La NBA a mis les petits plats dans les grands pour préparer la \
Si d'immenses espoirs sont placés en Victor Wembanyama par les Spurs de San Antonio, qui en feront jeudi le N.1 de la draft, le phénomène français représente aussi un énorme enjeu pour la NBA, où un tapis rouge lui a été déroulé.

Recruteurs, observateurs, stars de la balle orange, LeBron James en tête, s'accordent à dire que le pivot de 19 ans est un "extraterrestre". Et, à ce titre, le plus grand espoir qu'on ait vu émerger, depuis... "LBJ" lui-même, il y a vingt ans.

"Très rares sont les N.1 de la draft auréolés du statut de superstar de franchise, éclaire Eric Pincus, du Bleacher Report. C'est ce que l'on anticipe pour Wembanyama. Et la NBA, consciente que deux de ses plus grandes stars, LeBron James et Stephen Curry, sont en fin de carrière, aimerait qu'un relais soit vite pris, que de nouveaux talents puissent captiver l'imagination de l'Amérique et du monde. Luka Doncic est de ceux-ci et on espère que Victor aussi."

Aussi, l'instance a-t-elle préparé la "Wemba-révolution" depuis de longs mois, avec un dispositif logistique et médiatique qui traduit un investissement jamais vu pour un "prospect" voué à devenir son nouveau visage.

"Victor peut ouvrir de nouveaux marchés" pour la NBA, qui compte pourtant déjà plus de supporters hors de son territoire qu'il n'y a d'habitants aux États-Unis, appuie Victor Matheson, professeur à l'université Holy Cross (Massachusetts).

Plus suivi que Jokic

Du 3 au 6 octobre 2022, la ligue a organisé une opération promotionnelle pour Wembanyama et son club de Boulogne-Levallois, près de Las Vegas, afin de montrer le phénomène aux dirigeants des trente franchises et aux médias américains.

Et en deux matches, le prodige français leur en a donné pour leur argent, passant 37 et 36 points à l'Ignite, formation de la G-League, l'antichambre de la NBA, se montrant totalement imperméable à la pression. De quoi encourager l'instance à s'activer pour faire grossir l'engouement.

Elle a déboursé 133.000 euros, certes une bouchée de pain à son échelle, pour diffuser sur son application les matches de Wembanyama dans le championnat de France. Une première.


"Victor est un joueur incroyablement prometteur, qui semble avoir tous les attributs pour changer la donne, souligne à l'AFP le N.2 de la NBA, Mark Tatum. Nous avons constaté l'énorme intérêt qu'il a suscité, également à travers ses meilleures actions diffusées sur nos réseaux sociaux."

Les chiffres attestent de la "Wembamania", puisque ses 350 millions de vues générées sur l'ensemble des plateformes de la ligue en ont fait le huitième basketteur le plus suivi de la saison écoulée, certes loin derrière LeBron James (1,3 milliard) mais devant Nikola Jokic (dixième, 253 millions), champion avec les Nuggets. Le tout sans avoir encore joué dans ce championnat...

"Répercussions énormes"

"De nos jours, la couverture médiatique est exponentielle, plus importante qu'elle ne l'était pour les joueurs qui, par le passé, ont fait l'objet d'un énorme battage médiatique, a récemment souligné Adam Silver, patron de la NBA. C'est pourquoi, même s'il n'atteint pas un certain niveau d'attente, partout où il ira, il y aura une énorme attention sur lui. Et il est habitué à cela."

Son arrivée à New York lundi, en provenance de Paris, en témoigne. Accueilli par une centaine de fans à l'aéroport, il s'est plié, avec le sourire, aux signatures d'autographes, encerclé par les smartphones. Certains portaient déjà des maillots des Spurs, floqués de son nom. Des contrefaçons, car la franchise texane ne peut en commercialiser avant la draft.

À San Antonio (Texas), se sont déjà arrachés les abonnements pour la saison prochaine, notamment ceux des onéreuses trois premières rangées de l'AT&T Center, délaissées ces dernières années, selon les dirigeants de la franchise. Certaines places se sont aussi revendues à plus de 500 dollars, pour un match à Sacramento prévu le 3 juillet, préalablement à la "Summer League" à Las Vegas, sans certitude aucune que Wembanyama y participe.

Avant que les Spurs ne décrochent le jackpot, un dirigeant, interrogé par ESPN, estimait que sélectionner Wembanyama à la draft ferait augmenter la valeur de l'heureuse franchise d'au moins 500 millions de dollars.

Pour la NBA, la manne financière semble être à l'avenant. "Un nouvel accord pour les droits de diffusion va être négocié prochainement, rappelle Eric Pincus. Les répercussions seront énormes pour la ligue, si Wembanyama attire les foules."
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