À quoi sert le budget de l’État? Fiction ou réalité
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À quoi sert encore le budget de l’État? Une interrogation légitime lorsqu’on sait que le Parlement a approuvé lundi l’ouverture d'une ligne de crédits supplémentaires dont le montant dépasse celui de la totalité des dépenses prévues dans le budget 2022 (40 mille milliards de livres). Cette mesure est intervenue quelques jours avant que le ministre sortant des Finances, Youssef Khalil, transfère au gouvernement le projet de budget 2023 pour examen.
L’approbation, mercredi au Parlement, d'une ligne de crédits supplémentaires pour réajuster les salaires des fonctionnaires et des enseignants du secteur public, était absolument nécessaire, tellement les émoluments de ces derniers, payés en livres libanaises, sont dérisoires.
Mais le timing de ce vote, qui a permis au gouvernement d'approuver mercredi le déblocage de fonds pour le paiement des fonctionnaires avant la fête de l'Adha, porte un coup dur au projet de Loi de Finances 2023. Il présume tout simplement que ce budget serait, comme d'habitude, un patchwork de chiffres qui ne prévoit pas un projet de réforme du secteur public, pourtant indispensable s'il faut rationaliser les dépenses publiques et commencer à assainir les finances de l'État.
Cela dit, une rumeur circule sur le fait que le ministre des Finances est toujours en train de peaufiner les chiffres des recettes et des crédits, d’une part, et le taux de change du dollar pour le budget de 2023, d’autre part.

Un budget fictif
Quoi qu'il en soit, il est impératif que le projet de budget 2023 ne soit pas fictif. Dans le sens où le taux de change du dollar qui serait adopté pour calculer les taxes et les impôts ainsi que les tarifs des services publics reflète la réalité du marché. S’il n‘est pas celui de Sayrafa, la plateforme de change de la Banque du Liban -vu que sa pérennité pourrait être liée à la fin du mandat du gouverneur Riad Salamé, en août prochain - ce taux doit être ancré sur un indicateur efficient qui prenne en compte l’offre et la demande sur le billet vert.
À défaut d’une telle option, les dotations aux postes de dépenses dans le projet de Loi de Finance 2023 seraient épuisées rapidement. Par conséquent, une réédition pastiche de l’inflation, qui a secoué le pays entre 2022 et 2023, ne serait pas évitée. L’impression de nouveaux billets sera ainsi inéluctable.
Il est tout aussi inacceptable dans les circonstances que traverse le pays, d’éviter de lier l’ouverture de crédits supplémentaires à des recettes réalisées et de laisser dans le flou les sources de financement des majorations envisagées ou de les rattacher à l’émission de bons du Trésor. Aussi, faut-il s’interroger sur quelle base les crédits supplémentaires ont été validés en l’absence d’une clôture des comptes de l’exercice financier 2022.
Pire encore, on ignore dans le cadre de quel budget les crédits supplémentaires ont été ouverts, sachant que les dépenses sur base du douzième provisoire ont été entièrement entamées. 
La réponse est simple:  Le ministre sortant des Finances et le gouvernement d’expédition des affaires courantes se sont permis de dépenser sur la base du projet de budget 2023, qui n’a pas encore vu le jour. Et c’est une pure hérésie.
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