Bkerke: Un rôle clé pour trouver un candidat consensuel 

Lors de sa visite à Paris et au Vatican, le patriarche Béchara Raï s’est vu répéter la même rengaine: «Nous souhaitons voir élire un président dans les plus brefs délais car nous craignons les retombées de la vacance»; ou encore: «Trouvez un terrain d’entente avec le duopole chiite parce qu'aucune partie n’est capable de faire élire un président sans l’accord des autres.» Par ailleurs, le patriarche a été chargé d’effectuer les contacts requis avec toutes les parties en vue d’arriver à une formule commune. Le président Macron examinera les résultats de «l’initiative de Bkerké» dans les dix jours qui suivent. Dans ce contexte, le cardinal Raï a dépêché l’archevêque Paul Abdel Sater, chef du diocèse de Beyrouth, à Aïn el-Tineh et dans la banlieue sud (respectivement les fiefs de Nabih Berry et du Hezbollah), pour entamer le dialogue. Les échos étaient plutôt positifs, à savoir que le Hezb a été réceptif.
À son retour de Paris et du Vatican, le patriarche Raï a déclaré être ouvert à toute proposition et fermé à toute tentative d’imposer un président ainsi qu’au jeu des noms. Il a également assuré qu’il était imperméable à ses détracteurs, sa priorité étant de trouver un candidat consensuel le plus rapidement possible afin de mettre fin à la vacance.
Quels sont les scénarios attendus de la séance d'élection numéro 12? Selon des sources bien informées, elle pourrait être l'avant-dernière avant l'élection si le chef du législatif, Nabih Berry, n'est pas en mesure de débloquer la situation dans les prochains jours. Il est probable que le quorum ne soit pas atteint ou qu'aucun candidat ne soit en mesure de remporter l'élection, ou enfin de voir le scénario des séances précédentes, à savoir le bulletin blanc, se répéter.
Selon un ancien ministre, il est impossible de briser l'axe du duopole chiite en rejetant son candidat, tout comme il est impossible de briser l'axe formé par les pôles chrétiens et l'opposition. Il est donc nécessaire de parvenir à un consensus sur un troisième candidat. La question est donc de savoir qui sortira la présidence de l'impasse et mettra fin à la vacance.
Par ailleurs, selon des sources bien informées, c’est M. Berry qui dénouera la situation, comme par magie, et annoncera en temps voulu le nom consensuel tout en se chargeant, aux côtés de Bkerké et de Walid Joumblatt, d’en faire la promotion, avec le soutien des Cinq de Paris (États-Unis, France, Égypte, Arabie Saoudite et Qatar), qui appréhendent les conséquences de la vacance doublée d'appels à la partition sous diverses appellations. Par conséquent, les Cinq appellent les Libanais à se conformer à l’accord de Taëf et à la Constitution, et à entamer les réformes requises. Et pour cause: le moment n’est pas propice à effectuer un quelconque changement systémique compte tenu des équilibres des forces qui sont en faveur d'un axe spécifique, dans un contexte où le flou des positions prédomine dans la région.

Dans ce contexte, le Hezbollah cherche, à travers son soutien à Frangié, à préserver les gains qu'il a réalisés et à consolider son rôle sur la scène politique, notamment après l'accord sur les frontières maritimes entre le Liban et Israël, reconnu par les États-Unis et la France.
Selon des sources proches du Hezb, ce dernier craint que les développements dans la région ne soient pas à son avantage. Par conséquent, il serait rassuré de voir Frangié à Baabda, notamment après l'accord saoudo-iranien ainsi que le consensus sur le règlement global, la stabilité et le calme dans la région, confirmé récemment au dernier sommet de Jeddah.
Cette tendance a pour effet de renforcer le rôle et la position du pouvoir central dans les pays, et de mettre fin à la présence d'armes hors du contrôle de l'État. Dans ce cadre, l'Iran doit savoir que le rôle de ses ramifications militaires dans la région est en déclin, car on se dirige vers une solution politique et un projet de paix globale. En effet, Washington et la communauté internationale ont adopté la solution des «deux États» (israélien et palestinien) pour mettre fin au conflit israélo-arabe. Il est donc nécessaire de se préparer dès à présent à cette étape. Il est important de noter que le maintien du président Bachar el-Assad à la tête du régime en Syrie était conditionné par sa contribution à renforcer la stabilité en Syrie et à contrôler les frontières avec le Liban pour empêcher le chaos et la contrebande.
La tournure que prendront les événements à l'avenir renforcera la vision du principe «zéro problème» dans la région, doublé de calme et de stabilité, comme l'a confirmé le sommet de Jeddah dans sa déclaration finale. L'accent sera mis sur cette tendance dans la région pour mettre fin aux conflits entre l'Iran et les autres pays concernant son rôle et son influence. Selon un diplomate arabe, l'influence de l'Iran se limite, avec l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, à la préservation de la sécurité de la navigation dans le Golfe. Selon un diplomate occidental, l’Iran, par conséquent, ne devrait avoir aucune influence au Liban ni en Syrie, c'est-à-dire le long des frontières avec Israël.
Dans ce contexte et selon des sources bien informées, le Liban tend à adopter une politique d'autosuffisance et à respecter la déclaration de Baabda qui prévoit la neutralité du Liban par rapport au conflit des axes. Ainsi, le futur président sera indépendant, neutre, aguerri et apolitique. Il devra résolument rester à l'écart des alignements locaux et régionaux, et incarner la devise «Ni vainqueur, ni vaincu» tout en gouvernant le pays sans parti pris.
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