Invitée par le président du département des Alpes-Maritimes, Charles-Ange Ginésy, pour une conférence à Nice fin juin 2023, l’auteure franco-libanaise Caroline Torbey a suscité l’engouement du public lors de son séjour habilement orchestré par Mon Liban d’Azur. Deux jours au cours desquels elle est allée à la rencontre d’un public enthousiasmé pour présenter ses livres et donner une conférence intitulée «La place de la femme dans la société civile libanaise» qui s’est déroulée au Palais des rois sardes, situé derrière le cours Saleya.
Lauréate du Trophée des Français de l’étranger en 2018 pour sa trilogie, Dessine-moi un proverbe, et du concours de la nouvelle George Sand en 2020 pour sa nouvelle, Refuge, Caroline Torbey est allée à la rencontre des élèves de l’école primaire de la commune de Saint-Paul-de-Vence. Accueillie à la médiathèque par le maire, Jean-Pierre Camilla, la jeune auteure a présenté son utopie bilingue illustrée, Si j’avais un Cèdre, parue en 2022 et sélectionnée par la fondation Jan Michalski. L’objectif était de faire découvrir aux enfants le beau pays qu’est le Liban, de l’autre côté de la méditerranée, mais aussi les idéaux, les rêves et les souhaits des enfants qui y habitent. À l’issue de cette merveilleuse rencontre, elle a signé son livre en disant: «Les messages inspirés de la jeunesse ont une portée universelle. J’insiste sur le patriotisme, le sentiment d’appartenance et la fierté d’être libanais. Le personnage principal est androgyne pour que les jeunes lecteurs ou lectrices s’y identifient et pour l’égalité des sexes. Il entretient une relation particulière avec un cèdre. La symbolique du cèdre: grandeur, puissance et incorruptibilité fait écho à la quête de la jeunesse libanaise. C’est l’image que les jeunes veulent avoir de leur pays.»
Le lendemain après-midi, l’auteure était l’invitée de la librairie Massena pour la signature de son livre Éclat d’une vie, témoignage de vie romancé sur l’explosion au port de Beyrouth, paru en 2021. C’est aussi l’histoire pleine d’espoir d’une jeune femme qui survivra au drame et découvrira un éclat de vie parmi les éclats de verre. Le public venu nombreux, de tous horizons, de Nice, Madagascar, Belgique, en passant par le Canada et le Maroc, était heureux de connaître la jeune auteure résidant au Liban. «C’était vraiment enrichissant et très agréable de voir à quel point les gens s’intéressent à la littérature étrangère et surtout à la cause libanaise. Chacune des personnes qui m’ont acheté un livre avait un lien d’une façon ou d’une autre avec le Liban et surtout Beyrouth…» dit-elle. «Je tiens à mentionner que mon livre Éclat d’une vie et ma série sur les proverbes libanais, Dessine-moi un proverbe, (littérature jeunesse) sont maintenant en vente à la librairie Massena.»
Au Palais des rois sardes, Caroline Torbey a donné une conférence vivante, actuelle et visuelle intitulée «La place de la femme dans la société civile libanaise.» Dans son préambule, elle a mis l’accent sur le patriarcat libanais dont elle dit: «Il est prépondérant dans notre pays. Il y a un problème de situation à la base», avant de présenter, par une projection d’images commentées, les femmes libanaises qui ont marqué l’histoire du Liban en contribuant, a-t-elle expliqué, «à des avancées dans le domaine politique, telle Zalfa Chamoun à qui l'on doit le droit de vote octroyé en 1952 aux femmes titulaires d’un diplôme secondaire, puis en 1957 au reste. Mais aussi social, comme Laure Moghaïzel qui est à l’origine de l’amendement de plus de 10 lois en faveur de la femme, ou culturel, comme May Ziadeh dont l’histoire personnelle me touche particulièrement, surtout la fin tragique qu’on lui connaît; c’est une figure pionnière du féminisme oriental et libanais».
Elle a, dans un second temps, abordé le sujet de la femme libanaise en 2023 qui, en apparence, semble libre et égale à l’homme, mais qui, en réalité, vit dans une société machiste et patriarcale. «Ce qui est paradoxal, dit-elle, c’est que la femme libanaise peut être indépendante financièrement, occuper un poste de directrice de banque, mais ne peut pas ouvrir un compte en banque à ses enfants sans l’autorisation de son mari. Tout comme elle ne peut pas transmettre la nationalité libanaise à son mari et à ses enfants.»
Cependant, il existe des femmes influentes et bienveillantes que l’auteure désigne par «drivers of change» et qui, ajoute-t-elle, «grâce aux réseaux sociaux, arrivent à sensibiliser et à informer les femmes des contrées reculées ou des villages conservateurs sur des sujets tabous comme la sexualité, les avancées en matière de lois, la politique, la médecine…».
Elle a enfin abordé la place de la femme dans ses œuvres en général, et dans son livre Éclat d’une vie en particulier, où les personnages sont souvent des héroïnes. L’auteure s’inspire de personnes qu’elle a connues ou croisées pour écrire ses histoires: «Les femmes étaient plus impliquées que les hommes pendant la révolution du 17 octobre 2019», dit-elle.
La jeune auteure, après avoir lu un extrait de son livre relatant l’explosion au port de Beyrouth, a exprimé son amour pour le Liban, mais aussi pour la France qui est, confie-t-elle, «ma deuxième maison puisque ma mère est française et qui plus est native d’Aix-en-Provence. J’insiste sur le fait que je viens donner une conférence au nom de mon premier pays, le Liban, dans mon deuxième pays qui est la France, deux pays que j’affectionne également et qui font partie de mon cœur équitablement…»
Après un tonnerre d’applaudissements et un débat avec le public, un cocktail a été servi dans les salons du palais, le vin ayant été offert par Château Héritage. C’était l’occasion pour la jeune auteure «de faire connaissance avec des personnes formidables, dit-elle. Il y aura d’autres interventions dans un avenir proche dans la région PACA. Je tiens à remercier Géraldine Ghostine et son équipe sans qui ce séjour n’aurait pas eu lieu. Le but est d’exporter la beauté de mon pays, le Liban, de ses habitants et de l’espoir qui n’a pas complètement quitté la jeune génération».
Inspirante et talentueuse, Caroline Torbey démontre qu’en dépit des difficultés que traverse le Liban, il y est encore possible de réaliser ses rêves: «Je prépare un court métrage qui sera une adaptation de mes nouvelles sur l’enfance et la guerre. J’écris aussi sept nouvelles sur des histoires de femmes. De plus, il y a un projet de pièce de théâtre avec Josyane Boulos, qui sera une adaptation de l’un de mes ouvrages.»
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