Bolsonaro hors d'état de se faire élire
Entre style provocateur et outrances, la présidence de Jair Bolsonaro au Brésil a été marquée par les scandales sans que cela entame l'enthousiasme de ses nombreux supporters. Avec l'inéligibilité prononcée vendredi par la justice électorale, l'ex-chef d'État voit son avenir politique empêché.

L'ex-président brésilien Jair Bolsonaro a été condamné vendredi à huit ans d'inéligibilité pour "abus de pouvoir", une mise hors-jeu fracassante en raison des "fausses" informations qu'il a disséminées sur le système de vote électronique avant sa défaite au scrutin de 2022.

M. Bolsonaro, 68 ans, a dénoncé un "coup de poignard dans le dos" après ce jugement qui le prive d'une candidature à la présidentielle de 2026 et ouvre la bataille pour sa succession au sein de la droite et de l'extrême droite.



L'ancien chef de l'Etat (2019-2022) a été condamné pour "abus de pouvoir politique et usage indu des moyens de communication".

En cause: ses critiques dénuées de preuve contre le présumé manque de fiabilité des urnes électroniques, quelques mois avant le scrutin remporté par son rival de gauche Luiz Inacio Lula da Silva.

Un discours prononcé par M. Bolsonaro en juillet 2022 était au coeur du procès. L'ex-capitaine de l'armée avait dit vouloir "corriger des failles" dans le vote électronique avec la "participation des forces armées".


Ce discours sur une supposée vulnérabilité, propice à la fraude, du système électoral, ce nostalgique de la dictature militaire (1964-1985) l'aura martelé durant sa campagne.

Il avait attisé la colère de ses partisans les plus radicaux qui, le 8 janvier, quelques jours après l'investiture de Lula, avaient pris d'assaut et saccagé les sièges des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire à Brasilia.

Admirateur de l'ex-président américain Donald Trump, il a été régulièrement accusé de disséminer lui aussi de fausses informations, notamment sur le Covid-19.

Ce "corona-sceptique" a refusé de se faire vacciner et plaisanté sur les vaccins, susceptibles de transformer les gens en "crocodile" ou en "femme à barbe". La dramatique crise du Covid a dépassé les 700.000 morts au Brésil.

M. Bolsonaro a d'autres épreuves judiciaires devant lui. En plus d'une quinzaine de procédures devant le tribunal électoral, l'ex-dirigeant est ciblé par la Cour suprême dans cinq affaires, notamment pour son rôle présumé d'inspirateur des attaques du 8 janvier. Il risque la prison.

Roger Barake, avec AFP
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