Annecy: un poignard dans nos cœurs en landaus
©Illustration : Jean-Dominique Jacquemond

L’innommable, comment le nommer? L’humanité en chute libre dans un abîme sans fin. Jusqu’où plongerons-nous dans ces abysses de dépravation?
Justifier l’injustifiable? Impossible! Annecy, terre souillée par l’horreur.
Les cris stridents des adultes, les larmes des enfants innocents – des poignards qui lacèrent nos âmes, des éclairs qui foudroient nos cœurs.
Nous voilà prisonniers d’un monde gangrené par la terreur. La peur est notre ombre constante, une bête aux crocs acérés, insatiable, guettant chaque minute, chaque seconde.
Le voisin, l’inconnu, l’ami d’hier – que cache cette marée humaine? Chaque visage, un masque? Sombre tableau où derrière un sourire se tapit un voleur, un violeur (sic), un démon assoiffé de sang.
Chaque aube est une roulette russe. Nos vies en sursis, pendues à un fil, vacillant au gré du vent.
Promener des enfants en landau, un acte si innocent, se transforme en danse sur un fil de rasoir. Les berges d’un lac, jadis havre de sérénité, aujourd’hui champ de mines imprévisible. Nice, la Belle, fut le théâtre d’une tragédie innommable; Annecy, la Perle des Alpes, se voit à son tour scarifiée par le mal.
Où sont passés les jours de douce insouciance? Les rives qui bercèrent nos rêves, aujourd’hui, murmurent des cauchemars…
Quelle époque cruelle qui transforme les balades au bord de l’eau en épreuves héroïques.

Retour sur les faits. Dans la paisible cité alpine, une attaque barbare au couteau a semé l’horreur. Six innocents, dont quatre très jeunes enfants ont été blessés.
Un bambin de 2 ans, guerrier en couches, se bat à Grenoble, touché au ventre et au thorax – sa poitrine minuscule meurtrie. Sa camarade de douleur, une fillette, porte trois stigmates thoraciques – des blessures comme des étoiles noires sur sa poitrine d’ange. Une petite Britannique, une fleur de 3 ans, poignardée aussi. Encore une victime innocente, une fillette néerlandaise, 22 mois – trois coups de couteau. Soignée à Genève, son courage embrasse les Alpes. Un promeneur portugais, 73 ans, poignardé aussi. Sa voix se fait entendre malgré les larmes et la douleur. Un Français de 78 ans, blessé, retrouve son foyer.
Le pronostic vital de tous les blessés n’est heureusement plus engagé.
Des héros ordinaires ont surgi. Avec des pelles, un cœur enflammé, ils ont affronté la bête sauvage. Abdalmasih H., fuyard d’un pays en flammes, avait trouvé refuge dans le giron de la Suède en 2013. L’asile en poche, un nouveau départ pour un loup déguisé en agneau?
«Jésus-Christ», «ma femme», «ma fille» – murmures en plein carnage. Que cachent ces mots lancés au vent sanglant? La procureure, gardienne de vérité, reste prudente: «Aucune motivation terroriste.» Mais alors, quelle folie? Quel ouragan meurtrier dans ce cœur en pierre?
Au bord du lac cristallin, hier, dimanche, une marée humaine en deuil. Des fleurs, des peluches, des cœurs – un océan de chagrin et de solidarité. Le monstre derrière l’attaque – un réfugié syrien, muet comme une tombe. Ses motivations? Un mystère macabre.
Les citoyens, unis, pleurent et se serrent les coudes. L’écho de leur douleur et de leur courage résonne à travers les montagnes. #MerciHenri – un hashtag en hommage à un héros au sac à dos envahit la Toile. Annecy pleure, mais ne se brise pas.
La quête de justice s’élance, implacable. Les questions tournent comme des vautours. Annecy mérite des réponses. Les victimes appellent au réveil des consciences.
Nationalité? Couleur? Religion? Qu’importe, lorsque des voleurs de vie, d'essence maudite, tissent des linceuls sur nos espoirs.
Au nom des dieux ou des démons, ces faucheurs d’âmes moissonnent impitoyablement. Qu’ils soient maudits, damnés, exilés aux confins du néant.
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