Dans un courageux témoignage d’une journaliste déterminée à exposer une grave pollution environnementale, Les algues vertes, un film du réalisateur Pierre Jolivet, débarque dans les cinémas ce mercredi. Basé sur l’homonyme bande dessinée qui s’est écoulée à plus de 132.000 exemplaires, selon les éditions Delcourt, le film est le fruit d’une transition habile de la page à l’écran.
Le long métrage relate l’enquête périlleuse menée par Inès Léraud, une journaliste pigiste de radio, interprétée de façon magistrale par Céline Sallette, sur le phénomène dévastateur des algues vertes sur les côtes bretonnes. Suite à des décès mystérieux, elle quitte le tumulte parisien pour s’installer avec sa compagne dans le paisible littoral nord de la Bretagne, seulement pour se retrouver plongée dans une réalité inquiétante.
À travers son périple, elle se heurte à des scientifiques alarmés par la gravité de cette pollution, en grande partie causée par l’agriculture intensive. Les révélations choquantes de Léraud sont noircies par le spectre de l’oppression et du silence de la part du monde agricole et des institutions officielles.
Pierre Jolivet, lors d’une avant-première à Rennes, explique que Les algues vertes s’écarte du documentaire traditionnel pour se rapprocher d’une œuvre de fiction, ressemblant à Dark Waters de Todd Haynes (2019) ou La fille de Brest d’Emmanuelle Bercot (2016). Le film incarne non seulement les révélations de la bande dessinée, mais dépeint également les tribulations de Léraud, mettant en relief les difficultés auxquelles les lanceurs d’alerte sont confrontés.
De manière poignante, le film met l’accent sur le rôle central de Léraud en tant que journaliste-enquêtrice, une approche soutenue par Léraud elle-même, coscénariste du projet. L’actrice Céline Salette, qui porte la voix d’Inès, reconnaît l’importance d’aller «un peu plus loin si possible» pour révéler cette histoire.
La première du film, le 4 juin, a été marquée par une émotion palpable, renforcée par la présence de Rosy Auffray, veuve de Jean-René Auffray, un joggeur qui a perdu la vie en 2016 dans une vasière submergée d’algues vertes. L’événement a souligné l’importance cruciale de cette histoire, malgré le rejet des demandes d’indemnisation de la famille Auffray par le tribunal administratif de Rennes, qui a estimé que le «lien de causalité» entre la présence des algues et le décès «ne pouvait être établi». La famille a depuis fait appel.
Malgré les défis techniques rencontrés lors du tournage, le réalisateur Jolivet, avec le soutien financier de la région Bretagne, a réussi à surmonter les multiples refus des municipalités à autoriser les prises de vues. «Beaucoup de municipalités nous ont dit: Vous ne tournez pas. Je n’avais pas le droit de poser un pied de caméra, (de faire) un travelling, dans plein de décors», confie Jolivet. Malgré tout, l’équipe du film est parvenue à surmonter ces entraves et espère maintenant que Les algues vertes suscitera un débat fructueux autour de cette question environnementale cruciale.
Avec AFP
Lire aussi
Commentaires