Un manifestant a été tué dimanche au Soudan par les forces de sécurité, selon des médecins, lors de nouveaux rassemblements de milliers de personnes contre l'armée au pouvoir, onze semaines après le coup d'Etat militaire.
Des milliers de manifestants se sont à nouveau rassemblés dimanche dans la capitale pour protester contre le coup d'Etat, selon des témoins.
D'autres sont aussi sortis dans les rues d'Omdourman et de Bahri, les banlieues nord-ouest et nord de Khartoum, ainsi qu'à Wad Madani, au sud de la capitale, d'après les mêmes sources.
Les forces de sécurité ont tenté de disperser les manifestants avec des tirs de gaz lacrymogènes alors qu'ils marchaient vers le palais présidentiel à Khartoum, comme ils l'avaient déjà fait lors d'autres rassemblements anti-putsch.
Les principales rues autour de la capitale avaient été bloquées par les forces de l'ordre pour empêcher les manifestants de s'y rassembler ainsi que devant le quartier général de l'armée, épicentre du mouvement de contestation contre Béchir.
"Non, non au régime militaire", ont scandé les manifestants en agitant les drapeaux soudanais.
Un protestataire de 26 ans a perdu la vie après avoir été frappé au cou par une bombe lacrymogène lancée par les forces de sécurité, a indiqué dans un communiqué le Comité des médecins soudanais, proche du mouvement de contestation.
Depuis le putsch du 25 octobre, la répression des manifestations par les forces de l'ordre a fait au moins 62 morts, selon ces médecins.
Un adolescent est décédé dimanche des suites de blessures par "balles" au cou subies lors de manifestations jeudi, d'après la même source.
Les autorités ont régulièrement nié avoir eu recours à des balles contre les manifestants et ont déclaré que de nombreux membres des forces de sécurité avaient été blessés lors d'affrontements avec des protestataires.
"Nous ne voulons pas moins qu'un gouvernement complètement civil", a déclaré Ammar Hamed, 27 ans, un manifestant à Khartoum.
Des médecins en blouse blanche ont été vus dimanche se joindre à des rassemblements pour protester contre les forces de sécurité qui ont pris d'assaut des hôpitaux et des installations médicales lors de précédentes manifestations.
Samedi, le Comité central des médecins soudanais avait déclaré que les médecins se joindraient aux marches et remettraient un mémorandum aux responsables de l'ONU, dénonçant de récentes "agressions commises par les forces du coup d'État" contre des installations médicales.
La semaine dernière, le Premier ministre et visage civil de la transition, Abdallah Hamdok, avait démissionné à l'issue d'une journée de manifestations meurtrière.
Il avait été réinstallé dans ses fonctions le 21 novembre après avoir été limogé avec son gouvernement lors du coup d'Etat.
Depuis la semaine dernière, les militaires sont seuls aux commandes. Le général Burhane, qui a prolongé de deux ans son mandat à la tête du pays, promet des élections pour juillet 2023.
Mais ses promesses sont loin de calmer la rue.
Samedi, l'émissaire de l'ONU au Soudan Volker Perthes a annoncé qu'il allait organiser des pourparlers avec "tous les acteurs clés civils et militaires" pour tenter de résoudre la crise.
"Il est temps de mettre fin à la violence et d'entrer dans un processus constructif", a-t-il indiqué à propos de ces discussions, qui doivent être officiellement lancées lundi lors d'une conférence de presse.
Les Forces de la liberté et du changement, fer de lance de la révolte qui a entraîné l'éviction de Béchir en 2019, ont indiqué n'avoir reçu "aucun détail" de la part de l'ONU sur ces pourparlers.
Dimanche, l'Association des professionnels soudanais, qui a également joué un rôle déterminant dans les manifestations anti-Béchir, a déclaré elle qu'elle "rejetait complètement" de tels pourparlers.
"Le moyen de résoudre la crise soudanaise commence par le renversement complet du conseil militaire putschiste", a indiqué l'Association dans un communiqué.
AFP
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