L'explosion d'un véhicule sur le Dakar-2022, blessant gravement un participant français, met l'Arabie saoudite dans l'embarras, au moment où le royaume conservateur cherche à s'imposer comme une place forte du sport mondial, estiment les experts.
La justice française a ouvert une enquête pour « tentative d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste », après cette explosion le 30 décembre à Jeddah (ouest), qui a gravement blessé le conducteur Philippe Boutron, 61 ans, rapatrié après avoir été opéré en Arabie saoudite.
« Nous avons pensé que peut-être cela valait le coup de renoncer à cette manifestation sportive », a même reconnu le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, avant que son entourage ne précise ses propos: « La question qui se pose porte sur ce qu'il s'est passé et non sur la suspension éventuelle du Dakar-2022. »
Quoi qu'il en soit, « c’est un coup dur pour les organisateurs et pour l’Arabie saoudite », estime Pascal Boniface, directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) et spécialiste de la géopolitique du sport.
« Le Dakar n’est plus à Dakar pour éviter des problèmes de menace d’attentats et de sécurité. Et là de nouveau les questions de sécurité s’introduisent, venant rappeler la fragilité d’une organisation d’une course de ce type y compris dans un pays que l’on pouvait penser sécurisé », dit-il à l'AFP.
Avant d'être déplacé en Amérique du Sud (en 2009) puis en Arabie saoudite, le rallye-raid traversait notamment le Sahel. Un déménagement destiné à l'éloigner de la menace terroriste ou des conflits armés, qui ont coûté la vie à deux participants dans les années 1990.
L'Arabie saoudite accueille le Dakar depuis 2020, faisant valoir ses paysages désertiques époustouflants comme sa relative stabilité sécuritaire. La riche monarchie pétrolière du Golfe, où la communication du gouvernement est verrouillée, n'a pas réagi aux investigations lancées en France, les autorités ayant immédiatement exclu tout soupçon d'acte criminel.
La presse, étroitement contrôlée par le pouvoir, est restée silencieuse. Contactés, les responsables saoudiens n'ont pas répondu aux questions de l'AFP.
« Stratégie du déni »
« Le silence traduit un malaise et montre que les autorités (saoudiennes) ne savent pas comment réagir à un événement qui les a pris de court », souligne Pascal Boniface. « La stratégie de silence voire de déni de l’Arabie saoudite ne mène pas à grand-chose sauf à augmenter la part du soupçon qui peut exister », observe-t-il.
Sur place, la sécurité a été renforcée dans la zone où se déroule la compétition et de nombreux participants confient redoubler de vigilance. L'incident du Dakar-2022 intervient au moment où l'Arabie saoudite dépense sans compter pour s'imposer dans l'organisation de grands événements sportifs mondiaux, à l'image de ses deux petits voisins du Golfe, le Qatar et les Emirats arabes unis.
Ces dernières années, le royaume saoudien ultra-conservateur s'est lancé dans une politique de diversification de son économie, ultra dépendante du pétrole, le pays tentant de diffuser une image d'ouverture et de modernité, à grands coups de compétitions internationales et de concerts pop.
« Payer cher »
Pour David Des Roches, spécialiste des questions de sécurité dans la péninsule arabique, « quiconque veut nuire au royaume a intérêt à perturber l'un de ces événements de prestige », citant notamment de possibles mouvements étrangers ou des fondamentalistes opposés aux récents changements.
« Les Saoudiens obtiennent ces grands événements en surpayant (...) Après une attaque comme celle-ci, ils devront payer encore plus cher », fait remarquer le chercheur au Near East South Asia Center for Security Studies, qui dépend du département de la Défense américain.
Le pays est généralement perçu comme sûr, malgré certaines attaques sporadiques revendiquées ou attribuées à des groupes jihadistes. Le royaume est par ailleurs en guerre contre les rebelles Houthis du Yémen voisin.
L'Arabie saoudite a déjà organisé deux éditions du Dakar sans encombre, ainsi qu'un Grand Prix de Formule 1 en décembre et accueillera la Supercoupe d'Espagne la semaine prochaine à Ryad. Les événements d'ampleur dans des « zones vastes et ouvertes s'étendant sur plusieurs kilomètres » comme le désert de l'ouest saoudien, représentent une « cible facile » pour tout assaillant, souligne Khaled Okasha, directeur du Centre d'études stratégiques au Caire. « La sécurisation de la course nécessite des technologies de pointe telles que les caméras thermiques et les drones mais le risque zéro n'existe pas », ajoute-t-il à l'AFP.
La justice française a ouvert une enquête pour « tentative d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste », après cette explosion le 30 décembre à Jeddah (ouest), qui a gravement blessé le conducteur Philippe Boutron, 61 ans, rapatrié après avoir été opéré en Arabie saoudite.
« Nous avons pensé que peut-être cela valait le coup de renoncer à cette manifestation sportive », a même reconnu le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, avant que son entourage ne précise ses propos: « La question qui se pose porte sur ce qu'il s'est passé et non sur la suspension éventuelle du Dakar-2022. »
Quoi qu'il en soit, « c’est un coup dur pour les organisateurs et pour l’Arabie saoudite », estime Pascal Boniface, directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) et spécialiste de la géopolitique du sport.
« Le Dakar n’est plus à Dakar pour éviter des problèmes de menace d’attentats et de sécurité. Et là de nouveau les questions de sécurité s’introduisent, venant rappeler la fragilité d’une organisation d’une course de ce type y compris dans un pays que l’on pouvait penser sécurisé », dit-il à l'AFP.
Avant d'être déplacé en Amérique du Sud (en 2009) puis en Arabie saoudite, le rallye-raid traversait notamment le Sahel. Un déménagement destiné à l'éloigner de la menace terroriste ou des conflits armés, qui ont coûté la vie à deux participants dans les années 1990.
L'Arabie saoudite accueille le Dakar depuis 2020, faisant valoir ses paysages désertiques époustouflants comme sa relative stabilité sécuritaire. La riche monarchie pétrolière du Golfe, où la communication du gouvernement est verrouillée, n'a pas réagi aux investigations lancées en France, les autorités ayant immédiatement exclu tout soupçon d'acte criminel.
La presse, étroitement contrôlée par le pouvoir, est restée silencieuse. Contactés, les responsables saoudiens n'ont pas répondu aux questions de l'AFP.
« Stratégie du déni »
« Le silence traduit un malaise et montre que les autorités (saoudiennes) ne savent pas comment réagir à un événement qui les a pris de court », souligne Pascal Boniface. « La stratégie de silence voire de déni de l’Arabie saoudite ne mène pas à grand-chose sauf à augmenter la part du soupçon qui peut exister », observe-t-il.
Sur place, la sécurité a été renforcée dans la zone où se déroule la compétition et de nombreux participants confient redoubler de vigilance. L'incident du Dakar-2022 intervient au moment où l'Arabie saoudite dépense sans compter pour s'imposer dans l'organisation de grands événements sportifs mondiaux, à l'image de ses deux petits voisins du Golfe, le Qatar et les Emirats arabes unis.
Ces dernières années, le royaume saoudien ultra-conservateur s'est lancé dans une politique de diversification de son économie, ultra dépendante du pétrole, le pays tentant de diffuser une image d'ouverture et de modernité, à grands coups de compétitions internationales et de concerts pop.
« Payer cher »
Pour David Des Roches, spécialiste des questions de sécurité dans la péninsule arabique, « quiconque veut nuire au royaume a intérêt à perturber l'un de ces événements de prestige », citant notamment de possibles mouvements étrangers ou des fondamentalistes opposés aux récents changements.
« Les Saoudiens obtiennent ces grands événements en surpayant (...) Après une attaque comme celle-ci, ils devront payer encore plus cher », fait remarquer le chercheur au Near East South Asia Center for Security Studies, qui dépend du département de la Défense américain.
Le pays est généralement perçu comme sûr, malgré certaines attaques sporadiques revendiquées ou attribuées à des groupes jihadistes. Le royaume est par ailleurs en guerre contre les rebelles Houthis du Yémen voisin.
L'Arabie saoudite a déjà organisé deux éditions du Dakar sans encombre, ainsi qu'un Grand Prix de Formule 1 en décembre et accueillera la Supercoupe d'Espagne la semaine prochaine à Ryad. Les événements d'ampleur dans des « zones vastes et ouvertes s'étendant sur plusieurs kilomètres » comme le désert de l'ouest saoudien, représentent une « cible facile » pour tout assaillant, souligne Khaled Okasha, directeur du Centre d'études stratégiques au Caire. « La sécurisation de la course nécessite des technologies de pointe telles que les caméras thermiques et les drones mais le risque zéro n'existe pas », ajoute-t-il à l'AFP.
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