Les feux de forêt sont de plus en plus préoccupants au Liban, d’autant que cette année, la saison des incendies s’est installée dès février. Les conditions climatiques extrêmes n’arrangent pas les choses, puisque le risque d’incendies augmente et avec lui l’impact sur la biodiversité. Pourtant, il existe des moyens pour les prévenir.
Le ministère de l’Environnement, le Conseil national de la recherche scientifique libanais (CNRS-L) et la Défense civile ont lancé mercredi leur nouvelle stratégie de gestion des sinistres de forêt. Celle-ci est d’autant plus importante que la saison des incendies s’est installée tôt cette année, avec des sinistres qui s’étaient déclarés au Akkar en février, et à Mazboud, dans le Chouf, en avril.
Cette stratégie, dont les grandes lignes ont été présentées au cours d’une conférence de presse qui s’est tenue à la Bibliothèque nationale, est une mise à jour de celle adoptée en 2009. Axée sur la prévention plutôt que la répression des feux, elle s’articule autour de cinq points: réduction du risque d’incendie, anticipation, intervention, rétablissement et consolidation. Elle a pour objectif de soutenir le travail des unités d’intervention rapide: municipalités, ONG, Défense civile, associations et autres collectivités.
Seize zones "points chauds"
Pour prévenir les feux de forêt, la carte des zones à risques a été actualisée. Seize zones "points chauds" ont ainsi été définies. "Des groupes WhatsApp ont été créés incluant des unités d’intervention rapide, les responsables du ministère et moi-même", explique à Ici Beyrouth le ministre de l’Environnement Nasser Yassine. "Ces groupes permettent de suivre au quotidien l’évolution de la situation sur le terrain, d’identifier les différentes lacunes, ainsi que les besoins afin de les combler."
Les collectivités ont bénéficié de formations sur les moyens de lutter contre les sinistres. Des équipements leur ont été offerts à cet effet. De plus, des campagnes de sensibilisation aux risques d’incendies de forêt et aux pratiques de sécurité appropriées sont prévues pour le public.
Dans la même optique de prévention, un plan de surveillance et d’entretien des zones forestières, de préparation des routes d’accès et des pistes coupe-feu a été mis en vigueur.
Appel à la vigilance
"Avec la chaleur, les incendies se propagent plus rapidement", met en garde M. Yassine Il appelle les citoyens à la vigilance, les invitant à ne pas allumer un feu dans les zones adjacentes aux forêts et à signaler aux autorités locales toute source d’incendie à proximité ou à l’intérieur des forêts. Il a également appelé les autorités compétentes à intervenir rapidement pour empêcher la propagation des flammes dans la couverture forestière, "d’autant que cela représente un danger pour la sécurité publique et l’environnement en général".
Les causes principales des feux de forêts restent les activités humaines, qu’elles soient volontaires ou involontaires: feux de camp, feux agricoles, mégots de cigarettes mal éteints, activités de construction, pyromanie… autant de pratiques qui augmentent la fréquence des incendies. Ces activités constituent d’ailleurs "95% des causes des sinistres", nous explique Rana el-Zein, scientifique et spécialiste en écophysiologie et dynamique forestière.
"À cela s’ajoutent les causes naturelles, en l’occurrence le changement climatique qui provoque une hausse des températures et une baisse de la pluviométrie. Il s’agit de conditions idéales pour les incendies de forêt", poursuit-elle.
Des propos corroborés par Nasser Yassine, qui affirme que "le Liban connaît un temps chaud et sec accompagné de vents forts qui touchent la plupart des régions libanaises, ce qui augmente le risque des sinistres". De plus, la topographie du pays, avec ses collines et ses montagnes, entraîne des vents forts qui favorisent la propagation rapide des flammes dans les zones forestières.
Reforestation
"Le CNRS-L joue un rôle crucial dans la prévention, affirme à Ici Beyrouth Tamara el-Zein, secrétaire générale du CNRS-L. Notre centre de télédétection collecte des informations de tous les centres d’observation et les traduit en rapports, cartes et tableaux compréhensibles par le grand public. Nos équipes interviennent durant et après les sinistres pour évaluer l’ampleur des dégâts et élaborer un plan d’action". À cet égard, le ministère de l’Environnement et le CNRS-L insistent sur l’importance de retarder les campagnes de reforestation, d’autant que la forêt a une capacité de régénération. La reforestation doit ainsi être menée de manière scientifique, les chercheurs identifiant les endroits qui doivent être plantés, en fonction de la migration des arbres. L’objectif est donc d’assister les arbres dans leur migration.
L'impact sur la biodiversité
Le Liban est connu pour sa biodiversité unique, qui comprend plus de 3.000 espèces de plantes, 80 espèces de mammifères, 40 espèces de reptiles et non moins que 400 espèces d’oiseaux. Beaucoup de ces espèces sont endémiques à la région. Cependant, cette biodiversité est menacée par les feux, qui ont détruit de vastes étendues de forêts, au cours des dernières années. Les incendies répétés peuvent également rendre les sols stériles, entraînant la disparition de la végétation, la perte de la biodiversité.
La qualité de l’air en péril
Les sinistres ont également un impact sur la qualité de l’air, "puisque de grandes quantités de polluants sont rejetées dans l’atmosphère", souligne Charbel Afif, expert en pollution de l’air et chef du département de chimie à la faculté des sciences de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth. "Les polluants les plus observables dans ces contextes sont les particules fines ou PM. Même si l’incendie est de taille moyenne, on observera des pics de concentration de PM", précise-t-il.
Sur le plan sanitaire, "la combustion de la biomasse, comme le bois, les déchets agricoles et les résidus forestiers, peut produire des émissions toxiques telles que des particules fines, du dioxyde de carbone, du monoxyde de carbone et des composés organiques volatils", note M. Afif. "Ces émissions peuvent avoir des effets néfastes sur la santé humaine, en particulier sur les systèmes respiratoire et cardiovasculaire, constate-t-il. Elles peuvent également causer des maladies telles que l’asthme, la bronchite, les maladies cardiaques et le cancer du poumon."
D’un point de vue environnemental, Charbel Afif souligne l’impact majeur que peuvent avoir les incendies de forêts. "En brûlant cette biomasse, le carbone qui était séquestré dans la forêt sera libéré et contribuera donc au réchauffement climatique et à l’effet de serre", conclut-il.
Lire aussi : https://icibeyrouth.com/liban/125732
Le ministère de l’Environnement, le Conseil national de la recherche scientifique libanais (CNRS-L) et la Défense civile ont lancé mercredi leur nouvelle stratégie de gestion des sinistres de forêt. Celle-ci est d’autant plus importante que la saison des incendies s’est installée tôt cette année, avec des sinistres qui s’étaient déclarés au Akkar en février, et à Mazboud, dans le Chouf, en avril.
Cette stratégie, dont les grandes lignes ont été présentées au cours d’une conférence de presse qui s’est tenue à la Bibliothèque nationale, est une mise à jour de celle adoptée en 2009. Axée sur la prévention plutôt que la répression des feux, elle s’articule autour de cinq points: réduction du risque d’incendie, anticipation, intervention, rétablissement et consolidation. Elle a pour objectif de soutenir le travail des unités d’intervention rapide: municipalités, ONG, Défense civile, associations et autres collectivités.
Seize zones "points chauds"
Pour prévenir les feux de forêt, la carte des zones à risques a été actualisée. Seize zones "points chauds" ont ainsi été définies. "Des groupes WhatsApp ont été créés incluant des unités d’intervention rapide, les responsables du ministère et moi-même", explique à Ici Beyrouth le ministre de l’Environnement Nasser Yassine. "Ces groupes permettent de suivre au quotidien l’évolution de la situation sur le terrain, d’identifier les différentes lacunes, ainsi que les besoins afin de les combler."
Les collectivités ont bénéficié de formations sur les moyens de lutter contre les sinistres. Des équipements leur ont été offerts à cet effet. De plus, des campagnes de sensibilisation aux risques d’incendies de forêt et aux pratiques de sécurité appropriées sont prévues pour le public.
Dans la même optique de prévention, un plan de surveillance et d’entretien des zones forestières, de préparation des routes d’accès et des pistes coupe-feu a été mis en vigueur.
Appel à la vigilance
"Avec la chaleur, les incendies se propagent plus rapidement", met en garde M. Yassine Il appelle les citoyens à la vigilance, les invitant à ne pas allumer un feu dans les zones adjacentes aux forêts et à signaler aux autorités locales toute source d’incendie à proximité ou à l’intérieur des forêts. Il a également appelé les autorités compétentes à intervenir rapidement pour empêcher la propagation des flammes dans la couverture forestière, "d’autant que cela représente un danger pour la sécurité publique et l’environnement en général".
Les causes principales des feux de forêts restent les activités humaines, qu’elles soient volontaires ou involontaires: feux de camp, feux agricoles, mégots de cigarettes mal éteints, activités de construction, pyromanie… autant de pratiques qui augmentent la fréquence des incendies. Ces activités constituent d’ailleurs "95% des causes des sinistres", nous explique Rana el-Zein, scientifique et spécialiste en écophysiologie et dynamique forestière.
"À cela s’ajoutent les causes naturelles, en l’occurrence le changement climatique qui provoque une hausse des températures et une baisse de la pluviométrie. Il s’agit de conditions idéales pour les incendies de forêt", poursuit-elle.
Des propos corroborés par Nasser Yassine, qui affirme que "le Liban connaît un temps chaud et sec accompagné de vents forts qui touchent la plupart des régions libanaises, ce qui augmente le risque des sinistres". De plus, la topographie du pays, avec ses collines et ses montagnes, entraîne des vents forts qui favorisent la propagation rapide des flammes dans les zones forestières.
Reforestation
"Le CNRS-L joue un rôle crucial dans la prévention, affirme à Ici Beyrouth Tamara el-Zein, secrétaire générale du CNRS-L. Notre centre de télédétection collecte des informations de tous les centres d’observation et les traduit en rapports, cartes et tableaux compréhensibles par le grand public. Nos équipes interviennent durant et après les sinistres pour évaluer l’ampleur des dégâts et élaborer un plan d’action". À cet égard, le ministère de l’Environnement et le CNRS-L insistent sur l’importance de retarder les campagnes de reforestation, d’autant que la forêt a une capacité de régénération. La reforestation doit ainsi être menée de manière scientifique, les chercheurs identifiant les endroits qui doivent être plantés, en fonction de la migration des arbres. L’objectif est donc d’assister les arbres dans leur migration.
L'impact sur la biodiversité
Le Liban est connu pour sa biodiversité unique, qui comprend plus de 3.000 espèces de plantes, 80 espèces de mammifères, 40 espèces de reptiles et non moins que 400 espèces d’oiseaux. Beaucoup de ces espèces sont endémiques à la région. Cependant, cette biodiversité est menacée par les feux, qui ont détruit de vastes étendues de forêts, au cours des dernières années. Les incendies répétés peuvent également rendre les sols stériles, entraînant la disparition de la végétation, la perte de la biodiversité.
La qualité de l’air en péril
Les sinistres ont également un impact sur la qualité de l’air, "puisque de grandes quantités de polluants sont rejetées dans l’atmosphère", souligne Charbel Afif, expert en pollution de l’air et chef du département de chimie à la faculté des sciences de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth. "Les polluants les plus observables dans ces contextes sont les particules fines ou PM. Même si l’incendie est de taille moyenne, on observera des pics de concentration de PM", précise-t-il.
Sur le plan sanitaire, "la combustion de la biomasse, comme le bois, les déchets agricoles et les résidus forestiers, peut produire des émissions toxiques telles que des particules fines, du dioxyde de carbone, du monoxyde de carbone et des composés organiques volatils", note M. Afif. "Ces émissions peuvent avoir des effets néfastes sur la santé humaine, en particulier sur les systèmes respiratoire et cardiovasculaire, constate-t-il. Elles peuvent également causer des maladies telles que l’asthme, la bronchite, les maladies cardiaques et le cancer du poumon."
D’un point de vue environnemental, Charbel Afif souligne l’impact majeur que peuvent avoir les incendies de forêts. "En brûlant cette biomasse, le carbone qui était séquestré dans la forêt sera libéré et contribuera donc au réchauffement climatique et à l’effet de serre", conclut-il.
Lire aussi : https://icibeyrouth.com/liban/125732
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