Festival de Cannes : « Jeanne du Barry » ouvre le bal
La 76e édition du prestigieux Festival de Cannes ouvre ses rideaux avec
Le film éclaire le grand écran avec une esthétique classique mêlée à des dialogues modernes. C’est une première pour Maïwenn de présenter une œuvre hors compétition. Elle avait précédemment remporté le prix du jury en 2011 pour  Polisse, et en 2015, Emmanuelle Bercot, une de ses actrices, avait été honorée par le festival avec un prix d’interprétation pour Mon Roi.
Il est certain que Maïwenn se réserve une place de choix derrière la caméra, apparaissant fréquemment à l’écran, ainsi que sur le tapis rouge où Johnny Depp est accueilli parmi les célébrités. Dans un film vibrant, coloré et énergique, Maïwenn retrace l’histoire de son héroïne, Jeanne du Barry, avec laquelle elle s’identifie ouvertement. Ayant elle-même épousé le réalisateur Luc Besson à seize ans, elle affirme partager le même tempérament et la même sensibilité que son personnage principal. Elle occupe donc le devant de la scène, brillant de tout son éclat d’actrice et de féministe. Sans éclipser les autres acteurs, elle donne libre cours à sa joie de vivre et à son énergie, animée par un jeu ludique et de subtiles nuances.
À ses côtés, Johnny Depp conserve son charisme habituel. Le roi de France est interprété par un acteur anglo-saxon, mais malgré l’absence d’un accent français parfait, l’humour et la dualité du personnage confèrent à Louis XV une présence captivante. La réalisatrice et actrice se voit davantage comme une chef d’orchestre et s’est montrée réceptive aux propositions d’interprétation de son partenaire de jeu. Les seconds rôles, notamment Benjamin Lavernhe et Pierre Richard, sont méticuleux dans leur performance.
Romantisme, histoire, tragédie, classicisme et modernisme se mêlent dans des dialogues contemporains, entre scénographie, ambiance et costumes. La reproduction de certains costumes a même été confiée à la maison Chanel, un choix de détail prestigieux qui illustre la vie d’une femme du peuple devenue la protégée du roi, mettant en valeur la mode parisienne du XVIIIe siècle.

En ce qui concerne le synopsis, l’histoire est celle de Jeanne Vaubernier, fille du peuple désireuse de s’élever socialement, qui utilise ses charmes pour échapper à sa condition. Son amant, le comte du Barry, qui s’enrichit largement grâce aux galanteries lucratives de Jeanne, souhaite la présenter au Roi. Il organise la rencontre par l’intermédiaire de l’influent duc de Richelieu. Celle-ci dépasse ses attentes : entre Louis XV et Jeanne, c’est le coup de foudre… Avec la courtisane, le Roi retrouve le goût de vivre, au point qu’il ne peut plus se passer d’elle et décide d’en faire sa favorite officielle. Scandale : la Cour ne veut pas d’une fille des rues.
Le film, mettant en lumière Jeanne du Barry qui crève l’écran par son charme et sa présence, est rendu encore plus vivant par le retour triomphant de Johnny Depp au cinéma. Le long métrage est parfaitement maîtrisé. Il débute par une voix off qui retrace les origines du personnage, puis transporte le spectateur à travers une trame finement sculptée dans l’ambiance de la cour, comme si nous y étions. Nous suivons Jeanne dans son parcours, de ses débuts modestes à son accession à la noblesse et à la cour du roi. On se délecte du regard ironique de la réalisatrice qui peint des portraits saisissants de précieuses ridicules, mais aussi celui d’une femme flamboyante… qui sait qu’un jour ou l’autre, son étoile s’éteindra, par un simple battement de paupières du roi. Grâce à la pellicule 35 mm et aux plans séquences en caméra fixe, Maïwenn réinvente son style cinématographique, entrelaçant histoire et histoires, féminisme empathique et passion dévorante, passé et présent.
Marie-Christine Tayah
Instagram : @mariechristine.tayah
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