Pene Pati: Un ténor samoan sublime Puccini
Enchantant de nouveau la capitale française en interprétant son premier opéra de Puccini, le ténor samoan Pene Pati, étoile montante du lyrisme, nourrit un rêve plus intime et audacieux: faire rayonner sur la scène internationale les mélodies envoûtantes de la musique du Pacifique.
Le charismatique ténor de 36 ans Pene Pati a fait une entrée en scène époustouflante le jeudi 15 juin dans La Bohème de Puccini au prestigieux Théâtre des Champs-Élysées. La production est enveloppée de sophistication, gracieuseté de la mise en scène signée Éric Ruf, de la Comédie-Française, et des costumes somptueux conçus par Christian Lacroix.
«J’ai attendu une éternité... c’était le premier opéra que j’ai découvert, mais je tenais à m'assurer d’être fin prêt; j’ai décliné maintes offres de participer à des productions de La Bohème et maintenant, tout concourt à un alignement céleste», déclare-t-il avec effervescence.
Lors de la répétition générale lundi dernier, il a été accueilli par une ovation pour son incarnation émouvante du poète Rodolfo, éperdument amoureux de Mimi (interprétée par Selene Zanetti). Dans l'intrigue, Rodolfo est l'un des quatre artistes en mal de fortune qui partagent un grenier parisien.
Alexandre Duhamel, le baryton français qui prête ses traits au personnage du peintre Marcello, est intarissable dans ses éloges à son égard. «Je suis convaincu que Puccini a composé des rôles de ténor spécifiquement pour un timbre de voix tel que le sien», affirme-t-il dans une vidéo du théâtre parisien.
Pene Pati est régulièrement acclamé pour la clarté cristalline de son timbre, les nuances raffinées de son chant, sa puissance vocale et surtout pour l’impeccabilité de sa diction en français – un exploit notable pour un non-francophone. Sa carrière prend son envol à mesure qu'il s’approprie des rôles toujours plus exigeants.
«Les novices en opéra se demandent comment quelqu’un si éloigné de cet univers a pu s’y faire un nom... c’était un défi titanesque», confie le ténor, originaire de l’archipel des Samoa, qui a grandi en Nouvelle-Zélande avant de parfaire son art au Royaume-Uni puis aux États-Unis. Il relate l’anecdote d’un professeur qui, dans un élan de pragmatisme, lui avait conseillé de ne pas être abattu en cas d’échec. «Lorsque je lui ai demandé pourquoi, il a répondu que ce n’était pas ma voie», se souvient-il. «J’ai accompli quelque chose que je ne pensais pas possible», déclare le ténor, maître de la technique du bel canto, qui mise sur la virtuosité.
Au-delà de sa voix, c’est son aisance et son attitude décontractée qui semblent enchanter le public. «Je prends du plaisir plutôt que d’essayer d'épater avec ma technique», déclare le ténor, qui partage sa vie avec la soprano d'origine égyptienne Amina Edris, qui fait également partie de la distribution de La Bohème.

Les éloges de la critique inondent l’artiste, qui avoue, ému, que ces louanges le touchent profondément. «Cela n’a pas été un chemin pavé de roses, je suis en constante quête d'apprentissage, mais je me dis que les efforts déployés ont porté leurs fruits», confie le ténor avec une sincérité touchante.
Ce fut une trouvaille astucieuse dans son école qui éveilla son amour pour le chant: pour pouvoir participer au rugby, il fallait également faire partie de la chorale. C'est ainsi que le destin a tissé sa toile, guidant ses pas vers la musique.
Fréquemment érigé comme le digne successeur de Pavarotti – l'un des premiers ténors qu’il découvre sur YouTube –, Pene Pati considère cette comparaison comme un double tranchant. Si c'est un immense honneur d’être mis sur le même piédestal que le légendaire Tenorissimo, cette reconnaissance est aussi une épée de Damoclès. «Chacun de mes gestes est passé au crible; la moindre note imparfaite et l'on me rétorque: 'Pavarotti n’aurait pas chanté ainsi', mais je ne suis pas Pavarotti!», s’esclaffe-t-il avec une pointe d’autodérision.
Animé d’une ambition ardente, Pene Pati caresse le rêve de propulser la musique du Pacifique sous les feux des projecteurs, avec, entre autres, une orchestration envoûtante de mélodies en provenance des îles Samoa, de Hawaï et des Tonga.
«C'est une région où le chant est au cœur de la vie. Ils entonnent leurs histoires et légendes pour les transmettre aux jeunes générations... Ils ne se rendent pas compte que leur quotidien est empreint de l’essence lyrique de l’opéra!», s'exclame-t-il avec un sourire rayonnant.
Pene Pati, avec sa voix céleste et son charisme scénique, est prêt à briser les barrières et à naviguer audacieusement dans des eaux encore inexplorées pour insuffler un vent nouveau dans le monde de l’opéra.
Avec AFP
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