Les ministres libanais et saoudien de l'Économie sont convenus le 18 mai, lors d’une rencontre en marge du sommet de la Ligue arabe, à Djeddah, d'augmenter progressivement leurs échanges économiques et commerciaux. Ceux-ci représenteront une importante manne financière pour le Liban et injecteront des billets verts dans l’économie libanaise. Cette reprise s’inscrit dans le cadre de la relance des relations libano-saoudiennes à la suite des récents développements régionaux positifs. Le rétablissement de relations économiques et commerciales normales entre les deux pays signifie l'ouverture progressive de l'importation et de l'exportation. «Ceci devrait constituer un bond en avant dans l'exportation de produits libanais vers l'Arabie saoudite et l'entrée de devises dans le pays», explique à Ici Beyrouth le directeur général du ministère de l’Économie, Mohamad Abou Haidar.
Le renforcement des liens économiques et commerciaux entre les deux pays, tout comme leur potentiel, sont à l’ordre du jour. L’ouverture de nouveaux canaux de coopération, la recherche d’opportunités à valeur ajoutée dans le domaine des échanges économiques et commerciaux ainsi que la création d’un environnement d'investissement approprié entre les deux pays sont autant de sujets sur lesquels planche le ministère libanais de l’Économie. Plusieurs personnes proches du dossier affirment que les responsables saoudiens sont dotés de bonnes intentions concernant le Liban. Toutefois, le Liban devrait accélérer la mise en œuvre des réformes économiques et adopter une nouvelle politique monétaire pour renforcer la confiance des investisseurs et encourager les placements au Liban.
Des relations lucratives
M. Abou Haidar indique qu’en 2015, le volume des exportations du Liban vers l’Arabie Saoudite était de 377.450 millions de dollars, alors que deux ans plus tôt, en 2020, il dépassait les 245 millions, pour chuter à 123.899 millions en 2022. Concernant les importations du Liban en provenance d’Arabie saoudite, elles constituaient 379.960 millions de dollars en 2015, après avoir plafonné à environ 440 millions en 2013, et ont chuté à 309.984 millions de dollars en 2022.
À noter que le volume des importations a toujours été plus grand que celui des exportations du Liban, sauf en 2020. A cet égard, M. Abou Haidar assure à Ici Beyrouth que le ministère travaille actuellement à augmenter la part des exportations libanaises. Il souligne également qu’en 2021, la grande part de ces produits exportés vers le royaume saoudien revenait aux huiles essentielles, cosmétiques et parfums (11%), suivis des légumes et des fruits (8%), du chocolat ou des préparations chocolatées (7%), des perles précieuses ou semi-précieuses (6%) et enfin des meubles, lits et autres matelas (11%). Un an plus tard, en 2022, force est de constater que ces produits exportés ont changé: il ne s'agit plus de produits fabriqués ou cultivés au Liban; ce sont les livres et les journaux qui représentent 68% des exportations du Liban vers le royaume.
Quant aux exportations de l’Arabie saoudite vers le Liban, il s’agit surtout de combustibles minéraux (43% en 2022) et d'articles en plastique (26% en 2022). L’importation de produits pharmaceutiques est passée, pour sa part, de 8% en 2021 à 3% en 2022, a souligné M. Abu Haidar. «À son apogée, en 2014, le commerce entre le Liban et l'Arabie saoudite représentait quelque 760 millions de dollars», poursuit le directeur du ministère.
Relations coupées en 2021
Rappelons dans ce cadre que les relations entre le Liban et l'Arabie saoudite se sont tendues, fin 2021, après que le ministre libanais de l'Information de l’époque, George Cordahi, a critiqué l'implication de l'Arabie saoudite dans la guerre au Yémen. Le royaume décide alors, en pleine crise politico-économique au pays du cèdre, d'interdire toutes les importations du Liban. L'Arabie saoudite ne voyait plus d'intérêt à maintenir des relations avec le Liban étant donné la «domination du Hezbollah sur la scène politique» et «la réticence des dirigeants à effectuer les réformes requises». Les flux commerciaux entre le Liban et l'Arabie ont également été affectés par la saisie de pilules de Captagon dissimulées dans des légumes libanais à destination du royaume.
À cet égard, le ministre de l’Économie, Amine Salam, aurait, lors de son déplacement en Arabie saoudite, dévoilé les actions intensives menées par le gouvernement, notamment le ministère de l'Intérieur et les services de sécurité, pour empêcher l’envoi de Captagon vers les pays du Golfe.
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