L'Amérique otage du bras de fer Biden-McCarthy
Joe Biden a repris les négociations lundi 22 avril avec Kevin McCarthy, le chef de file des républicains à la Chambre des représentants, à dix jours de la date limite du défaut de paiement. Si les deux hommes échouaient à trouver un accord, les conséquences en seraient catastrophiques, tant pour le pays que pour le reste du monde.

J-10. Alors que menace un défaut de paiement américain, Joe Biden tente à nouveau lundi de trouver un compromis avec Kevin McCarthy, son principal opposant dans un bras de fer autant politique que budgétaire.

Les deux hommes, qui se sont déjà vus deux fois en deux semaines avec d'autres dirigeants parlementaires, ont cette fois rendez-vous en tête-à-tête, à 17h30 locale (21h30 GMT).

Pour lever le risque d'une banqueroute, il faut que le Congrès - le Sénat tenu par les démocrates et la Chambre à majorité républicaine - vote pour relever le plafond maximal d'endettement public autorisé. Cette procédure parlementaire, longtemps routinière, a déjà donné lieu sous la présidence Obama à des batailles extrêmement politisées.

Le camp conservateur accuse la Maison Blanche d'être trop dépensière. Le parti présidentiel fustige pour sa part un projet républicain qui financerait des cadeaux fiscaux aux riches en étranglant les classes populaires.

Si aucun accord n'est trouvé, un défaut de paiement inédit, aux conséquences potentiellement catastrophiques pour l'économie américaine, et mondiale, pourrait se produire après le 1er juin.


En cas de défaut de paiement, les Etats-Unis ne seraient plus capables de rembourser les porteurs de bons du Trésor, ce placement roi de la finance mondiale. Le gouvernement ne pourrait plus non plus payer certains salaires de fonctionnaires, ni retraites d'anciens combattants, entre autres.

Alors, qui flanchera le premier? Le président américain, qui sait bien qu'une déroute économique, quelle qu'en soit la genèse politique, compromettrait ses chances de réélection? Ou Kevin McCarthy, dont le poste dépend d'une poignée d'élus radicaux, qui l'appellent - comme l'ancien président Donald Trump - à ne pas "plier"?

L'aile gauche du parti démocrate pousse quant à elle Joe Biden à passer en force en invoquant le 14e amendement de la Constitution américaine, qui interdit de "remettre en question" la solvabilité de la première puissance mondiale.

Dans ce cas le gouvernement émettrait de nouveaux emprunts, comme si le plafond de la dette n'existait pas.

Joe Biden étudie cette possibilité, lourde de dangers juridiques, surtout lorsque l'on fait face comme lui à une Cour suprême fermement ancrée à droite.

Malo Pinatel, avec AFP
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