©(Photo de Paul ELLIS/POOL/AFP)
Le feu vert de la Turquie à l'adhésion de la Suède à l'Otan signe un revirement majeur dans la politique d'Erdogan. Une décision sans doute motivée par les difficultés économiques que rencontre le pays.
Quatorze mois d'attente et de tractations clos d'une poignée de main : le président turc Recep Tayyip Erdogan a donné lundi son feu vert à l'entrée de la Suède dans l'Otan, signe pour les analystes d'une inflexion de sa politique étrangère en direction de l'Occident.
Sa décision aux allures de revirement, aussitôt saluée à Washington, Paris et Berlin, est motivée notamment par la santé fébrile de l'économie turque, soulignent les experts.
Avant de s'envoler lundi pour la Lituanie, le chef de l'État turc avait posé une condition nouvelle à l'entrée de la Suède dans l'Alliance atlantique, faisant redouter de nouveaux longs mois de négociations avec Stockholm.
"Ouvrez d'abord la voie à l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne et, ensuite, nous ouvrirons la voie à la Suède", avait lancé M. Erdogan, qui bloquait depuis mai 2022 l'entrée de la Suède dans l'Otan, reprochant notamment aux autorités suédoises leur mansuétude présumée envers les militants kurdes réfugiés sur leur sol.
Moins de dix heures plus tard, à l'issue d'entretiens avec le Premier ministre suédois Ulf Kristersson, le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg et le président du Conseil européen Charles Michel, l'homme fort d'Ankara levait son veto.
Pour Asli Aydintasbas, du centre de recherche Brookings, Ankara souhaite par ce feu vert "renforcer ses relations avec l'Europe et l'Occident".
"Sa récente politique d'équilibre s'était trop déplacée vers la Russie", juge-t-elle sur Twitter.
Signe de cet infléchissement, le président Erdogan, qui a patiemment entretenu de bonnes relations avec Moscou, a appuyé publiquement vendredi la candidature de l'Ukraine à l'Otan en recevant à Istanbul le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
M. Erdogan a autorisé au passage le retour en Ukraine de cinq commandants ukrainiens du régiment Azov censés rester en Turquie jusqu'à la fin de la guerre en Ukraine à la faveur d'un accord entre Moscou et Kiev, une décision immédiatement fustigée par la Russie.
Certains experts voient toutefois derrière cette séquence, plutôt qu'un revirement vers l'Ouest, le signe qu'Erdogan a grandement besoin des Occidentaux, au moment où la Turquie peine à se défaire d'une profonde crise économique.
Le maintien de son veto à l'entrée de la Suède dans l'Otan "n'aurait créé que des difficultés économiques, et aurait fait courir à la Turquie le risque d'une crise économique systémique", estime Timothy Ash, analyste au cabinet BlueBay.
"La Turquie a besoin d'investissements occidentaux, mais je ne pense pas que ces investissements viendront du fait simplement d'un changement de discours du président. [Les investisseurs] veulent d'abord voir une économie basée sur des règles et l'État de droit", tempère Nilgun Arisan Eralp, du think-tank Tepav à Ankara, interrogée par l'AFP.
La chercheuse souligne par ailleurs que ce "changement de discours" n'est peut-être que temporaire : un tel revirement "est déjà arrivé par le passé, et juste après cela, un mouvement dans une direction complètement opposée est survenu".
Marie de La Roche Saint-André, avec AFP
Quatorze mois d'attente et de tractations clos d'une poignée de main : le président turc Recep Tayyip Erdogan a donné lundi son feu vert à l'entrée de la Suède dans l'Otan, signe pour les analystes d'une inflexion de sa politique étrangère en direction de l'Occident.
Sa décision aux allures de revirement, aussitôt saluée à Washington, Paris et Berlin, est motivée notamment par la santé fébrile de l'économie turque, soulignent les experts.
Avant de s'envoler lundi pour la Lituanie, le chef de l'État turc avait posé une condition nouvelle à l'entrée de la Suède dans l'Alliance atlantique, faisant redouter de nouveaux longs mois de négociations avec Stockholm.
"Ouvrez d'abord la voie à l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne et, ensuite, nous ouvrirons la voie à la Suède", avait lancé M. Erdogan, qui bloquait depuis mai 2022 l'entrée de la Suède dans l'Otan, reprochant notamment aux autorités suédoises leur mansuétude présumée envers les militants kurdes réfugiés sur leur sol.
Moins de dix heures plus tard, à l'issue d'entretiens avec le Premier ministre suédois Ulf Kristersson, le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg et le président du Conseil européen Charles Michel, l'homme fort d'Ankara levait son veto.
Pour Asli Aydintasbas, du centre de recherche Brookings, Ankara souhaite par ce feu vert "renforcer ses relations avec l'Europe et l'Occident".
"Sa récente politique d'équilibre s'était trop déplacée vers la Russie", juge-t-elle sur Twitter.
Signe de cet infléchissement, le président Erdogan, qui a patiemment entretenu de bonnes relations avec Moscou, a appuyé publiquement vendredi la candidature de l'Ukraine à l'Otan en recevant à Istanbul le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
M. Erdogan a autorisé au passage le retour en Ukraine de cinq commandants ukrainiens du régiment Azov censés rester en Turquie jusqu'à la fin de la guerre en Ukraine à la faveur d'un accord entre Moscou et Kiev, une décision immédiatement fustigée par la Russie.
Certains experts voient toutefois derrière cette séquence, plutôt qu'un revirement vers l'Ouest, le signe qu'Erdogan a grandement besoin des Occidentaux, au moment où la Turquie peine à se défaire d'une profonde crise économique.
Le maintien de son veto à l'entrée de la Suède dans l'Otan "n'aurait créé que des difficultés économiques, et aurait fait courir à la Turquie le risque d'une crise économique systémique", estime Timothy Ash, analyste au cabinet BlueBay.
"La Turquie a besoin d'investissements occidentaux, mais je ne pense pas que ces investissements viendront du fait simplement d'un changement de discours du président. [Les investisseurs] veulent d'abord voir une économie basée sur des règles et l'État de droit", tempère Nilgun Arisan Eralp, du think-tank Tepav à Ankara, interrogée par l'AFP.
La chercheuse souligne par ailleurs que ce "changement de discours" n'est peut-être que temporaire : un tel revirement "est déjà arrivé par le passé, et juste après cela, un mouvement dans une direction complètement opposée est survenu".
Marie de La Roche Saint-André, avec AFP
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