©Daniel Rondeau présentant son ouvrage à l'ambassadeur Khalil Karam président de la Société des membres de la Légion d'honneur-Liban (SMLH).
Conférence à la Fondation Charles Corm autour du livre de l’académicien français Daniel Rondeau, «Beyrouth sentimental», à l’initiative de la section Liban de la Société des membres de la Légion d’honneur (SMLH Liban).
La section Liban de la Société des membres de la Légion d’honneur (SMLH Liban) a organisé jeudi une conférence, qui s’est déroulée à la Fondation Charles Corm, autour du livre de l’académicien français Daniel Rondeau, Beyrouth sentimental, paru le 10 mai dernier aux Éditions Stock. Parmi de nombreuses personnalités, étaient entre autres présents l’ambassadrice de France, Anne Grillo, le ministre sortant de l’Éducation, Abbas Halabi, le recteur de l’Université Saint-Joseph, le père Salim Daccache, ainsi que l’évêque Boulos Matar, le député et ancien ministre Marwan Hamadé et le député Nicolas Sehnaoui.
L’ambassadeur Khalil Karam, président de la SMLH Liban, qui a pris la parole le premier, a expliqué que le choix de la Fondation Charles Corm n’était pas anodin et prenait tout son sens au vu du parcours fascinant de l’industriel, qui était un immense homme de lettres. Abondant dans le même sens, l’avocat et écrivain Alexandre Najjar a rendu hommage à Charles Corm, le qualifiant de père de la Francophonie au Liban. Le siège de la Fondation qui lui est dédié constituait donc le lieu idéal pour discuter de l’ouvrage de Daniel Rondeau, totalement habité par le pays du Cèdre.
Daniel Rondeau et le Liban
Dans son livre qui s’apparente à un carnet de bord, «Daniel Rondeau aime Beyrouth comme on aime une femme: avec passion, respect, romantisme», décrit M. Najjar, «d’où le titre, Beyrouth sentimental». Il faut dire que l’Immortel y démontre aussi son amour pour les personnalités libanaises qu’il rencontre au fil de ses voyages au Liban, mais aussi pour les Libanais en général, «peuple avec des qualités tout à fait exceptionnelles et beaucoup d’énergie, de subtilité, de fantaisie et de joie en dépit de tout», a souligné l’académicien lors de sa prise de parole. Cette affection pour le Liban a fait dire à M. Najjar que Daniel Rondeau est un véritable médiateur entre la France de Victor Hugo et le Liban de Fairouz et de Gibran – que l’écrivain français qualifie dans son livre de «lecteur de la Bible qui parle comme un soufi».
Daniel Rondeau a eu plusieurs vies: il a étudié le droit, travaillé comme ouvrier dans des usines de Lorraine, fondé une maison d’édition, été ambassadeur de France à Malte et délégué permanent de la France à l’Unesco, rédigé la biographie de son ami le chanteur Johnny Hallyday et surtout, il a beaucoup voyagé et beaucoup écrit sur ses voyages, d’où son élection au fauteuil numéro 8 de l’Académie française. Dans un registre différent, il a aussi largement soutenu Michel Aoun, notamment dans son livre Chronique du Liban rebelle 1988-1989, élément que les lecteurs de Beyrouth sentimental, ouvrage beaucoup moins politique, lui pardonneront sans doute. Il a par la suite conservé des relations dans les milieux libanais, ce qui lui a valu d’accompagner le président Emmanuel Macron lors de sa deuxième venue à Beyrouth après la tragique explosion du port le 4 août 2020. À ce sujet, l’académicien a déclaré que «le président Macron venait vraiment avec la volonté d’aider le Liban», rajoutant que «les Français sont toujours prêts à aider le Liban et [que] la France est le seul pays aujourd'hui à s’intéresser au Liban de façon fraternelle et à vouloir de façon sincère que le Liban s’en sorte».
Saluant la nomination par le président français de Jean-Yves Le Drian, «quelqu’un de sensé et raisonnable», en tant qu’envoyé personnel pour le Liban, M. Rondeau a exhorté l’assistance à prendre ses responsabilités, s’exclamant «il y a chez vous une élite intellectuelle et politique qui est capable, mais il faut mettre ces capacités en action pour sauver le pays».
L’importance de la francophonie
Son autre mission, M. Rondeau la consacre au développement de la francophonie, rappelant que si les Académiciens sont surnommés «Immortels», c’est parce qu’ils défendent l’immortalité de la langue de Molière. Protecteur du rayonnement de la France à l’international, il a indiqué aimer se rendre au Liban pour le Liban, mais aussi pour «voir si la France est encore là», ce qu’il a estimé s’être confirmé malgré la situation. Cette francophonie, l’écrivain la fait vivre par la publication de son dernier livre consacré à Beyrouth, «ville qui bouillonne, qui est présente et qui vit envers et contre tous».
Francophone avéré, Alexandre Najjar a pour sa part confié à Ici Beyrouth que, «dans ces circonstances difficiles où l’on ne parle que de blocage institutionnel et de corruption, il est important de montrer une autre image du Liban sous un angle culturel et littéraire, et ce livre nous dévoile précisément l’âme du Liban; avec ses richesses et ses contradictions, il constitue une sorte de miroir où l’on peut se redécouvrir».
* Beyrouth sentimental fait l’objet d’une édition avec prix spécial Liban par la Librairie Antoine qui se bat pour que la littérature reste abordable malgré l’inflation galopante.
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