ses mots de passe, ses habitudes, ses réflexes (…) Il y a une bêtise française sans équivalent, laquelle, on le sait, fascinait Flaubert. L’intelligence, en France, est d’autant plus forte qu’elle est exceptionnelle. La France moisie a toujours détesté, pêle-mêle, les Allemands, les Anglais, les Juifs, les Arabes, les étrangers en général, l’art moderne, les intellectuels coupeurs de cheveux en quatre, les femmes trop indépendantes ou qui pensent, les ouvriers non encadrés, et, finalement, la liberté sous toutes ses formes. »
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