Danser, c’est pas pour nous de Omar Rajeh, ou Essai critique et chorégraphique de la perte, est une nouvelle création du chorégraphe. Son solo est actuellement en première au théâtre Monnot, les 8, 9 et 10 juin 2023, avant de s’envoler vers l’Europe.
La performance Danser, c’est pas pour nous a été réalisée à plusieurs mains: le concept et la chorégraphie par Omar Rajeh, assisté à la chorégraphie par Mia Habis; la composition musicale par Joss Turnbull et Charbel Haber; la conception lumière et la direction technique par Christian François; la gestion des données administratives par Jean-Louis Pagnon; avec le soutien de la DRAC Auvergne Rhône-Alpes.
Chorégraphe et danseur de renommée internationale, Omar Rajeh trace son parcours artistique depuis plus de vingt ans. Ayant acquis le titre de chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres en France en 2021, ce danseur dans l’âme ne cesse de nous surprendre. Il entreprend à Beyrouth, sur les planches d’une ville en ruines, un voyage dans le passé. «Il peut paraître étrange à bien des égards que j'aie choisi la danse dans un pays qui sortait d’une guerre civile, de la destruction, de la mort et de la perte. Mais à ce moment-là, la danse semblait être ce qu’il y avait de plus révolutionnaire et de plus provocant», dit-il.
Pour Omar Rajeh qui met l’accent sur l’expression, l’innovation et l’expérimentation dans un éventail de pas et de techniques, toute création artistique est une quête. Ainsi va-t-il à la recherche de la complexité de l’être à travers le mouvement. Il considère que l’artiste et le citoyen créent ensemble du sens.
Danser, c’est pas pour nous
Seul sur scène, Omar Rajeh parle d'un temps intime qui n'existe plus, d'une image qui s'estompe, mais qui s’avère par ailleurs trompeuse. Il relate un passé qui ne s’est pas transformé en futur, qui a été stoppé net. Les images, les significations, les sentiments, les êtres, les moments heureux, tout s'est figé. Aujourd'hui, il semble avoir affaire à un monde sans passé. Comme si l'histoire d'aujourd'hui était complètement détachée des images vécues qu’il balaie dans un traveling arrière.
Pour expliquer sa représentation, l’artiste dit tenter de trouver de nouvelles images pour remplacer les anciennes et leur donner un nouveau sens qui puisse coller à la réalité d'aujourd'hui. À la manière des tragédies grecques et des histoires des villes, il croit que Beyrouth est aussi une histoire de douleur, semblable à celle d'un éléphant qui écrase les os avec amour et soin. La peau douce et tendre devient de plus en plus lourde et grandit, encore et encore. Bien des années plus tard, quand le temps aura passé et que les gens se raconteront les histoires des villes, il croit qu’ils diront de Beyrouth qu'un très gros éléphant est tombé du ciel et a écrasé la ville. Personne ne saurait comment, mais pour lui, ce serait la version la plus réaliste d’une ville comme Beyrouth dont les habitants, les rues, les maisons et la mer se sont effondrés les uns sur les autres avant de disparaître.
Danser, c’est pas pour nous interroge la notion de pouvoir. Omar Rajeh, à travers sa danse, pose des questions existentielles sans prétendre y répondre. C’est l’artiste en lui qui interroge la ville, le pouvoir de position, les relations et la manière de changer les choses. Omar Rajeh se met en mouvement, comme un trait d’union entre un passé élastique déterminé par le mouvement de l’instant. Son mouvement est rebelle, parce que porteur d’espoir. Fait d’images rétrospectives, il porte en lui un élan vers l’avenir. De cette danse de la déconstruction, il rebâtit, geste après geste, cette raison d’exister et redonne vie à ce qui n’était plus, dans un pont ou une ouverture vers demain. «La magie du moment présent réside dans le fait qu'il porte le passé, avec une tentative d'aller vers l'avenir», affirme-t-il encore. «Ainsi, l'acte de présence est un acte de création du futur, qui porte déjà en lui le passé», poursuit-il.
Incontestablement, la danse est pour lui. Pour eux, les artistes.
Marie-Christine Tayah
Instagram :
La performance Danser, c’est pas pour nous a été réalisée à plusieurs mains: le concept et la chorégraphie par Omar Rajeh, assisté à la chorégraphie par Mia Habis; la composition musicale par Joss Turnbull et Charbel Haber; la conception lumière et la direction technique par Christian François; la gestion des données administratives par Jean-Louis Pagnon; avec le soutien de la DRAC Auvergne Rhône-Alpes.
Chorégraphe et danseur de renommée internationale, Omar Rajeh trace son parcours artistique depuis plus de vingt ans. Ayant acquis le titre de chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres en France en 2021, ce danseur dans l’âme ne cesse de nous surprendre. Il entreprend à Beyrouth, sur les planches d’une ville en ruines, un voyage dans le passé. «Il peut paraître étrange à bien des égards que j'aie choisi la danse dans un pays qui sortait d’une guerre civile, de la destruction, de la mort et de la perte. Mais à ce moment-là, la danse semblait être ce qu’il y avait de plus révolutionnaire et de plus provocant», dit-il.
Pour Omar Rajeh qui met l’accent sur l’expression, l’innovation et l’expérimentation dans un éventail de pas et de techniques, toute création artistique est une quête. Ainsi va-t-il à la recherche de la complexité de l’être à travers le mouvement. Il considère que l’artiste et le citoyen créent ensemble du sens.
Danser, c’est pas pour nous
Seul sur scène, Omar Rajeh parle d'un temps intime qui n'existe plus, d'une image qui s'estompe, mais qui s’avère par ailleurs trompeuse. Il relate un passé qui ne s’est pas transformé en futur, qui a été stoppé net. Les images, les significations, les sentiments, les êtres, les moments heureux, tout s'est figé. Aujourd'hui, il semble avoir affaire à un monde sans passé. Comme si l'histoire d'aujourd'hui était complètement détachée des images vécues qu’il balaie dans un traveling arrière.
Pour expliquer sa représentation, l’artiste dit tenter de trouver de nouvelles images pour remplacer les anciennes et leur donner un nouveau sens qui puisse coller à la réalité d'aujourd'hui. À la manière des tragédies grecques et des histoires des villes, il croit que Beyrouth est aussi une histoire de douleur, semblable à celle d'un éléphant qui écrase les os avec amour et soin. La peau douce et tendre devient de plus en plus lourde et grandit, encore et encore. Bien des années plus tard, quand le temps aura passé et que les gens se raconteront les histoires des villes, il croit qu’ils diront de Beyrouth qu'un très gros éléphant est tombé du ciel et a écrasé la ville. Personne ne saurait comment, mais pour lui, ce serait la version la plus réaliste d’une ville comme Beyrouth dont les habitants, les rues, les maisons et la mer se sont effondrés les uns sur les autres avant de disparaître.
Danser, c’est pas pour nous interroge la notion de pouvoir. Omar Rajeh, à travers sa danse, pose des questions existentielles sans prétendre y répondre. C’est l’artiste en lui qui interroge la ville, le pouvoir de position, les relations et la manière de changer les choses. Omar Rajeh se met en mouvement, comme un trait d’union entre un passé élastique déterminé par le mouvement de l’instant. Son mouvement est rebelle, parce que porteur d’espoir. Fait d’images rétrospectives, il porte en lui un élan vers l’avenir. De cette danse de la déconstruction, il rebâtit, geste après geste, cette raison d’exister et redonne vie à ce qui n’était plus, dans un pont ou une ouverture vers demain. «La magie du moment présent réside dans le fait qu'il porte le passé, avec une tentative d'aller vers l'avenir», affirme-t-il encore. «Ainsi, l'acte de présence est un acte de création du futur, qui porte déjà en lui le passé», poursuit-il.
Incontestablement, la danse est pour lui. Pour eux, les artistes.
Marie-Christine Tayah
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