Sur la piazza della Rotonda, au cœur de la Ville éternelle, une file interminable de visiteurs internationaux serpentait devant l’imposant Panthéon de Rome ce lundi. Pour la première fois dans l’histoire de ce site, le monument le plus prisé d’Italie, les admirateurs devront débourser une somme modique pour franchir ses antiques portes: cinq euros par tête.
Ce chef-d’œuvre de l’architecture antique romaine, symbole incontesté du prestige historique de la cité, va désormais s’acquérir au prix d’un petit billet. Les exemptions sont accordées aux mineurs, aux guides accompagnant des groupes scolaires et, bien sûr, aux résidents de Rome pour qui l’entrée reste libre. Les jeunes Européens de moins de 25 ans ne sont pas oubliés, bénéficiant d’une réduction spécifique.
Le soleil estival écrasant n’a pas entamé l’enthousiasme des touristes, rassemblés sur la place pavée, qui ont accepté de bon gré ce changement tarifaire. «Cinq euros, c’est vraiment une somme dérisoire», estime Tim Witte, ingénieur américain, en épongeant le front luisant sous l’astre de midi.
L’opinion est partagée par Drew Yandioo, une étudiante australienne de 18 ans, qui dit: «Nous sommes impatients de voir ce lieu, donc nous paierons sans hésitation.» Malgré une pointe de regret pour l’époque où le Panthéon était gratuit, elle accepte ce nouveau coût avec bonne humeur.
Camille Piallat, un ingénieur français de 30 ans, fait également preuve de résilience: «Nous savions que ce changement arriverait, nous avons reçu un email nous informant qu'à partir du 3 [juillet], il y aura des frais d’entrée». Il ajoute, pragmatiquement: «Cela ne dissuadera pas grand monde, et cela générera des revenus supplémentaires.»
Ces nouvelles recettes, destinées principalement à la conservation et à la restauration de ce joyau patrimonial, seront divisées entre le ministère de la Culture (70%) et le diocèse de Rome (30%).
Jusqu’à présent, presque toutes les églises de Rome, y compris la majestueuse basilique Saint-Pierre au cœur du Vatican, étaient accessibles sans frais. Cependant, le gouvernement ultraconservateur récemment au pouvoir défend la fin de la gratuité des musées et sites historiques pour les touristes, en particulier étrangers.
Le ministre de la Culture, Gennaro Sangiuliano, a plaidé pour cette nouvelle politique en déclarant: «Pour une famille américaine qui dépense 10.000 à 20.000 euros pour visiter l’Italie, 20 euros pour un billet de musée est tout à fait dans ses moyens.» Cette déclaration faisait suite à l’annonce du Musée des offices de Florence, qui avait décidé d’augmenter ses tarifs pour couvrir les coûts de chauffage et d’électricité.
Édifié au Ier siècle avant notre ère, le Panthéon a subi plusieurs incendies avant d’être entièrement reconstruit sous l’empereur Hadrien au début du IIe siècle. Cet édifice unique, couronné par la plus grande coupole de l’Antiquité (43 mètres de diamètre), a été transformé en église au VIIe siècle par le pape Boniface IV. Il est aujourd’hui le dernier repos de plusieurs rois d’Italie et du célèbre peintre Raphaël (1483-1520).
Avec près de 9 millions de visiteurs par an, selon le ministère de la Culture, le Panthéon est plus fréquenté que le Colisée et les offices, affirmant ainsi son rang de joyau incontesté du patrimoine italien.
Avec AFP
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