Le Street Art franchit le pas de la rue vers la toile avec l’exposition Artful Crimes à la Galerie Mark Hachem, du 22 juin au 6 juillet, pour une expérience inédite et surprenante tant au niveau de l’intitulé de l’expo que de la signature d’artiste.
Le titre de l’exposition Artful Crimes suscite de prime abord inquiétude et étonnement, annonce la couleur et s’articule en deux séries d’œuvres intitulées Black Market pour la première et Bosta pour la seconde.
Ces dernières se réclament toutes les deux du Street Art comme outil d’expression, mais se différencient entre elles tant par le style que par le langage.
Mais qu’est-ce que le Street Art?
Un mouvement artistique contemporain apparu à la fin du siècle dernier et considéré comme l’art des lieux publics, qui s’affiche dans la rue et sur les murs par des formes aussi diverses que les graffiti, les peintures au spray, les installations ou les affiches.
Un art libertaire et démocratique au caractère subversif qui délivre son message contestataire au public en dehors des musées et des galeries.
La série Black Market de l’exposition emprunte justement au Street Art son style subversif pour décrire le monde de l’extrême et représenter dans un langage narratif et figuratif l’univers inquiétant du Mal Practice, celui des mafias de la drogue, de la prostitution, des affaires louches et du marché noir. Un milieu sordide et marginal dépeint sur une toile où des personnages vus de dos, têtes rapprochées, semblent comploter et s’enfermer dans le huis clos de leurs sombres machinations. Ce monde de l’urgence ayant pour seul enjeu la survie est aussi symbolisé dans une autre œuvre par l’atmosphère pesante d’un hôpital dans une salle d’opérations post-trauma.
L’écriture dans cette première série se veut résolument objective pour dévoiler de manière anecdotique, et non sans fascination, les stigmates d’une humanité laissée pour compte, dont la violence est renforcée par des couleurs vivaces et primaires.
La seconde série, Bosta, fantaisiste et légère, s’apparente au Street Art de Jean-Michel Basquiat par son écriture en graffitis formée d’éléments complexes et hétéroclites; une sorte de code énigmatique, à la facture amusante et colorée, qui vient atténuer la noirceur de la première série en apportant gaieté et apesanteur.
On ne peut qu’être surpris par la signature d’artiste Die Famous teintée d’humour noir et d’autodérision, sorte de clin d’œil ironique à toute quête de gloire et de célébrité, pour un questionnement sur le sens de la vraie démarche artistique.
La signature révèle surtout une identité partagée grâce à une étroite collaboration entre l’Américain Morrison Pierce et la Libano-Finlandaise Yasmina Nysten, tous deux peintres aux USA, animés par la même passion pour le Street Art.
Cette aventure à deux mains les pousse à adapter sur toile la même technique de spray ou de peinture acrylique que celle appliquée sur un mur, et surtout à se partager la même toile pour un duo détonant.
Vivre le défi de peindre à l’unisson dans une sorte d’abandon de l’ego et dans la confiance, garder son identité tout en restant à l’écoute de son partenaire, s’emboîter, se compléter et se surprendre l’un l’autre pour laisser l’inconscient agir comme élément révélateur dans une belle énergie d’échange.
Projeter sur la toile, ses tripes, son style et son talent en une belle expérience ludique, conjuguant deux langages et créant l’harmonie.
À découvrir à la galerie Mark Hachem jusqu’au 6 juillet 2023.
Site: www.joganne.com
Instagram: @jogannepaintings
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