Présidentielle: Nasrallah appelle au dialogue sans mention de Frangié
Le Hezbollah a-t-il renoncé à la candidature du chef des Marada Sleiman Frangié à la tête de l’État ou est-il en train de manœuvrer pour pousser les partis de l’opposition vers un dialogue autour d’un candidat consensuel qui le "rassurerait" ? La question peut se poser compte tenu des propos que son chef, Hassan Nasrallah, a tenus jeudi soir au sujet de la présidentielle.

Le numéro un du parti chiite, qui s’exprimait dans une intervention télévisée pour le 23ème anniversaire du retrait israélien du Liban, n’a à aucun moment mentionné Sleiman Frangié, son candidat "officiel" à la tête de l’État. Il a lancé en revanche un appel indirect au dialogue, "sans conditions préalables", pour débloquer la présidentielle et "choisir un candidat parmi une série de noms".

"Il faudra redoubler d’efforts et multiplier les contacts au cours des prochains jours, pour favoriser l’élection d’un président", a-t-il dit, une fois terminée sa rhétorique habituelle sur la "résistance". Hassan Nasrallah s’est dit confiant quant à des "développements positifs au cours des prochains jours" pour ce qui est de la présidentielle, en estimant que "l’assainissement du climat régional (suite au rapprochement saoudo-iranien) ne peut que se répercuter positivement sur le Liban".

"Nous n’avons rompu les contacts avec personne", a encore avancé le chef du Hezbollah dans ce qui peut être interprété comme un appel indirect au Courant patriotique libre (CPL) pour une reprise des concertations, dans la perspective d’une entente autour d’un candidat à la tête de l’État.

Les relations entre le CPL et le Hezbollah s’étaient détériorées depuis que la formation pro-iranienne a soutenu la candidature de M. Frangié, en dépit de l’opposition farouche de Gebran Bassil.

L'affaire Salamé

Commentant la procédure judiciaire française contre le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé, contre qui la juge d’instruction de Paris Aude Berusi avait lancé un mandat d’arrêt international, dans une affaire présumée de blanchiment d’argent, le chef du Hezbollah a déclaré: "De deux choses l’une: soit le gouverneur démissionne, soit la justice libanaise devra assurer ses responsabilités". Il a cependant rappelé qu’au cas où M. Salamé démissionnerait, le gouvernement d’expédition des affaires courantes ne pourra pas nommer un remplaçant. Il a quand même appelé à lancer des concertations au sujet de la personnalité qui succèdera au gouverneur de la banque centrale, dont le mandat vient à expiration en juillet.


Menaces et contre-menaces

Hassan Nasrallah a par ailleurs répondu par des menaces aux mises en garde israéliennes consécutives à la manœuvre militaire organisée dimanche par son parti à Aramta, au Liban-sud, soulignant que "des centaines de milliers de combattants sont sur le pied de guerre, au cas où l’État hébreu s’aviserait à lancer des opérations militaires contre des pays de la région".

Le chef des renseignements militaires israélien, Aharon Halevi, avait averti mardi que le secrétaire général du Hezbollah était "sur le point de commettre une erreur qui pourrait déclencher une guerre régionale", en commentant l’exercice militaire de Aramta. Il avait aussi indiqué que le conflit entre Israël et l’Iran devenait de plus en plus direct.

"C’est nous qui pouvons menacer d’une grande guerre et pas vous", s'est vanté Hassan Nasrallah, faisant valoir "une suprématie quantitative et qualitative" de l’axe auquel il appartient.

Selon lui, si l’armée israélienne a essayé de tempérer deux jours plus tard, c’est en raison de "la peur qui s’est emparée des colons au nord d’Israël, de l’impact des menaces sur le tourisme et de la hausse du dollar par rapport au shekel".

Jeudi, un porte-parole militaire israélien a minimisé l’importance des menaces du général Halevi, en précisant qu’"elles ne veulent pas dire qu’Israël s’apprête à entrer en guerre contre le Liban ou à lancer des frappes contre l’Iran".

Il n’en demeure pas moins que Hassan Nasrallah a mis en garde Tel-Aviv contre "toute erreur de jugement à Gaza, au Liban, en Iran et en Syrie, laquelle pourrait déclencher une grande guerre régionale".
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