La fête de la rose à Grasse

Comment parler de la rose sans songer à Grasse dont le territoire regorge de milliers de cultures florales et particulièrement de roses, ou encore à Ronsard dont le poème «Mignonne, allons voir si la rose» est un hymne à la beauté éphémère, et donc inestimable?
Depuis 1971, la fête de la rose en mai est, pour Grasse, un événement majeur, une tradition, un hommage aux producteurs et aux rosiéristes du territoire. C’est aussi la célébration de son patrimoine culturel. Quatre jours de fête vont se dérouler au cœur de la ville, décorée des plus belles compositions florales et de parapluies roses suspendus au-dessus des rues piétonnes de la vieille ville. Et, en ce moment où les Grassois se surpassent dans les décorations créatives, à la maison de parfums Galimard, la directrice, Chantal Roux, fait les choses en grand. Elle a convié trois artistes de grande renommée à exposer chacun, au milieu des majestueux alambics, une trentaine de leurs productions artistiques autour de la thématique de la rose.

Pour rappel, au XVIe siècle, Grasse abondait en tanneries qui généraient de fortes odeurs. Il fallait, pour les masquer, enduire le cuir d’huiles parfumées aux fleurs. Et c’est ainsi que les gantiers-parfumeurs ont développé leur métier, que les champs se sont couverts de rosiers, de jasmins et de tubéreuses pour alimenter les alambics des parfumeurs, que la corporation des maîtres gantiers-parfumeurs a émergé et qu’enfin Jean de Galimard fonda, en 1747, la parfumerie. La production des huiles parfumées devint, au fil des années, plus lucrative et l’on assista alors, au XVIIIe siècle, à l’éclosion d’une véritable industrie: la production des matières premières dans la région du Sud-Est dont le climat doux facilitait la culture des fleurs à parfum. On développa également l’extraction des essences, et c’est ainsi que Grasse a été surnommée la capitale mondiale du parfum.
Sous l’impulsion de Chantal Roux, l’exposition présentera les œuvres exceptionnelles de trois artistes talentueux à l’imagination débordante qui se sont inspirés des compositions florales de la maison Galimard et particulièrement de la rose de mai, ou centifolia, l’une des rares, avec la rose de Damas, employées en parfumerie.

À celles et ceux qui auront le bonheur de faire un tour au pays de Grasse, vous aurez la possibilité de rencontrer, lors de cette exposition, l’artiste, illustratrice et scénariste de bandes dessinées Virginie Broquet dont les toiles ont été exposées en France et à l’étranger. Tel un papillon butineur, elle a croqué les roses de son jardin, soulignant la délicatesse de la reine des fleurs: «Ce sont des images issues des fleurs de mon jardin que je dessine au quotidien, depuis vingt ans que j’habite les collines niçoises, au rythme des floraisons et des saisons où les couleurs et les formes se transforment sous mon trait noir et ma palette multicolore. Quel bonheur de les redécouvrir chaque année, les mêmes pourtant, toujours surprenantes! J’aime à croquer également la vie d’un beau bouquet offert par des amis qui me connaissent bien. Le temps altère chaque pétale, faisant fléchir la tige et la chaleureuse couleur. Le temps passe, la fleur s’efface…», explique-t-elle.
L’artiste Tony Szabo, peintre et aquarelliste, dont les toiles étaient accrochées en 2022 à la Maison de France à Monaco lors de l’exposition dédiée aux jardins de la principauté, exposera ses aquarelles dans un tourbillon de senteurs parfumées. «Ma démarche est purement artistique. Il me semblait intéressant de participer à Expo Rose, d’autant que j’ai déjà travaillé sur les jardins de Monaco. Il s’agit surtout d’une continuité», dit-il.

Aquarelle de Tony Szabo
Un échange artistique entre Tony Szabo et Gilles Montelatici, poète scénographe et concepteur culturel, nourrit l’inspiration des deux artistes depuis plusieurs années. Gilles Montelatici avait conçu plusieurs expositions dont celle des jardins de Monaco, accompagnant de ses haïkus les aquarelles de son ami. Pour Expo Rose, à la maison Galimard, le poète scénographe explique sa démarche: «Je vais d’abord présenter la thématique de la rose comme un voyage rêvé, dans une évocation des variétés de la rose. Mes haïkus accompagneront les aquarelles de Tony. Et il y aura aussi une vitrine didactique sur l’univers de la rose.»
Aquarelle de Tony Szabo
Voici deux haïkus en guise d’exemples:
«À l’orée d’un rêve retenir cette rose en son miroir d’étoiles.»
«La rose sait son sort
La rosée aussi qui se fait si ténue.»
 
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