La cohabitation entre l'État centralisé et les entités confessionnelles et sectaires devient de plus en plus difficile et complexe, entraînant la résurgence de certaines propositions incongrues qui ne correspondent en aucun cas à la formule libanaise, en tête desquelles le fédéralisme. Ce dernier consiste à diviser les régions et caza en cantons confessionnels qui ne pourront coexister, mais perpétueront plutôt les divisions et les tensions.
D’aucuns affirment qu'il est nécessaire de trouver une nouvelle formule et un nouveau contrat social qui permettraient aux Libanais de reconstruire les structures nationale, constitutionnelle et politique selon de nouvelles règles, c'est-à-dire un nouvel équilibre des pouvoirs. Il va de soi que ces derniers refléteront une redistribution différente du pouvoir au Liban.
Concrètement, cela sonnera le glas de l'accord de Taëf, prématurément, avant même d’avoir pleinement appliqué ses dispositions, en particulier les réformes qui ont été délibérément torpillées, telles que l'abolition du confessionnalisme politique, l'application du système de décentralisation administrative et la mise en place d’un Sénat, permettant ainsi de déconfessionnaliser le Parlement, et d'autres mesures importantes qui étaient censées modifier la réalité libanaise dans son ensemble.
Le problème ne réside pas dans la mise en place d’un système politique idéal ou dans les règles de répartition du pouvoir et de participation politique, bien qu'ils soient primordiaux. Le véritable dilemme se situe au niveau des forces politiques qui émergeront du nouveau système et qui ne seront pas très différentes de celles actuellement au pouvoir. Ce qui menace gravement l'avenir du pays, son unité et son positionnement dans le bras de fer régional.
Dans ce contexte, il est fort probable que toute formule politique différente de la formule actuelle ne pourra générer des dirigeants et des élites politiques totalement distincts de ceux qui existent actuellement. Cette situation ne dépend pas uniquement des lois qui régiront les assemblées législatives et les gouvernements à venir. Elle est surtout liée à l'enracinement de l'influence de certaines forces dans différentes régions et à l'équilibre politique global. Il va sans dire également que la possession d'armes par certains acteurs contribue grandement à ce profond déséquilibre au sein des rapports de force internes.
Lors des événements du 7 mai 2008 et plus tard avec l'accord de Doha, la théorie de la non-utilisation des armes à l'intérieur du pays a fait long feu. Le problème s'est aggravé avec l'abandon de la déclaration de Baabda, adoptée sous la présidence de Michel Sleiman. Parallèlement, toutes les stratégies nationales de défense qui auraient pu protéger le pays contre d’éventuelles agressions israéliennes et ne pas l’entraîner dans des situations dont il peut se passer et qu'Israël n’hésiterait pas à exploiter à son avantage pour déverser sa rancune historique envers le Liban, ont été avortées.
Par conséquent, aucune nouvelle formule ne sera trouvée via des efforts purement nationaux; en témoigne l’échec continu dans l’élection d’un nouveau président de la République en dépit de neuf mois de vacance présidentielle, depuis octobre dernier, sans résultat aucun.
Comment peut-on concevoir une intervention étrangère dans l’élaboration de cette nouvelle formule compte tenu du peu d'intérêt américain, du manque d'intérêt saoudien, de la « dérive » française et de l’emprise iranienne ? Quelle est cette formule hybride qui conduira le pays vers l'inconnu ? Les propositions immatures qui déferlent dans les médias, tel le fédéralisme entre autres, sont d’autant plus impuissantes à apporter des solutions aux problèmes posés.
Le fédéralisme résoudra-t-il le problème de l'armement, de la décision de guerre et de paix, de l'unité de commandement au sein de l'institution militaire, du développement équilibré ? Non. Le fédéralisme ne fera que diviser les régions sur des bases confessionnelles et sectaires ainsi qu’alimenter les conflits confessionnels dans le pays, mais en vain!
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