Salamé: Ils ciblent le gouverneur car ils n’osent pas s’attaquer aux politiques
Le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé a affirmé qu’il est prêt à se présenter à toute audience à laquelle il serait convoqué s’il était notifié dans les règles, soulignant qu’il coopère avec la justice et que s’il est ciblé, c’est parce que ses détracteurs "n’osent pas s’attaquer aux hommes politiques".

Dans une interview accordée à la chaîne panarabe al-Hadath, le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé a abordé une série de questions, dont notamment celle relative au mandat d’arrêt international lancé contre lui mardi par la juge d’instruction française Aude Buresi, parce qu’il n’avait pas comparu devant elle ce jour-là.

M. Salamé a réaffirmé à ce sujet qu’il n’avait pas été notifié dans les règles par la justice française, qui enquête sur une affaire présumée de blanchiment d'argent le concernant ainsi que son entourage. Il a assuré qu’il est prêt à se présenter à n’importe quelle audience lorsque les procédures de forme seront respectées. Il a révélé dans ce contexte que ses avocats avaient demandé à Mme Buresi de le notifier conformément aux règles en vigueur, et notamment selon les dispositions de la convention judiciaire franco-libanaise, de la date de l’audience à laquelle il avait été convoqué à Paris, mais que la juge avait refusé.

Le gouverneur a insisté sur le fait que la procédure engagée contre lui est "injuste", en précisant toutefois qu’il est prêt à y faire face et à coopérer avec la justice, comme il l’a déjà fait. M. Salamé s’était en effet présenté à toutes les audiences auxquelles il avait été convoqué à Beyrouth, lorsque les enquêteurs français se trouvaient au Liban en avril dernier.  "Tout ce tapage autour de l’enquête française est sans fondement", a poursuivi Riad Salamé, en situant celle-ci dans un cadre strictement politique. "L’enquête menée par le Fonds monétaire international a montré qu’il n’y avait aucune manipulation des budgets de la part de la Banque du Liban", a-t-il relevé avant d’ajouter: "Ils ciblent le gouverneur de la banque centrale parce qu’ils n’osent pas s’attaquer aux hommes politiques". Aussi, a-t-il conseillé à la justice de "commencer par les responsables politiques et non pas par le gouverneur de la BDL".

« Le pays ne va pas s’effondrer »

Dans ce même contexte, M. Salamé a fait état d’une "volonté d’entraîner le Liban vers un effondrement certain, quelques mois après le début de la crise". "Mais le pays ne s’effondrera pas", a-t-il lancé, insistant dans le même temps sur le fait qu’il ne laissera pas non plus le secteur bancaire s’effondrer, alors que celui-ci est également pris pour cible par le camp politique de l’ex-président Michel Aoun et des collectifs occultes. Dans le même ordre d’idées, il a assuré que la Banque du Liban continuera d’intervenir sur le marché et ne laissera pas la livre dégringoler davantage.


M. Salamé a également dénoncé les attaques répétées contre les banques alors que l’institution financière du Hezbollah, qui opère illégalement, n’est pas inquiétée, voire se développe au détriment du secteur bancaire. "Al-Qard al-Hassan n’a pas obtenu une autorisation d’exploitation de la part de la banque centrale", a-t-il expliqué, précisant qu’il appartient "aux autorités qui ont permis à cette institution d'opérer à la poursuivre" en justice.

Il a en outre indiqué que les déposants peuvent avoir accès à leur argent bloqué dans les banques "loin de tout populisme" et s’est dit prêt à "acquérir toute la masse monétaire libanaise sur le marché".

Une démission, seulement en cas de jugement

Au sujet de son mandat qui expire en juillet, il a réaffirmé qu’il ne compte pas rester à son poste, "qui sera occupé par le premier vice-gouverneur de la BDL" Wassim Mansouri (chiite). Une option à laquelle le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah avait fait allusion récemment, mais à laquelle le président de la Chambre Nabih Berry est opposé. M. Salamé, qui en dépit de toutes les pressions politiques exercées sur lui avait refusé d’abandonner son poste pour ne pas livrer le pays aux "vautours qui l’ont ruiné", a indiqué qu’il serait prêt à démissionner seulement au cas où un jugement est émis à son encontre.

Mardi, réagissant au mandat international lancé par Mme Buresi à son encontre, le gouverneur avait annoncé qu’il allait faire appel de cette décision, après avoir expliqué que la juge avait agi en violation des lois.

Son avocat français, également bâtonnier de l’Ordre des avocats, Pierre-Olivier Sur, avait confié à Ici Beyrouth qu’il avait appris l’existence du mandat d’arrêt international émis à l’encontre de Riad Salamé par la presse. Celui-ci est ainsi "décerné sur le fondement d’une convocation manifestement hors délai et constituerait un abus de droit et une voie de fait", a-t-il ajouté. Et Me Sur d’affirmer: "Nous saisirons les tribunaux compétents."
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