La France sous le choc
©Elisabeth Borne s'adresse aux journalistes devant la préfète du Val-de-Marne Sophie Thibault et le maire de L'Hay-les-Roses, Vincent Jeanbrun, après que des émeutiers ont enfoncé un véhicule dans sa maison pendant la nuit.
La France est sous le choc dimanche après une attaque à la voiture bélier contre le domicile d'un maire, lors d'une cinquième nuit de violences, toutefois en relatif reflux depuis 48 heures.

La France a connu une cinquième nuit de violence toutefois moindre que la veille, marquée toutefois par l'attaque à la voiture bélier du domicile d'un maire qui a choqué l'Hexagone.

Signe de la gravité de la crise vécue depuis mardi dans tout le pays, un point de la situation est prévu dimanche autour du chef de l'Etat Emmanuel Macron, a annoncé la présidence française.



Au cours de cette cinquième nuit de violences urbaines déclenchées par la mort de Nahel, 17 ans, tué mardi par un policier, des émeutiers ont défoncé le portail du domicile de Vincent Jeanbrun, maire de L'Haÿ les Roses, dans la périphérie sud de Paris, à l'aide d'une voiture préalablement incendiée, selon un procureur chargé de l'enquête ouverte pour "tentative d'assassinat".

La femme de cet élu de droite, lui-même absent, et l'un de ses deux jeunes enfants ont été blessés en fuyant la maison.

A l'unisson de la classe politique unanime, la Première ministre Elisabeth Borne s'est élevée contre des "faits intolérables". Le gouvernement ne "laissera passer aucune violence", a-t-elle assuré sur place dimanche après-midi, promettant "la plus grande fermeté" dans les sanctions.
Rassemblement devant les mairies

Un appel aux élus et aux citoyens à se rassembler lundi à 12H00 (10H00 GMT) devant les mairies de tout le pays a par ailleurs été lancé par le président de l'Association des maires de France (AMF), David Lisnard, dans un contexte de recrudescence des attaques contre des élus.

Le maire de L'Haÿ les Roses était présent à l'hôtel de ville dont le bâtiment était fortement protégé par des barbelés coupants et des barrières de protection.

Le patron de l'AMF a fait état de "150 mairies ou bâtiments municipaux attaqués depuis mardi".

Au total, le ministère de l'Intérieur a recensé dix commissariats, dix casernes de gendarmerie et de six postes de police municipale visés dans la nuit de samedi à dimanche. Quelque 719 personnes ont été interpelées, notamment pour port d'objets susceptibles de servir d'armes ou de projectiles.
Un policier visé par un tir

La nuit a été "plus calme grâce à l'action résolue des forces de l'ordre", selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, qui avait reconduit pour la deuxième nuit consécutive un dispositif de 45.000 policiers et gendarmes.

Parmi eux 7.000 étaient déployés à Paris et en proche périphérie, outre des renforts conséquents à Marseille et Lyon, les principales agglomérations touchées la veille par les heurts, destructions ou pillages.


Une partie de la ville de Persan, en région parisienne, a été également incendiée durant la nuit de samedi à dimanche.

Un total de 577 véhicules et 74 bâtiments ont néanmoins été incendiés, et 45 policiers et gendarmes ont été blessés, selon le ministère de l'Intérieur.

Un policier, visé par un tir d'arme à feu, a lui été protégé par son gilet pare-balles à Nîmes dans la nuit de vendredi à samedi au cours de laquelle les forces de l'ordre avaient effectué plus de 1.300 interpellations, un record depuis mardi.
La grand-mère de Nahel appelle au calme

La justice française commence d'ailleurs à être en surchauffe face à l'avalanche de procédures pénales visant des émeutiers présumés.

"Arrêtez, ne cassez pas", a demandé dimanche à leur intention la grand-mère de Nahel, au lendemain de l'inhumation de l'adolescent dans le recueillement à Nanterre, près de Paris.

"Qu'ils ne cassent pas les vitrines, qu'ils ne cassent pas les écoles, pas les bus", a-t-elle dit sur la chaîne BFMTV, "c'est des mamans qui prennent les bus".



Pour tenter d'enrayer la spirale de violence, de nombreuses communes françaises ont instauré un couvre-feu et les réseaux de transport en commun ont été fermés plus tôt que prévu, notamment celui des bus et tramways en région parisienne à partir de 21H00 (19H00 GMT).

Dans ce climat, M. Macron a reporté sa visite d'Etat en Allemagne prévue de dimanche soir à mardi.

Le chancelier allemand Olaf Scholz s'est dit dimanche "préoccupé" par ces émeutes compte tenu de l'importance du couple franco-allemand pour le fonctionnement de l'Union européenne, tout en se disant "totalement persuadé" que le président français trouverait les moyens de sortir "rapidement" de la crise.
Sept arrestations en Suisse

Par ailleurs, six adolescents et un adulte ont été arrêtés à la suite de dégradations de magasins à Lausanne, inspirées par les émeutes en France, a annoncé dimanche la police helvétique.

Il s'agit de jets de pierres et de bris de vitrines, a précisé la police. Ces dégradations font "suite à plusieurs appels diffusés sur les réseaux sociaux", selon la même source.

Roger Barake, avec AFP
Commentaires
  • Aucun commentaire