L'ancien chef des services secrets du Kazakhstan a été arrêté pour trahison, après avoir été limogé à la suite des émeutes qui ont secoué le pays où la situation demeurait samedi très tendue.
Un contingent de troupes russes et d'autres pays alliés de Moscou est arrivé jeudi au Kazakhstan pour appuyer le pouvoir en place en protégeant les bâtiments stratégiques et en épaulant les forces de l'ordre.
Le Kazakhstan, plus grand pays d'Asie centrale, est ébranlé par une contestation qui a éclaté dimanche dernier en province avant de s'étendre à d'autres villes et surtout à Almaty, la capitale économique, où les manifestations ont viré en émeutes chaotiques et meurtrières.
La tension persistait samedi à Almaty où l'on entendait de temps en temps des tirs de semonce des forces de l'ordre pour empêcher des gens d'approcher de la place centrale, a constaté un journaliste de l'AFP.
La voiture d'un retraité âgé de 68 ans, Leonïd Kiselïev, a été touchée par balle tôt le matin alors qu'elle passait à proximité des bâtiments officiels.
"La situation était calme, donc j'ai sorti ma voiture", a déclaré dans la queue d'une station de service Leonid Kiselïev, visiblement choqué, montrant l'impact du projectile.
De son côté, l'ex-président kazakh Noursoultan Nazarbaïev est sorti samedi de son silence pour appeler la population à soutenir le gouvernement et "lui permettre de surmonter cette crise et de garantir l'intégrité du pays", a écrit son porte-parole, Aidos Ukibay, sur Twitter.
L'ancien dirigeant, âgé de 81 ans, a mis en garde contre "des fausses informations", en allusion aux rumeurs qui ont circulé dans certains médias kazakhs sur sa fuite présumée du pays.
C'est la première fois que l'ex-chef de l'Etat prend la parole depuis le début des émeutes meurtrières qui secouent le pays.
Au-delà de la hausse des prix, la colère des manifestants est dirigée contre M. Nazarbaïev, resté dans l'ombre du pouvoir et qu'ils accusent de corruption.
Il a régné sur le pays de 1989 à 2019 et conserve une grande influence. Il est considéré comme le mentor du président actuel, Kassym-Jomart Tokaïev.
Ce dernier a autorisé vendredi les forces de sécurité à "tirer pour tuer" afin d'étouffer toute rébellion et, fort de l'appui de la Russie, a exclu de négocier avec les manifestants.
Les troubles qui secouent ce pays de 19 millions d'habitants préoccupent les Occidentaux.
L'Allemagne a annoncé samedi qu'elle arrêtait ses exportations d'armes vers le Kazakhstan.
La valeur du matériel exporté est faible (25 autorisations pour un montant de 2,2 millions d'euros en 2021), mais l'interdiction "s'impose", a affirmé à l'AFP un porte-parole du ministère allemand de l'Economie.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président français Emmanuel Macron avaient appelé vendredi à la "fin de la violence" et à la "retenue".
Le président chinois Xi Jinping a salué, lui, les "mesures fortes" prises par le président kazakh.
L'opposant kazakh Moukhtar Abliazov, réfugié en France, a assuré qu'une "révolution" était en marche et a dénoncé l'"occupation" du Kazakhstan par les forces de Moscou.
L'aéroport d'Almaty a précisé qu'il resterait fermé au moins jusqu'à dimanche.
Les autorités ont affirmé que 26 "criminels armés" avaient été tués et plus d'un millier de manifestants blessés, les forces de l'ordre faisant état par ailleurs de 18 tués et 748 blessés dans leurs rangs. Plus de 4.000 personnes ont été arrêtées.
Ces chiffres n'ont pas pu être vérifiés de manière indépendante.
AFP
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